L'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses) alerte sur la prolifération sur la côte basque de microalgues toxiques, appelées Ostreopsis et recommande un ensemble de mesures pour protéger les populations les plus exposées [1].
Les proliférations d’Ostreopsis ont provoqué près de 900 intoxications sur la côte basque depuis 2021 mais la situation pourrait s’aggraver avec les fortes chaleurs. « Les proliférations d’Ostreopsis surviennent surtout l’été, lorsque l’eau atteint une température de plus de 20°C », indique l’Anses.
Au cours des dernières décennies, plusieurs espèces du genre Ostreopsis ont été identifiées dans les eaux marines de pays européens tels que l’Albanie, la Croatie, Chypre, l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie, Monaco et le Portugal. En France, la présence d’Ostreopsis est identifiée de façon récurrente sur les côtes méditerranéennes depuis une quinzaine d’années alors qu’elle est beaucoup plus récente sur les côtes basques française et espagnole.
La voie principale d’exposition de l’Homme est l’inhalation des embruns marins — il suffit d’être à quelques mètres de la mer pour être intoxiqué » — mais d’autres voies d’exposition (cutanée, oculaire, ingestion d’eau ou de produits de la mer contaminés) sont possibles.
« De rares cas d’intoxication par voie alimentaire ont été rapportés en dehors de l’Europe, mais le lien avec Ostreopsis reste incertain », indique l’Anses dans son avis.
Par précaution, les experts conseillent de ne pas prélever de coquillages ni d’autres produits de la mer en cas de prolifération d’Ostreopsis. Aussi, l’Anses a déterminé un seuil de toxines à ne pas dépasser dans les coquillages. Enfin, Nathalie Arnich, qui a coordonné l’expertise conseille : « les poissons doivent être éviscérés avant d’être consommés, les toxines s’accumulant dans l’appareil digestif ».
Des symptômes grippaux, irritations cutanées et troubles gastriques
Les intoxications se manifestent par divers signes et symptômes survenant moins de 48h après l’exposition et disparaissant en quelques jours. Ces derniers sont d’ordre :
- Neurosensoriel et neurologique : paresthésies (sensation de fourmillements), dysesthésies (sensation de brûlure) et céphalées ;
- Respiratoire, de la sphère ORL et stomatologique : dysgueusie à type de goût métallique, rhinorrhée, toux, gêne respiratoire ;
- Cutané évoquant de l’urticaire ;
- Cardiaque : tachycardie, poussée hypertensive ;
- Digestif : nausées, vomissements, diarrhée ;
- Systémique : fièvre ;
- Locomoteur : myalgies et arthralgies (douleurs musculaires et articulaires).
« Les personnes qui ont des problèmes respiratoires sont les plus à risque de présenter des symptômes », a précisé Carole Catastini, qui a coordonné l’expertise. Elles devraient éviter d’être à proximité du littoral lorsqu’il y a une prolifération d’Ostreopsis. »
Les populations à risque
Les intoxications surviennent principalement en lien avec :
- Le travail ou les activités récréatives dans la mer (baigneurs, maîtres-nageurs, pêcheurs professionnels, surfeurs, etc.) ;
- Le travail ou les activités récréatives sur ou à proximité de la plage (estivants, secouristes, agents en charge du nettoyage des plages, restaurateurs, etc.) ;
- Les séjours à proximité immédiate du bord de mer ;
- Après consommation de produits de la mer contaminés.
Stratégie de prévention
L'Agence propose des mesures de prévention à destination des autorités locales, notamment des ARS. Elles diffèrent selon la concentration de microalgues dans l’eau ou le nombre d’intoxications recensées. Elles vont de l’information du public, jusqu’à l’interdiction des activités nautiques et la fermeture des plages. L’Anses recommande également de faire des prélèvements d’eau à la surface et au fond de la mer hebdomadaires voire quotidiens lorsqu’Ostréopsis est détectée et de surveiller toutes les plages où il y a des activités nautiques.
« Les impacts sanitaires sur les populations nécessitent également de nombreuses recherches sur les effets à court, moyen et long terme de ces molécules et selon les différentes voies d’exposition », rapporte aussi Pr Benoit Vallet, directeur générale de l’Ansesdans l’avis de l’agence.
Cet article a été écrit par Aude Lecrubier et initialement publié sur Medscape.