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Omicron: les médicaments disponibles sont-ils efficaces ?

Rédigé le Mardi 28 Décembre 2021 à 17:51 |



Omicron: les médicaments disponibles sont-ils efficaces ?

Les scientifiques se sont penchés ces derniers temps sur l’efficacité des vaccins disponibles contre le variant Omicron, plus transmissible mais moins virulent que le variant Delta, mais quid des traitements actuellement disponibles ? En clair, les anticorps monoclonaux et anti-viraux utilisés en clinique pour prévenir les formes graves de la maladie chez les personnes à risque sont-ils toujours efficaces ? Les premiers résultats montrent que si certains perdent de leur pouvoir neutralisant vis-à-vis d’Omicron, d’autres semblent, en revanche, garder tout ou partie de leur efficacité. Quant à la troisième dose de rappel avec le vaccin Pfizer, elle conserverait à un mois après injection une grande partie de son potentiel de neutralisation vis-à-vis d’Omicron.

Travail de recherche collaboratif

Les premières études épidémiologiques montrent que le variant Omicron est plus transmissible que le variant Delta. Des analyses dans différents pays indiquent que le temps de doublement des cas est d’environ 2 à 4 jours. il est d’ailleurs désormais majoritaire aux Etats-Unis, à Londres et pourrait l’être en France dans les jours  qui viennent. Comme cela a été vu en Afrique du Sud où il a été détecté  pour la première fois, il peut se propager chez des personnes ayant eu deux doses de vaccin ou ayant été préalablement infectées. Désigné « Variant of Concern (VOC)» par l'OMS le 26 novembre 2021, des chercheurs de l’Institut Pasteur et du Vaccine Research Institute, en collaboration avec la KU Leuven (Leuven, Belgique), le CHR d’Orléans, l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), l’Inserm et le CNRS, ont étudié la sensibilité de ce variant Omicron aux anticorps monoclonaux utilisés en clinique pour prévenir les formes graves de la maladie chez les personnes à risque, ainsi qu’aux anticorps présents dans le sang de personnes vaccinées ou ayant déjà été infectées par le SARS-CoV-2. 

L’objectif de cette étude était de caractériser la capacité des anticorps thérapeutiques, ou produits par le corps, à neutraliser ce nouveau variant. L’étude a fait l’objet d’une prépublication sur le site de bioRxiv  le 16 décembre 2021.

 

Face à Omicron : six anticorps perdent totalement leur activité antivirale

Les chercheurs de la KU Leuven ont isolé le variant Omicron du SARS-CoV-2 à partir d’un échantillon nasal d’une femme de 32 ans, ayant développé un Covid-19 modéré quelques jours après son retour d’Egypte. Le virus isolé a pu être rapidement transmis aux chercheurs de l’Institut Pasteur.

Les chercheurs ont d’abord testé neuf anticorps monoclonaux utilisés en clinique ou en phase de développement préclinique et ont montré qu’Omicron est beaucoup moins sensible aux anticorps neutralisants que Delta.

Six anticorps ont totalement perdu leur activité antivirale, et les trois autres sont se montrés de 3 à 80 fois moins efficaces contre Omicron par rapport à Delta. Les anticorps bamlanivimab/etesevimab  (combinaison développée par Lilly), casirivimab/ imdevimab (Ronapreve , combinaison développée par Roche), regdanvimab (Regkirona , développé par Celtrion) perdent totalement leur effet antiviral contre Omicron.

La combinaison tixagevimab/cilgavimab (développée par AstraZeneca sous le nom de Evusheld) est 80 fois moins efficace contre Omicron que contre Delta.

Néanmoins, de nouveaux résultats communiqués ce jeudi par AstraZeneca sur leur combinaison d’anticorps semblent plus favorables.

« Nous montrons que ce variant très transmissible, a acquis une résistance marquée aux anticorps. Les anticorps monoclonaux thérapeutiques anti-SARS-CoV-2 disponibles actuellement sont pour la plupart inactifs », a commenté Olivier Schwartz, co-principal auteur de l’étude et directeur de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur, dans un communiqué de l’Institut [1].

Evusheld resterait efficace contre Omicron

La recherche avance rapidement, et de nouvelles données arrivent tous les jours sur l’efficacité potentielle des traitements disponibles. D'après une étude de l'université d'Oxford et de l'école de médecine de l'université Washington à St Louis aux Etats-Unis, le cocktail d'anticorps Evusheld pour la prévention du Covid reste efficace contre le variant Omicron, a annoncé AstraZeneca dans un communiqué publié ce jeudi [2].

