- Un tiers des femmes traitées pour cancer du sein se plaindraient de fatigue globale sévère un an après l’arrêt de la radiothérapie (RT).
- Certains protocoles de RT favoriseraient le risque de fatigue globale sévère, notamment : la RT normofractionnée (versus la RT hypofractionnée) et la RT de la chaîne mammaire (versus l’absence de RT sur la chaîne mammaire).
Pourquoi est-ce important ?
La fatigue est l’un des symptômes les plus courants après le traitement du cancer du sein et impacte négativement la qualité de vie des patientes. Des données indiquent que la fatigue peut persister jusqu’à 5 ans après le traitement et même parfois au-delà. Mieux comprendre les facteurs en lien avec la fatigue des sujets atteints de cancer pourrait favoriser la prévention et la gestion de ces symptômes invalidants.
Méthodologie
Cette étude a été réalisée à partir des données de l’étude CANTO-RT, une sous-cohorte de la cohorte prospective multicentrique CANcer TOxicity qui s’est intéressée à des femmes traitées pour cancer du sein de stade I à III entre 2012 et 2017.
Le critère principal était l’état de fatigue global, 1 an après la fin de la RT, mesuré par le questionnaire de qualité de vie de l’Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer – FA12.
Principaux résultats
Au global, 3.295 patientes ont été incluses (63% étaient post-ménopausées). Parmi elles, 63% n’avaient jamais fumé, 96% ont reçu une radiothérapie, 52% ont reçu une chimiothérapie et 82% une thérapie hormonale. La RT était dans 93% des cas une RT normofractionnée.
Sur l’ensemble de la cohorte d’analyse, un tiers (33,3%) déclarait un niveau de fatigue globale sévère 1 an après la fin de la RT. Les patientes rapportant une fatigue sévère avaient tendance à être plus jeunes, avec un indice de masse corporelle (IMC) plus important, un stade tumoral plus avancé que les autres. Elles avaient également tendance à avoir reçu plus souvent que les autres une chimiothérapie et rapportaient un score de dépression et d’anxiété supérieur à celles qui se plaignaient moins de fatigue sévère.
La RT normofractionnée était proposée globalement à des femmes plus jeunes (56,0 ans versus 68,0 ans, p<0,0001), plutôt non ménopausées et ayant peu de comorbidités.
Les chercheurs ont mis en évidence, après ajustement sur l’âge, l’IMC, le niveau de revenu, le tabagisme, l’anxiété, la dépression, le traitement par chimiothérapie et hormonothérapie, que les femmes qui avaient eu une RT de la chaîne mammaire interne et celles qui avaient eu une RT normofractionnée avaient respectivement 48% et 88% plus de risque de développer une fatigue globale sévère 1 an après l’arrêt du traitement.
Au global, 33%, 20,4% et 12,9% des patientes ont rapporté respectivement une fatigue physique, émotionnelle et cognitive. Seule une association entre la RT normofractionnée et l’augmentation du risque de fatigue physique sévère un an après le traitement a été mise en évidence, avec une augmentation de 85%.