La toxicité certaine ou suspectée de Carapa Procera est méconnue dans la littérature. Dans les deux observations rapportées, aucune autre cause que le traitement traditionnel n’a été retrouvée pour expliquer le tableau clinique présenté. L’évolution a été favorable dans tous les cas après un traitement médical et quelques séances d’hémodialyse. Le Pr KANE a insisté sur le contexte difficile d’investigation de ces accidents ainsi que la nécessité d’une collaboration avec des botanistes locaux connaisseur de la médecine traditionnelle.
Observations cliniques :
Patiente n° 1 : Mme J.S, 62 ans en séjour à Ziguinchor sans antécédent particulier avec un bilan standard (hémogramme, glycémie à jeûn, créatininémie, urée sanguine) réalisé dans le cadre de son bilan annuel, datant de 2 mois normal. Elle consulte pour des vomissements insidieux à répétition, d’apparition progressive accompagnés d’épigastralgies, et suivis deux jours plus tard de troubles de la conscience à type d’obnubilation. L’examen clinique a objectivé une tension artérielle normale et un coma stade II sans signe de localisation neurologique avec une dyspnée de kussmaul. La diurèse est conservée et la température est normale. Le bilan biologique a mis en évidence une altération de la fonction rénale avec une créatininémie à 196,5mg/l et urée sanguine à 3,65 g/l. A l’hémogramme le taux d’hémoglobine est normal à 12,4g/dl, la calcémie est normale. L’ionogramme sanguin réalisé dans les conditions montre une hyperkaliémie à 5, 9 mmol/l, il n’y avait pas de dysnatrémie. L’échographie des reins et des voies urinaires objective des reins de taille normale bien différenciés sans dilatation des cavités pyélo-calicielles. La ponction biopsie rénale n’est pas disponible. La famille avoue la prise de toxique 48 h avant l’hospitalisation par une consommation excessive d’huile de Carapa procera à titre préventif. Devant les arguments cliniques et paracliniques, le diagnostic d’une insuffisance rénale aigue (IRA) d’origine toxique a été retenu. Un traitement médical à base de bicarbonate de sodium 1,4% et un protocole d’insuline a été débuté en urgence. Ensuite la patiente a bénéficié de 4 séances d’hémodialyse conventionnelle dont 2 séances successives et 2 autres espacées de 48 heures. L’évolution était marquée par une amélioration de la conscience et des signes digestifs au bout de 2 jours. La fonction rénale de contrôle réalisée au bout de 3 semaines avait montré une rémission complète avec créatininémie à 12 mg/l et urée sanguine à 0,38g/l. La patiente continue ses suivis en consultation néphrologique.
Patient n° 2 : Mr I. M, 35 ans, originaire de Dakar, fils de Mme J.S, aux antécédents de céphalée chronique suivie au service de neurologie du centre hospitalier universitaire de Fann avait aussi un bilan biologique normal réalisé 1 mois avant son admission. Mr I.M décida de se rendre, en Casamance (ville où la phytothérapie occupe une place très importante en thérapeutique), pour un traitement traditionnel car la famille notamment la maman Mme J.S était convaincu que devant la persistance des céphalées, il fallait un traitement autre que la médecine moderne. Il est admis le même jour que sa mère aux services des urgences pour des vomissement et obnubilation. La diurèse est conservée. Il avoue aussi la prise d’huile de Carapa procera en même temps que sa mère qu’un guérisseur leur avait prescrite. L’examen biologique a montré une altération de la fonction rénale avec créatininémie a 120 mg/l et urée sanguine à 2,02g/l L’ionogramme sanguin est revenu normal. Il n’y avait pas d’anémie ni de dyscalcémie. L’échographie rénale montre des reins de taille conservée avec une bonne différenciation cortico-médullaire sans dilatation des cavités pyelo-calicielles. La fibroscopie digestive haute met en évidence de multiples ulcérations mesurant 2 à 4 mm au niveau de l’antre pré pylorique probablement en rapport avec une toxicité. Le diagnostic d’une IRA d’origine toxique est retenu. Il a bénéficié d’un traitement médical à base de réhydratation parentérale, d’oméprazol 40 mg par jour. Devant l’absence de complications, la dialyse n’a pas été proposée. L’évolution été favorable sous traitement médical avec disparition des signes et normalisation de la fonction rénale après 20 jours de traitement médical.
Conclusion : Le mythe de l’innocuité des remèdes à base de plante doit être remis en cause. L’information doit concerner milieu médical et la population générale. Dans les pays en voie de développement, ou la majorité de la population n’a pas accès au soin, il serait d’un grand intérêt de poursuivre l’inventaire des plantes médicinales et d’évaluer leur activité sur les reins.
