N’eut été son bras en écharpe sur un foulard et son sein coupé, Fatou Guèye Yade remporterait aisément un concours de beauté. La taille svelte, le teint marron éclatant, de gros yeux logés dans un visage ovale, la jeune Fatou est d’une splendeur exquise et d’un rayonnement rare. Un bonnet rouge bien vissé sur la tête, le sourire avenant, elle nous accueille chez elle pour narrer sa vie cauchemardesque. Ce jour-là, tout en se confiant à nous, elle s’efforçait de dissimuler sa souffrance… Pourtant, depuis un mois, son espoir de recouvrer la santé fait de plus en plus place à une désillusion affligeante. Elle n’en revient toujours pas de voir son cancer ressurgir. Après l’ablation de son sein gauche à sa quatrième opération, les médecins lui avaient affirmé qu’elle était guérie. «Je pleurais de joie, pensant à ces longues années où j’étais restée clouée au lit, pensant sans cesse à la mort et m’efforçant de supporter une si atroce douleur sous le regard impuissant des membres de ma famille. Mon désespoir s’était dissipé. Je me disais que j’allais enfin reprendre mes activités et pouvoir affronter la vie avec espoir », confie-t-elle. D’un geste délicat, elle retire son bonnet, laissant apparaître un crâne dégarni. La chimiothérapie lui a fait perdre sa belle chevelure qui faisait, jadis, partie de ses charmes de jeune fille. «Ce matin-là tout l’hôpital me félicitait. Je pensais déjà au moyen de camoufler mon sein sectionné et à trouver des produits pour faire repousser mes cheveux».
Malheureusement, sa victoire contre le cancer ne sera que de courte durée. Subitement, une autre souche cancérigène réapparait. Avant même la cicatrisation de la plaie de sa quatrième opération qui s’est caractérisée par l’ablation de son sein, c’est une nouvelle bataille à l’issue incertaine qui recommence. Cette fois-ci, le cancer passe du sein à l’aisselle. La jeune dame n’en revient toujours pas de constater cette métastase. Sur un ton empreint d’abattement, elle explique : «Je reprenais espoir, mais Dieu en a décidé autrement. Le cancer était revenu sur mon aisselle et je devais vivre un nouvel enfer». Elle se résout donc à endurer le traitement pénible de six cures et subir une autre opération chirurgicale. Pour faire face aux nombreux rendez-vous médicaux, Fatou qui est de Kaolack, est venue s’installer à Dakar. L’absence de structures sanitaires dotées d’un plateau technique capable de prendre en charge sa maladie, l’a obligée à s’établir dans la capitale. Ce déplacement forcé rajoute une couche à cette épreuve pénible et onéreuse. «Je suis venue à Dakar uniquement pour mes soins. J’ai loué un appartement où quelques membres de ma famille sont venus me rejoindre afin de me réconforter moralement et me prêter main forte». Sa mère une ménagère, son père un photographe et son petit frère, un étudiant, font partie de cette équipée. Une charge supplémentaire qui s’ajoute aux contraintes de son traitement long, onéreux et éreintant. Cette jeune femme de 23 ans, est mère d’un garçon de 5 ans qui lui donne la force de résister à cette terrible épreuve. «Si j’ai autant de courage au point de me battre jusqu’à présent pour ma survie, c’est principalement grâce à la présence de mon fils. De plus je crois, moi, à ma guérison, contrairement à ce que pense l’entourage qui me croit irrémédiablement condamnée».
Malgré sa détermination à triompher du cancer pour continuer à serrer son fils dans ses bras, Fatou Guèye Yade n’a pas les moyens de payer ses séances de chimiothérapie, encore moins la prochaine opération qui est prévue pour bientôt. «Mes quatre opérations ont presque ruiné ma famille. Au moment où je vous parle, je ne sais vraiment pas où je pourrai trouver cette somme. Je n’ai pas les moyens de poursuivre le traitement. Parfois, je fais du porte-à-porte en quête d’argent pour suivre mon traitement. Mais c’est beaucoup trop cher».
