Centrale dans le traitement des coronariens, la réadaptation cardiaque est une recommandation de grade IA. De nombreuses méta-analyses l'ont démontré : la réadaptation cardiaque réduit la mortalité d'environ 25%, la morbidité d'environ 20% et améliore la qualité de vie. Pourtant bien moins de la moitié des patients victimes d'un infarctus bénéficie aujourd'hui d'un programme de réadaptation cardiaque. « Situation inacceptable » selon les mots de Jean-Christophe Blanchard, cardiologue à Paris et vice-président du Groupe Exercice Réadaptation Sport Prévention (GERSP) de la Société française de cardiologie. Alors que faire ?
Lors des Journées européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC), plusieurs cardiologues ont avancé des solutions et décrit des expérimentations lors d'une session dédiée à la réadaptation cardiaque en pratique [1]. Il s'est agi notamment de trouver les moyens de favoriser la réadaptation cardiaque lors d'une reprise rapide du travail et de pérenniser les bénéfices de la réadaptation sur le long terme.
« Il existe une recommandation, les médecins la connaissent, elle s'applique à leur patient et ils ne font rien ». Le Dr Jean-Christophe Blanchard rappelle cette définition de l'inertie thérapeutique qui convient parfaitement à la réadaptation cardiaque. Plusieurs freins ont été identifiés : ils sont liés à l'organisation du système de soin, aux médecins mais aussi aux patients eux-mêmes.
Du côté des patients, l'un de ces freins à la réadaptation est la nécessité pour certains, comme les professions libérales et les artisans, de devoir reprendre leur travail rapidement. Le Dr Dany Marcadet (cardiologue, Paris) a centré son intervention sur cette problématique.
« Quels sont les facteurs qui font qu'on n'envoie pas les patients en réadaptation ? »
En réponse à cette question, le Dr Blanchard a évoqué les facteurs « totalement illogiques » mis en évidence par une étude de 2014 menée par le Pr Hervé Douard (CHU Bordeaux). « On n'envoie pas les personnes âgées, ni les femmes, ni les gens qui ont déjà fait un IM... », déplore-t-il. De fait, sur l'ensemble de la cohorte de 450 patients, les freins à la prescription de réadaptation cardiaque ont été identifiés comme : un âge avancé et/ou des comorbidités importantes (46%), un refus du patient (19%), une absence d’offre de réadaptation cardiaque à proximité de son domicile (19%) ou un défaut non justifié de prescription (16%). L’âge ≥75 ans (RR : 0,29, p<0,01) et un antécédent de coronaropathie (RR : 0,34, p<0,01) sont des facteurs indépendants de frein à la prescription de RC ; le sexe féminin (RR : 0,61, p=0,09) et une FEVG ≤45% (RR : 0,62, p=0,08) tendent également à être des facteurs limitants.