L’étude Entred (Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques) porte sur un peu plus de 8.000 adultes représentatifs des personnes diabétiques et tirés au sort à partir des bases de données de l’Assurance maladie (régime général et sécurité sociale des indépendants). Les données présentées ici concernent les résultats de France métropolitaine des auto-questionnaires de la 3e enquête Entred (2019) qui fait suite à Entred 1 (2001-2003) et Entred 2 (2007-2010).
Sur l’ensemble de cette population, près d’un quart étaient nés à l’étranger (24,0%) et autant (23,8%) appartenaient au quintile le plus défavorisé de France métropolitaine. Parmi ces sujets 94,1% avaient un diabète de type 2 (DT2), 5,1% un diabète de type 1 (DT1) et 0,8% un autre type de diabète. Une prédominance masculine était retrouvée quel que soit le diabète (55,3% pour les DT2 et 57,2% pour les DT1).
Patients DT2 : une diminution de la mortalité, une stabilisation de l’obésité
En 2019, l’âge moyen des patients DT2 était de 67 ans (contre 65 ans en 2007), et l’ancienneté du diabète de 11 ans (soit +2 ans par rapport à Entred 2). L’augmentation du niveau socioéconomique moyen des patients DT2 reflète l’évolution générationnelle de l’ensemble de la population. Dans 70% des cas, le diagnostic a été fait dans le cadre d’un dépistage (en hausse de plus de 3 points par rapport à 2007) et dans 11,7% à l’occasion de la survenue d’une complication (en baisse de près de 4 points par rapport à 2007).
Plus des deux tiers des sujets DT2 (71,2%) étaient traités uniquement par un antidiabétique par voie orale (ADO), et dans 34,3% des cas il s’agissait d’une monothérapie. L’association ADO – analogue du GLP-1 concernait 6,0% des individus et l’association ADO – insuline 18% des individus. Seule une petite proportion de DT2 était sous insuline seule (4,5%).
En 2019, les patients DT2 avaient globalement toujours plus de facteurs de risque de complication que les sujets DT1 et à peu près autant que les patients DT2 de l’étude précédente. Près de 4 patients sur 10 étaient en surpoids et autant obèses. Ce taux important de surpoids et d’obésité marque une stabilisation de la situation par rapport aux données de 2007, après une augmentation entre 2001 et 2007. Plus de 7 sujets sur 10 avaient reçu un traitement antihypertenseur au cours des 12 derniers mois et presque les deux tiers un traitement hypolipémiant. L’évolution des contrôles glycémique, tensionnel et lipidique, nécessitera cependant d’être objectivée au regard des données recueillies auprès des médecins. Si les informations auto-déclarées concernant les complications semblent plus favorables que celles de 2007, celles-ci devront être confirmées également dans le temps et par les données recueillies auprès des médecins et des établissements hospitaliers.
Le phénotype moderne du diabétique type 1 évolue
Pour la première fois, la taille de l’échantillon des personnes DT1 permet une description plus précise de cette population. Ainsi, en 2019, malgré un âge moyen de 47 ans, plus de la moitié des sujets DT1 avaient un diabète diagnostiqué depuis plus de 20 ans et un quart entre 10 et 19 ans. Un peu plus d’un tiers (36,2%) étaient sous pompe à insuline et les deux tiers avaient un capteur pour lecture de la glycémie en continu.
Il semble que le profil du patient DT1 n’est plus celui des décennies précédentes. En effet, en 2019, près de la moitié des individus ayant participé à l’enquête étaient en surpoids ou obèses. Au cours des 12 derniers mois, 4 sur 10 ont reçu une prescription d’antihypertenseur et 3 sur 10 d’un hypolipémiant. Les DT1 avaient moins de complications macrovasculaires que ceux atteints de DT2, mais plus d’atteintes microvasculaires. Les patients atteints de DT1 ne peuvent plus être décrits comme des individus maigres, en atteste le fait que 50% sont dorénavant en surpoids ou obèses. Ainsi, ils associent carence insulinique et insulino-résistance.
Le tabagisme toujours trop présent
Alors que le tabagisme tend à diminuer dans la population générale, il se maintient à des niveaux importants chez les individus diabétiques : 25% des diabétiques de type 1 et 13% des diabétiques de type 2. Or, il majore le risque de complications macro- et micro-angiopathiques et favorise les déséquilibres glycémiques.
Dans son éditorial, André Grimaldi parle de « syndémie » pour évoquer « l’intrication et l’aggravation simultanée de l’obésité, du diabète de type 2 et du tabagisme chez de très larges populations. »