Basculement
Tout a commencé en 2010 avec une boule qu’elle remarque sur son sein gauche. Son entourage parlait de «tiatt» en raison de sa grande beauté (même aujourd’hui, après de longues années de maladie, elle en conserve encore l’éclat). «J’étais très belle et coquette. J’adorais me faire voir et j’étais animée d’une grande joie de vivre. Mais surtout, j’aimais la vie». Malgré la maladie, cette coquetterie n’a pas quitté Fatou. «Le jour de la Tabaski, je me suis efforcée de me faire belle rien que pour faire plaisir à mes proches», raconte-t-elle. A ces mots, elle s’interrompt, prend sa béquille, fait l’effort de se lever jusqu’à la chambre et apporte une de ses photos. Celle-ci la montre maquillée, en longue perruque noire et portant une magnifique tenue traditionnelle. Elle lance d’un ton taquin en se rasseyant sur le lit : «Les gens du quartier me regardaient, ébahis, certains demandant même s’il s’agissait bien de moi…».
La boule découverte sur son sein gauche ne lui inspirait aucune peur, à l’époque, parce qu’elle ignorait le cancer. Bien qu’elle encourait le risque puisque sa grand-mère était morte du cancer du sein. A sa première consultation en 2010 les médecins qui, au début, parlaient de kyste, lui ont fait sa première opération à l’hôpital El hadj Ibrahima Niass. «Cette opération je l’avais payée moi-même grâce notamment à une tontine. Etant une bonne coiffeuse, j’avais pu réunir la somme». Par la suite, elle a subi une deuxième opération dans ce même hôpital. Mais ces deux interventions chirurgicales n’empêchent guère la maladie d’évoluer. Transférée à Dakar, elle apprend à sa grande surprise qu’il s’agit d’un cancer. «Personne n’a eu le courage de me dire tout de suite que j’avais un cancer, mais je lisais une grande détresse dans les yeux de ma mère. Et finalement j’ai tout compris». Puis, un mois après, elle a commencé la chimiothérapie qui coûte 150 000 FCA par semaine. Depuis quatre longues années c’est une succession d’analyses, scanners, mammographies et prélèvements. Après la troisième opération elle n’est toujours pas guérie. Or le cancer progresse inexorablement. Entraînant l’inéluctable : l’ablation du sein. «J’ai dépensé plus de 2 millions 500 car ils avaient augmenté la dose de la chimio». Actuellement, elle a repris la lutte de plus belle, avec optimisme. «Docteur Doudou Diop, mon médecin traitant, me soutient, m’encourage chaque jour. Lui, il croit à ma guérison et je lui fais confiance», se convainc-t-elle. Avant de conclure : «J’adresse cette prière aux personnes de bonne volonté pour les exhorter à m’aider pour ma cinquième opération. Car si j’obtiens les moyens, je peux survivre»
Fatou Gueye Yade a finalement succombé au cancer
Malheureusement, sa victoire contre le cancer ne sera que de courte durée. Subitement, une autre souche cancérigène réapparait. Avant même la cicatrisation de la plaie de sa quatrième opération qui s’est caractérisée par l’ablation de son sein, c’est une nouvelle bataille à l’issue incertaine qui recommence. Cette fois-ci, le cancer passe du sein à l’aisselle. La jeune dame n’en revient toujours pas de constater cette métastase. Sur un ton empreint d’abattement, elle explique : «Je reprenais espoir, mais Dieu en a décidé autrement. Le cancer était revenu sur mon aisselle et je devais vivre un nouvel enfer». Elle se résout donc à endurer le traitement pénible de six cures et subir une autre opération chirurgicale. Pour faire face aux nombreux rendez-vous médicaux, Fatou qui est de Kaolack, est venue s’installer à Dakar. L’absence de structures sanitaires dotées d’un plateau technique capable de prendre en charge sa maladie, l’a obligée à s’établir dans la capitale. Ce déplacement forcé rajoute une couche à cette épreuve pénible et onéreuse. «Je suis venue à Dakar uniquement pour mes soins. J’ai loué un appartement où quelques membres de ma famille sont venus me rejoindre afin de me réconforter moralement et me prêter main forte». Sa mère une ménagère, son père un photographe et son petit frère, un étudiant, font partie de cette équipée. Une charge supplémentaire qui s’ajoute aux contraintes de son traitement long, onéreux et éreintant. Cette jeune femme de 23 ans, est mère d’un garçon de 5 ans qui lui donne la force de résister à cette terrible épreuve. «Si j’ai autant de courage au point de me battre jusqu’à présent pour ma survie, c’est principalement grâce à la présence de mon fils. De plus je crois, moi, à ma guérison, contrairement à ce que pense l’entourage qui me croit irrémédiablement condamnée».
