Les adolescents atteints d’obésité sévère ou morbide (IMC≥35 kg/m2) ont plus de risque de développer une fibrillation atriale précoce à l’âge adulte, rapportent des chercheurs suédois qui ont analysé les données de plus de 1,7 million d’hommes. Dans cette population, l’arythmie apparaît à un âge moyen de 43 ans, contre 52 ans dans la population générale masculine. L’étude confirme également qu’ils sont plus à risque d’insuffisance cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC).
« Le dépistage de la fibrillation atriale chez les sujets avec obésité sévère ou morbide pourrait-il augmenter l'espérance de vie et réduire le risque d'insuffisance cardiaque ou d'AVC dans cette population ? », s'interrogent les chercheurs. Ces résultats soulèvent des questions « qui méritent d'être explorées dans des études randomisées » avec la perspective éventuelle d'adapter la prévention des arythmies cardiaques chez les patients obèses.
Selon les dernières recommandations de la Société européenne de cardiologie (ESC) sur la prise en charge de la FA, le dépistage est préconisés chez les sujets de 65 ans et plus et chez les hypertendus. Il est également à envisager chez les patients avec une apnée obstructive du sommeil, mais pas chez les sujets obèses.
Une récente étude américaine a montré une corrélation entre l'obésité à l'âge adulte et l'incidence de FA, mais la relation entre l'indice de masse corporelle (IMC) et le risque de FA observe une courbe en J et varie selon l'origine ethnique. Comparativement aux Noirs-américains, les individus d'origine asiatique avec un IMC élevé ont ainsi plus de risque de développer une FA.
Dans cette nouvelle étude, le Dr Demir Djekic (Université de Göteborg, Suède) et ses collègues ont analysé les données de plus de 1,7 million d'hommes récoltées entre 1969 et 2005 lors de leur incorporation au service militaire suédois, à un âge moyen de 18 ans. Les hommes de plus de 40 ans et les femmes ont été exclus. Les données comprenaient la taille, le poids, la tension artérielle, la condition physique et la force musculaire. Ils y ont associé les données hospitalières rapportant une FA et les causes de décès.
Leur analyse montre que pendant un suivi médian de 32 ans, 36 693 cas de FA ont été enregistrés. L'incidence cumulée de FA est de 20% chez les sujets présentant une obésité lors du recrutement, contre 12,4% chez ceux avec un surpoids, 8,3% chez ceux avec un IMC entre 20 et 25kg/m2 et 6,5% avec un IMC < 20kg/m2. Chez les hommes avec un IMC≥ 35kg/m2, le risque d'avoir une FA précoce est ainsi entre trois à quatre fois plus élevé, comparativement à ceux avec un IMC < 20kg/m2.
Dans cette population de sujets obèses à l'adolescence, l'âge moyen du diagnostic de FA est de 43,4 ans, contre 52,4 ans, en considérant l'ensemble des participants ayant développé une arythmie.
Comparativement à ceux ayant un IMC< 20, ils ont également un risque de mortalité toutes causes accru de 8% pour chaque unité d'IMC en plus. Après ajustement sur plusieurs facteurs de risque, ils ont également trois fois plus de risque d'insuffisance cardiaque (HR= 3,42 [IC à95%, [2,50-4,68]) et deux fois plus de risque d'AVC (HR=2,17 [1,73-2,72]).
Selon les chercheurs, « L'évaluation d'une obésité de longue date et d'apparition précoce chez les hommes avec un diagnostic de FA pourrait aider à identifier ceux ayant un risque particulièrement élevé sur le plan clinique, notamment de mortalité toute cause, d'insuffisance cardiaque et d'AVC ischémique ».
Cet article a été écrit par Vincent Richeux et initialement publié sur MediQuality.