Evusheld combine deux types d'anticorps de synthèse (tixagevimab et cilgavimab), et est administré en deux injections intramusculaires. Il a reçu un avis positif de la Haute autorité de santé  (HAS) la semaine dernière et peut  être prescrit « en prophylaxie pré-exposition de la Covid-19 chez les patients adultes de 18 ans et plus, et qui sont faiblement ou non répondeurs à la vaccination et appartenant à l'un des sous-groupes à très haut risque de forme sévère de Covid-19 tels que définis par l'ANRS-Maladies Infectieuses Emergentes ou à ceux non éligibles à la vaccination et qui sont à haut risque de forme sévère de Covid-19 ».

« C’est une arme très importante pour les patients immunodéprimés qui vont faire des formes graves. Il y a une quantité importante de ces anticorps actuellement dans les pharmacies des hôpitaux. Nous pouvons commencer à utiliser ces traitements en prophylaxie chez les gens non-répondeurs au vaccin. C’est une stratégie vraiment intéressante » a commenté le Pr Yazdan Yazdanpanah (chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, directeur d'études à l'Inserm lors d’un point presse organisé par le Conseil scientifique le 23 décembre.

 

Une troisième dose de rappel avec le vaccin Pfizer est efficace contre Omicron

Les chercheurs ont ensuite analysé le sang de personnes ayant reçu deux doses du vaccin Pfizer ou du vaccin AstraZeneca et montré que 5 mois après vaccination, les anticorps présents dans le sang ne sont plus capables de neutraliser Omicron. Cette perte d’efficacité est également observée chez les personnes infectées par le SARS-CoV-2 dans les 12 mois précédents. En revanche, les sérums d'individus ayant reçu une 3e dose de rappel Pfizer, analysés un mois après injection, restent efficaces contre Omicron. Il faut cependant de 5 à 31 fois plus d’anticorps pour neutraliser Omicron, en comparaison avec Delta, dans les tests de culture cellulaire.

« Il est nécessaire maintenant d’étudier la durée de protection de la 3e dose de rappel. Les vaccins perdent donc probablement une forte efficacité contre l’acquisition du virus, mais devraient continuer à protéger contre les formes graves », précise Olivier Schwartz.

Les chercheurs concluent que les nombreuses mutations présentes dans la protéine Spike du variant Omicron lui permettent d'échapper en grande partie à la réponse du système immunitaire. Les études en cours ont pour objectif de comprendre pourquoi ce variant est plus transmissible d’un individu à l’autre et d’analyser l’efficacité de la 3e dose sur le long terme.

 

Davantage d’efficacité à attendre du sotrovimab et du paxlovid

GlaxoSmithKline a déclaré jeudi qu'une analyse préliminaire avait montré l'efficacité du sotrovimab, son traitement contre le Covid -19 à base d'anticorps développé avec Vir Biotechnology, contre le nouveau variant Omicron [3]. Des tests sont en cours pour confirmer son efficacité contre toutes les mutations d'Omicron, a ajouté la société qui prévoit de faire une annonce d'ici la fin de l'année. Le sotrovimab a été approuvé par l'autorité britannique de réglementation des médicaments, et a reçu un avis positif de l’Agence européenne du médicament (EMA). « Il est attendu en France à la mi-janvier et peut-être même plus tôt, s’est réjoui le Pr Yazdan Yazdanpanah. Il pourra être utilisé dans les formes curatives contre les infections à Omicron ».

La bonne nouvelle viendrait aussi du Paxlovid dont Pfizer a confirmé qu’il réduisait de près de 90% les hospitalisations et décès chez les personnes à risque lorsque, prise dans les premiers jours après l'apparition des symptômes, selon les essais cliniques. Une efficacité qui devrait tout aussi bien fonctionner contre le variant Omicron, estime le laboratoire dans un communiqué [4]. L'Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé jeudi dernier son utilisation  en cas d'urgence dans l'Union européenne. Et ce, même si, pour l'heure, elle n'a pas encore reçu une autorisation complète de mise sur le marché. Il pourrait être dans les pharmacies en février, a avancé le Pr Yazdanpanah, alors qu’il vient tout juste d’être approuvé par la FDA.

Cet article a été écrit par Stéphanie Lavaud et initialement été publié sur le site internet Medscape.



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