Si les nausées et vomissements liés à la grossesse sont le plus souvent peu intenses, ils sont plus sévères (hyperémèse gravidique) chez environ un tiers des femmes, et imposent une hospitalisation au premier trimestre de 0,3 à 3,6% d’entre elles en France. Étant donné l’hétérogénéité de la prise en charge pratique, un groupe de travail issu du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) a établi un consensus sur la définition et la prise en charge de ces manifestations.
Définition et sévérité
Les nausées et vomissements gravidiques sont définis comme ceux débutant au premier trimestre de la grossesse en l’absence d’autre étiologie.
La sévérité de ces manifestations doit reposer sur l’évaluation de la perte de poids depuis le début de la grossesse, de signes cliniques de déshydratation (soif, pli cutané, hypotension, oligurie…) et du score PUQE modifié (Pregnancy Unique Quantification of Emesis and nausea, score en 3 questions coté de 0 à 15, disponible dans le texte intégral du consensus d’experts).
Les nausées et vomissements gravidiques sont considérés comme étant non compliqués lorsque la perte de poids est <5%, sans signes cliniques de déshydratation et sont associés à un score PUQE ≤6. À l’inverse, on doit parler d’hyperémèse gravidique lorsque ces troubles sont associés à au moins un des signes suivants : une perte de poids ≥5%, signe clinique de déshydratation, score PUQE≥7.
Que faire devant une hyperémèse gravidique ?
Un bilan biologique doit être prescrit avec un dosage de la kaliémie, de la natrémie, de la créatininémie et une bandelette urinaire complète.
Si les symptômes persistent ou s’aggravent malgré un traitement bien conduit, un bilan complémentaire est préconisé avec la réalisation d’une échographie abdominale et un bilan biologique (numération leucocytaire, transaminases, lipase, CRP, TSH, T4).
Une hospitalisation est requise devant les critères suivants : perte de poids>10%, signes cliniques de déshydratation, score PUQE>13, hypokaliémie <3,0 mmol/L, hyponatrémie <120 mmol/L, créatininémie >100 µmol/L, résistance au traitement.
Quelle prise en charge thérapeutique ?
Il est proposé d’arrêter les vitamines prénatales et la supplémentation en fer au premier trimestre, cette dernière semblant aggraver les symptômes, et de conserver uniquement la supplémentation en acide folique.
Les femmes peuvent adapter librement leur régime alimentaire et leur mode de vie en fonction de leurs symptômes, puisqu’aucune modification de ces pratiques n’a été décrite comme pouvant améliorer ces symptômes.
Le gingembre ou la vitamine B6, si ils devaient être utilisés (en l’absence de bénéfice démontré), doivent être réservés aux femmes ayant un score PUQE≤6. Il en est de même pour l’acupression, l’acupuncture et l’électrostimulation, qui sont à envisager uniquement dans les formes non compliquées. L’aromathérapie n’est pas recommandée en raison des risques potentiels associés aux huiles essentielles et en l’absence d’efficacité démontrée.
Concernant la prise en charge symptomatique, les médicaments ou associations ayant les effets secondaires les moins sévères et les moins fréquents doivent être privilégiés en l’absence de supériorité d’une classe médicamenteuse par rapport à une autre.
En cas d’hyperémèse gravidique justifiant une réhydratation parentérale, une supplémentation systématique en vitamine B1 est recommandée pour prévenir la survenue d’une encéphalopathie de Gayet Wernicke. Un soutien psychologique devrait être proposé à toutes les patientes atteintes, en raison de l’impact négatif de cette pathologie sur le bien-être psychique. Elles doivent être informée de l’existence d’associations de patientes investies dans l’accompagnement de ces femmes et de leur entourage