Malgré sa détermination à triompher du cancer pour continuer à serrer son fils dans ses bras, Fatou Guèye Yade n’a pas les moyens de payer ses séances de chimiothérapie, encore moins la prochaine opération qui est prévue pour bientôt. «Mes quatre opérations ont presque ruiné ma famille. Au moment où je vous parle, je ne sais vraiment pas où je pourrai trouver cette somme. Je n’ai pas les moyens de poursuivre le traitement. Parfois, je fais du porte-à-porte en quête d’argent pour suivre mon traitement. Mais c’est beaucoup trop cher».
Basculement
Tout a commencé en 2010 avec une boule qu’elle remarque sur son sein gauche. Son entourage parlait de «tiatt» en raison de sa grande beauté (même aujourd’hui, après de longues années de maladie, elle en conserve encore l’éclat). «J’étais très belle et coquette. J’adorais me faire voir et j’étais animée d’une grande joie de vivre. Mais surtout, j’aimais la vie». Malgré la maladie, cette coquetterie n’a pas quitté Fatou. «Le jour de la Tabaski, je me suis efforcée de me faire belle rien que pour faire plaisir à mes proches», raconte-t-elle. A ces mots, elle s’interrompt, prend sa béquille, fait l’effort de se lever jusqu’à la chambre et apporte une de ses photos. Celle-ci la montre maquillée, en longue perruque noire et portant une magnifique tenue traditionnelle. Elle lance d’un ton taquin en se rasseyant sur le lit : «Les gens du quartier me regardaient, ébahis, certains demandant même s’il s’agissait bien de moi…».
La boule découverte sur son sein gauche ne lui inspirait aucune peur, à l’époque, parce qu’elle ignorait le cancer. Bien qu’elle encourait le risque puisque sa grand-mère était morte du cancer du sein. A sa première consultation en 2010 les médecins qui, au début, parlaient de kyste, lui ont fait sa première opération à l’hôpital El hadj Ibrahima Niass. «Cette opération je l’avais payée moi-même grâce notamment à une tontine. Etant une bonne coiffeuse, j’avais pu réunir la somme». Par la suite, elle a subi une deuxième opération dans ce même hôpital. Mais ces deux interventions chirurgicales n’empêchent guère la maladie d’évoluer. Transférée à Dakar, elle apprend à sa grande surprise qu’il s’agit d’un cancer. «Personne n’a eu le courage de me dire tout de suite que j’avais un cancer, mais je lisais une grande détresse dans les yeux de ma mère. Et finalement j’ai tout compris». Puis, un mois après, elle a commencé la chimiothérapie qui coûte 150 000 FCA par semaine. Depuis quatre longues années c’est une succession d’analyses, scanners, mammographies et prélèvements. Après la troisième opération elle n’est toujours pas guérie. Or le cancer progresse inexorablement. Entraînant l’inéluctable : l’ablation du sein. «J’ai dépensé plus de 2 millions 500 car ils avaient augmenté la dose de la chimio». Actuellement, elle a repris la lutte de plus belle, avec optimisme. «Docteur Doudou Diop, mon médecin traitant, me soutient, m’encourage chaque jour. Lui, il croit à ma guérison et je lui fais confiance», se convainc-t-elle. Avant de conclure : «J’adresse cette prière aux personnes de bonne volonté pour les exhorter à m’aider pour ma cinquième opération. Car si j’obtiens les moyens, je peux survivre»
Fatou Gueye Yade a finalement succombé au cancer