Une étude pilote portugaise a voulu évaluer l’impact de la bière avec ou sans alcool sur le microbiote intestinal.
À retenir
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La consommation de 330 mL de bière non alcoolisée ou alcoolisée chaque jour pendant 4 semaines augmente la diversité bactérienne intestinale chez des hommes en bonne santé, sans modifier les biomarqueurs cardiométaboliques sériques, le poids corporel ou la masse grasse.
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Le rôle des polyphénols (flavonoïdes, acides phénoliques) pourrait expliquer cet avantage.
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Enfin, l'activité de la phosphatase alcaline fécale était augmentée légèrement dans les deux groupes, potentiellement grâce à l’augmentation de butyrate produit par le microbiote. Cette étude pilote doit évidemment être confirmée dans une plus grande cohorte.
Pourquoi est-ce important ?
La bière est une boisson fermentée à partir de grains d'orge maltés. Sa consommation faible à modérée aurait un effet protecteur contre le risque cardiovasculaire, mais ce bénéfice pourrait être contrebalancé par le risque lié à l’alcool. Par ailleurs, sa composition, riche en polyphénols, pourrait être bénéfique pour le microbiote. Il était donc intéressant de comparer le bénéfice relatif de bières avec ou sans alcool sur la composition du microbiote intestinal.
Méthodologie
Cette étude pilote visait à comparer le microbiote et différents paramètres biologiques après consommation quotidienne de 330 mL de bière lager avec (5,2 %) ou sans alcool au dîner, durant 30 jours. Les participants recrutés devaient être des hommes en bonne santé de 18-65 ans, consommateurs modérés d’alcool et sans pathologie spécifique, notamment cardiovasculaire, gastrointestinale ou métabolique. Ils étaient randomisés entre les deux bras en aveugle et devaient maintenir le plus normal possible leur consommation alimentaire et de boissons.
Principaux résultats
Au total, 22 personnes ont été recrutées et randomisées dans l’étude (âge moyen 35 ans, consommation moyenne de 11,2 g/j d’alcool, adhésion moyenne au régime méditerranéen).
Les paramètres anthropométriques (poids, masse grasse) et cardiométaboliques (HbA1c, insuline, HOMA-IR, HDL, LDL) n’avaient pas significativement évolué à l’issue des 30 jours. Les transaminases hépatiques n’étaient pas non plus différentes entre les deux groupes, ni entre la fin du suivi et l’inclusion pour chacun d’entre eux.
À l’issue de l’étude, la composition du microbiote intestinal reposait majoritairement sur le phylum des Firmicutes, suivi des Bactéroïdètes (respectivement 52% et 32% pour le groupe sans alcool, et 46% et 36% pour le groupe avec alcool). La composition n’était pas statistiquement différente entre les deux groupes. Par ailleurs, l’indice de Shannon, signant la diversité microbienne était supérieur à 30 jours par rapport à l’inclusion dans le groupe sans alcool (2,9 vs 2,7, p=0,037) et le groupe avec alcool (3,0 vs 2,8, p=0,021).
Enfin, l’activité de la phosphatase alcaline fécale était augmentée dans les deux groupes.
Financement
L’étude a été financée par des fonds européens et portugais