Un récent article publié dans la revue JAMA fait état d’une étude rétrospective menée auprès de 83.000 paires de sujets diabétiques. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’éventuel sur-risque de progression du diabète sous statines durant une période de suivi de 12 ans.
Les analyses ont montré :
- Une augmentation de 37% du risque de progression du diabète chez les sujets diabétiques traités par statines versus ceux non traités par statine.
- Une progression du diabète d’autant plus sévère que le traitement hypolipémiant était intense.
L’utilisation de statines chez les sujets diabétiques doit donc, selon les auteurs, tenir compte de l’ensemble de leurs effets métaboliques.
Intérêt de cette étude ?
Les recommandations préconisent la prescription de statines en prévention cardiovasculaire primaire chez tous les patients souffrant de diabète de type 2 âgés entre 40 et 75 ans ayant un taux de LDL-cholestérol ≥79 mg/dL. Or, il a été démontré que les statines étaient associées à une augmentation de la résistance à l’insuline et à des taux plus élevés de glycémie. Malgré ces données, les répercussions cliniques n’avaient encore jamais été évaluées jusqu’à l’étude présentée ici.
Méthodologie
Cette étude rétrospective de cohorte appariée a comparé la progression du diabète chez des sujets diabétiques nouvellement traités par statines ou non traités par statines. Les sujets inclus étaient des vétérans américains âgés de 30 ans et plus et suivis entre 2003 et 2015. Ils étaient traités soit par statines (utilisateurs de statines), soit par anti-H2 ou inhibiteurs de la pompe à proton (comparateurs actifs). La progression du diabète était définie par la mise en route d’un traitement par insuline, l’augmentation du nombre de classes de médicaments hypoglycémiants prescrits, la fréquence à laquelle le patient avait une glycémie de 200 mg/dL ou plus, ou le diagnostic d’une acidocétose ou d’un diabète non contrôlé.
Principaux résultats
Au total, 705.774 patients étaient éligibles, et 83.022 paires de sujets utilisateurs de statines et comparateurs actifs ont été sélectionnées. L’âge moyen de la cohorte appariée était de 60,1 ans, 94,9% d’hommes, 68,2% de sujets d’origine caucasienne et 21,5% de sujets d’origine africaine.
Les utilisateurs de statines étaient traités par ces molécules depuis une période moyenne de 5,3 ans. 63,4% des prescriptions étaient réalisées avec la simvastatine, 12,4% l’atorvastatine, 10,5% la rosuvastatine et 9,5% la pravastatine. Parmi les non utilisateurs de statines à l’inclusion, 47,4% en ont utilisé une durant la période de l’étude.
Une progression du diabète a été identifiée chez 55,9% des utilisateurs de statines et 48,0% de ceux sous comparateurs actifs, soit un odds ratio de 1,37 [1,35-1,40], p<0,001. Tous les composants du critère composite principal d’évaluation étaient augmentés chez les utilisateurs de statines : +41% d’augmentation du nombre de classes d’antidiabétiques, + 16% du nombre d’initiation d’un traitement par statine, +13% de persistance d’une hyperglycémie et +24% d’augmentation de la survenue d’une acidocétose ou d’un diabète non contrôlé.