L’utilisation de médicaments antimigraineux spécifiques –alcaloïdes de l’ergot de seigle (dihydroergotamine-DHE) et agonistes sélectifs des récepteurs sérotoninergiques 5-HT ou triptans – est associée à des complications périnatales.
Une étude québécoise menée à partir de plus de 230.000 grossesses permet de qualifier et quantifier celles-ci :
- L’exposition de la femme enceinte aux triptans augmenterait le risque d’avortement spontané d’un peu plus de 60%.
- Et l’exposition à la DHE multiplierait par 4 le risque de naissance prématurée.
Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?
Bien que les médicaments spécifiques de la migraine soient commercialisés depuis les années 1940, peu de données sur leur innocuité durant la grossesse existent. Et, aucune étude de grande ampleur n’a comparé les complications périnatales liées à l’utilisation de la DHE et des triptans durant cette période de vie. Or, certaines études ont rapporté que jusqu’à 70% des femmes souffrant de migraine utilisaient des traitements antimigraineux lorsqu’elles étaient enceintes.
Méthode
Les analyses présentées ici portent sur les données de trois cohortes populationnelles et d’une étude cas-témoin incluse dans la Quebec Pregnancy Cohort (QPC). L’exposition aux traitements a été définie de façon dichotomique.
Principaux résultats
Au global, sur les 441.575 grossesses de la cohorte QPC menées entre 1998 et 2015, 233.900 ont répondu aux critères prédéfinis et ont été incluses dans les analyses portant sur la prématurité, le petit poids à la naissance, les malformations congénitales majeures et les avortements spontanés. 287.936 femmes témoins ont été appariées sur l’âge gestationnel et l’année civile de l’événement.
78 femmes (0,03%) ont été exposées au DHE et 526 (0,22%) aux triptans.
Sur l’ensemble de la population étudiée, 6,7% de femmes (n=15.688) ont eu un accouchement prématuré. Après ajustement, l’exposition aux triptans était associée à un risque d’avortement spontané augmenté de 63% (ORa 1,63 [1,34-1,98]). Bien que l’exposition à la DHE durant la grossesse doublait le risque d’avortement spontané, celui-ci n’était pas significatif par rapport aux femmes enceintes non exposées.
La DHE a été associée à un risque accru de prématurité plus que quadruplé (RRa 4,12 [1,21-13,99]). Les triptans quant à eux, n’ont pas été associés à ce sur-risque de manière significative.
Le petit poids de naissance a concerné 5,1% des femmes (n=11.875). Après ajustement, bien que la DHE ait été associée à un triplement du risque d’insuffisance pondérale à la naissance, il n’était pas significatif. Après ajustement, l’exposition à la DHE ou aux triptans n’était pas non plus associée significativement à des malformations congénitales majeures