Quel est le sens de cette journée de mobilisation autour d’une cause devenue nationale ?
Sensibiliser tout d’abord autour d’un diptyque. Toute alimentation qui est équilibrée constitue le premier des traitements contre le diabète. Le problème numéro un pour les gens c’est de réussir à avoir une alimentation équilibrée associée à une bonne activité physique régulière. Avec cette base, on peut bel et bien échapper du diabète ou bien vivre avec sans pour autant faire des complications.
S’agissant de la prévalence du diabète, il subsiste la question de l’hérédité. Le diabète est-elle une maladie héréditaire ?
On parle d’hérédité parce que les enfants de personnes souffrant de diabète ont plus de chance d’avoir eux aussi du diabète, mais il faut souligner que ce n’est pas systématique. Il y a une prédisposition génétique pour diabète de type 2, mais qui est moindre dans le cas du type 1.
A votre niveau, comment se déroule cette journée de sensibilisation et de dépistage ?
Depuis ce matin, j’ai pu recevoir entre 30 et 50 personnes si je me fie à la boîte de bandelettes déjà épuisée. La plupart des personnes que j’ai dépisté sont des sujets jeunes donc en principe peu enclins à avoir du diabète, mais nous avons quand même détecté quelques cas de diabète déséquilibré. S’agissant de nouveaux diabétiques, pas encore. Techniquement, il y a d’abord un échange avec la personne avec qui on prend bien le temps de comprendre sa situation personelle, puis à l’aide du kit composé de bandelettes et d’un glucomètre nous piquons au niveau de l’index ou du majeur. Une seule goutte de sang nous permet d’avoir un résultat approximatif direct chez une personne venu à jeun. Par expérience, nous prenons aussi la tension pour vérifier s’il n’y a pas association entre hypertension artérielle et diabète. Le cas échéant, nous les orientons vers le Centre hospitalier Philippe Senghor pour une prise en charge immédiate
Qu’est-ce qui distingue les différents types de diabète ?
S’il s’agit d’un diabète de type 1, c’est très clair. Ce sont souvent des sujets jeunes qui ont généralement une maladie auto-immune qui détruit notamment les cellules du pancréas situées dans les îlots de Langerhans censées secréter l’insuline permettant au glucose sanguin d’être distribué aux cellules de l’organisme. Quand il n’y a plus de sécrétion d’insuline, cela provoque une hypoglycémie dont les signes sont frappants : fréquence soutenue de l’envie nocturne d’uriner, amaigrissement important, irritabilité. Le diabète de type 2 concerne principalement des personnes âgés d’au moins 40 ans qui ne secrètent pas suffisamment d’insuline ou souffrent d’insulinorésistance. Par ailleurs, il y a aussi ce qu’on nomme diabète gestationnel ou diabète de grossesse qui touche 3 à 20 % des femmes enceintes. Il est sans conséquence à l’accouchement, si en amont il est bien pris en charge.
Il y a quelques jours, le Pr Babacar Niang alertait sur prévalence croissante du diabète chez les enfants sénégalais. Quel est votre avis sur la question ?
Premièrement, il faut dire que les parents n’ont pour habitude d’aller se faire dépister et ce sont les parents qui amènent les enfants. Maintenant, il faut indiquer que désormais la glycémie à jeune fait partie des tests paracliniques lors d’une grossesse. Ce faisant, il faut éduquer les parents sur cette question et tout simplement à ne plus avoir peur d’aller à l’hôpital et d’y faire des tests comme il se doit d’où l’objectif d’une journée comme celle d’aujourd’hui.
Le législateur a fait pas avec le vote d’une loi qui taxe plus fortement les bouillons alimentaires industriels, selon vous cette mesure va dans le bon sens ?
Oui et il faut souligner que la prise en charge de maladies comme le diabète est pluridisciplinaire et de surcroît également extra-médicale. Le Gouvernement dans son ensemble a un rôle à jouer, un cadre à définir avec s’il le faut des restrictions comme une taxation dissuasive. L’alimentation, comme l’environnement et je pense à la pollution de l’air qui impacte sur nombre de maladies sont des facteurs déterminants de leur évolution.
Avez-vous un message à lancer aux populations concernées ?
N’ayez plus peur du diabète, mais gérez votre diabète au niveau psychologique, alimentaire avec un régime bien équilibré et enfin une bonne gestion physique. Je pense que ces trois éléments combinés peuvent permettre de surmonter pas mal de difficultés.
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