Professeur Yaya KANE
Chef du Service néphrologie hémodialyse hôpital de la paix
Université Assane Seck Ziguinchor
Observations cliniques :
Patiente n° 1 : Mme J.S, 62 ans en séjour à Ziguinchor sans antécédent particulier avec un bilan standard (hémogramme, glycémie à jeûn, créatininémie, urée sanguine) réalisé dans le cadre de son bilan annuel, datant de 2 mois normal. Elle consulte pour des vomissements insidieux à répétition, d’apparition progressive accompagnés d’épigastralgies, et suivis deux jours plus tard de troubles de la conscience à type d’obnubilation. L’examen clinique a objectivé une tension artérielle normale et un coma stade II sans signe de localisation neurologique avec une dyspnée de kussmaul. La diurèse est conservée et la température est normale. Le bilan biologique a mis en évidence une altération de la fonction rénale avec une créatininémie à 196,5mg/l et urée sanguine à 3,65 g/l. A l’hémogramme le taux d’hémoglobine est normal à 12,4g/dl, la calcémie est normale. L’ionogramme sanguin réalisé dans les conditions montre une hyperkaliémie à 5, 9 mmol/l, il n’y avait pas de dysnatrémie. L’échographie des reins et des voies urinaires objective des reins de taille normale bien différenciés sans dilatation des cavités pyélo-calicielles. La ponction biopsie rénale n’est pas disponible. La famille avoue la prise de toxique 48 h avant l’hospitalisation par une consommation excessive d’huile de Carapa procera à titre préventif. Devant les arguments cliniques et paracliniques, le diagnostic d’une insuffisance rénale aigue (IRA) d’origine toxique a été retenu. Un traitement médical à base de bicarbonate de sodium 1,4% et un protocole d’insuline a été débuté en urgence. Ensuite la patiente a bénéficié de 4 séances d’hémodialyse conventionnelle dont 2 séances successives et 2 autres espacées de 48 heures. L’évolution était marquée par une amélioration de la conscience et des signes digestifs au bout de 2 jours. La fonction rénale de contrôle réalisée au bout de 3 semaines avait montré une rémission complète avec créatininémie à 12 mg/l et urée sanguine à 0,38g/l. La patiente continue ses suivis en consultation néphrologique.
Patient n° 2 : Mr I. M, 35 ans, originaire de Dakar, fils de Mme J.S, aux antécédents de céphalée chronique suivie au service de neurologie du centre hospitalier universitaire de Fann avait aussi un bilan biologique normal réalisé 1 mois avant son admission. Mr I.M décida de se rendre, en Casamance (ville où la phytothérapie occupe une place très importante en thérapeutique), pour un traitement traditionnel car la famille notamment la maman Mme J.S était convaincu que devant la persistance des céphalées, il fallait un traitement autre que la médecine moderne. Il est admis le même jour que sa mère aux services des urgences pour des vomissement et obnubilation. La diurèse est conservée. Il avoue aussi la prise d’huile de Carapa procera en même temps que sa mère qu’un guérisseur leur avait prescrite. L’examen biologique a montré une altération de la fonction rénale avec créatininémie a 120 mg/l et urée sanguine à 2,02g/l L’ionogramme sanguin est revenu normal. Il n’y avait pas d’anémie ni de dyscalcémie. L’échographie rénale montre des reins de taille conservée avec une bonne différenciation cortico-médullaire sans dilatation des cavités pyelo-calicielles. La fibroscopie digestive haute met en évidence de multiples ulcérations mesurant 2 à 4 mm au niveau de l’antre pré pylorique probablement en rapport avec une toxicité. Le diagnostic d’une IRA d’origine toxique est retenu. Il a bénéficié d’un traitement médical à base de réhydratation parentérale, d’oméprazol 40 mg par jour. Devant l’absence de complications, la dialyse n’a pas été proposée. L’évolution été favorable sous traitement médical avec disparition des signes et normalisation de la fonction rénale après 20 jours de traitement médical.
Conclusion : Le mythe de l’innocuité des remèdes à base de plante doit être remis en cause. L’information doit concerner milieu médical et la population générale. Dans les pays en voie de développement, ou la majorité de la population n’a pas accès au soin, il serait d’un grand intérêt de poursuivre l’inventaire des plantes médicinales et d’évaluer leur activité sur les reins.
Professeur Yaya KANE
Chef du Service néphrologie hémodialyse hôpital de la paix
Université Assane Seck Ziguinchor