À retenir
Les expériences négatives durant l'enfance ont déjà été décrites comme étant associées à un risque de dépression et d'inflammation systémique chez les adultes. L’une des hypothèses serait que l’inflammation favoriserait le développement de la dépression, mais elle émane principalement de travaux conduits chez l’adulte et à partir d’études transversales. Par ailleurs, la nature même de l’événement, le nombre d’événements et l’âge de leur survenue pourraient aussi influencer cette relation. Pour mieux évaluer ces différents paramètres, des chercheurs ont conduit une analyse des données longitudinales issues de la cohorte ALSPAC (Avon Longitudinal Study of Parents and Children) afin d’examiner les associations entre différents types d’événements survenus depuis la période prénatale jusqu'à l'adolescence, l’évolution du profil inflammatoire et la survenue et l’évolution de symptômes dépressifs au début de la vie adulte (18-23 ans).
Méthodologie
ALSPAC est une étude de cohorte observationnelle prospective qui vise à suivre la santé de plusieurs milliers d’enfants nés dans le comté britannique d’Avon.
Dans cette étude, les évènements négatifs de vie ont été recueillis auprès des participants et leur parents : violence physique, violence psychologique/négligence, violence sexuelle, intimidation, violence domestique, toxicomanie, santé mentale ou condamnations pénales des parents, séparation ou faible lien relationnel entre parents et enfant. L'inflammation (protéine C-réactive) a été dosée à trois reprises au cours de l’étude entre l’âge de 9 et de 18 ans et les symptômes dépressifs évalués à 4 reprises entre l’âge de 18 et de 23 ans (Short Mood and Feelings Questionnaire SMFQ). Une analyse en classe latente a été utilisée pour déterminer les trajectoires d'inflammation et de dépression.
Principaux résultats
L’analyse a pu être menée à partir de 3.931 participants chez lesquels les analyses des taux de CRP et l’évaluation de la dépression avaient pu être menées au cours du suivi.
Une analyse factorielle a été utilisée pour identifier les dimensions distinctes qui sous-tendent les événements négatifs explorés : ainsi, la menace physique/émotionnelle d’une part (dont la violence physique, le faible lien parent-enfant, la négligence...) et le dysfonctionnement familial (problèmes parentaux) d’autre part sont apparus comme étant deux groupes dimensionnels distincts. Les abus sexuels et le harcèlement ne rentraient dans aucun de ces sous-groupes.
Concernant la dépression, trois types de trajectoires ont été identifiés avec une majorité des participants ayant des symptômes restés faibles à tous les temps de l’évaluation (68,9%), suivis de patients ayant des symptômes dépressifs modérés à toutes les évaluations (23,8%), puis de ceux ayant des symptômes dépressifs graves (7,4%). De même, pour les classes de CRP, elle avait surtout évolué d’un taux faible à un taux modéré depuis la fin de l'enfance jusqu’à l'adolescence (69,8%), tandis que le niveau de CRP passait de modéré à élevé ou évoluait d’un taux élevé à un taux faible pour respectivement 19.5% et 10,6% d’entre eux. Sur ce dernier point, il semble que l’association est plus significative pour les garçons que pour les filles.
Parallèlement, le lien entre les évènements de vie négatifs durant l’enfance et la dépression au début de la vie adulte était observé. Les associations les plus importantes concernaient une fois encore les abus sexuels et les harcèlements, soit des événements impliquant une menace physique ou émotionnelle à l'adolescence. Enfin, le fait d’avoir été exposé plusieurs fois aux mêmes évènements de vie avait aussi une plus forte association avec la dépression que le fait de n’y avoir été exposé qu’une fois.
- Les expériences négatives durant l'enfance (comme les abus, les menaces ou un dysfonctionnement familial) sont souvent associées à des trajectoires de dépression, notamment lorsque les expériences considérées sont à type de menace. En revanche, seuls le harcèlement et les abus sexuels à la fin de l'enfance ou durant l'adolescence sont associés à des trajectoires de taux de CRP élevés. Ces résultats suggèrent l’importance de cette période spécifique sur la trajectoire de santé mentale du jeune adulte et montrent que l'inflammation n’est pas toujours associée à la dépression.
- Si la population incluse dans cette analyse ne permet pas de généraliser les résultats à l’ensemble de la population, ce travail confirme bien le lien entre événements négatifs et dépression, mais pas celui - systématique- entre dépression et inflammation. Des approches permettant de cibler l'inflammation ne constitueraient donc pas une alternative efficace pour prévenir la survenue de la dépression dans une telle population.
Les expériences négatives durant l'enfance ont déjà été décrites comme étant associées à un risque de dépression et d'inflammation systémique chez les adultes. L’une des hypothèses serait que l’inflammation favoriserait le développement de la dépression, mais elle émane principalement de travaux conduits chez l’adulte et à partir d’études transversales. Par ailleurs, la nature même de l’événement, le nombre d’événements et l’âge de leur survenue pourraient aussi influencer cette relation. Pour mieux évaluer ces différents paramètres, des chercheurs ont conduit une analyse des données longitudinales issues de la cohorte ALSPAC (Avon Longitudinal Study of Parents and Children) afin d’examiner les associations entre différents types d’événements survenus depuis la période prénatale jusqu'à l'adolescence, l’évolution du profil inflammatoire et la survenue et l’évolution de symptômes dépressifs au début de la vie adulte (18-23 ans).
Méthodologie
ALSPAC est une étude de cohorte observationnelle prospective qui vise à suivre la santé de plusieurs milliers d’enfants nés dans le comté britannique d’Avon.
Dans cette étude, les évènements négatifs de vie ont été recueillis auprès des participants et leur parents : violence physique, violence psychologique/négligence, violence sexuelle, intimidation, violence domestique, toxicomanie, santé mentale ou condamnations pénales des parents, séparation ou faible lien relationnel entre parents et enfant. L'inflammation (protéine C-réactive) a été dosée à trois reprises au cours de l’étude entre l’âge de 9 et de 18 ans et les symptômes dépressifs évalués à 4 reprises entre l’âge de 18 et de 23 ans (Short Mood and Feelings Questionnaire SMFQ). Une analyse en classe latente a été utilisée pour déterminer les trajectoires d'inflammation et de dépression.
Principaux résultats
L’analyse a pu être menée à partir de 3.931 participants chez lesquels les analyses des taux de CRP et l’évaluation de la dépression avaient pu être menées au cours du suivi.
Une analyse factorielle a été utilisée pour identifier les dimensions distinctes qui sous-tendent les événements négatifs explorés : ainsi, la menace physique/émotionnelle d’une part (dont la violence physique, le faible lien parent-enfant, la négligence...) et le dysfonctionnement familial (problèmes parentaux) d’autre part sont apparus comme étant deux groupes dimensionnels distincts. Les abus sexuels et le harcèlement ne rentraient dans aucun de ces sous-groupes.
Concernant la dépression, trois types de trajectoires ont été identifiés avec une majorité des participants ayant des symptômes restés faibles à tous les temps de l’évaluation (68,9%), suivis de patients ayant des symptômes dépressifs modérés à toutes les évaluations (23,8%), puis de ceux ayant des symptômes dépressifs graves (7,4%). De même, pour les classes de CRP, elle avait surtout évolué d’un taux faible à un taux modéré depuis la fin de l'enfance jusqu’à l'adolescence (69,8%), tandis que le niveau de CRP passait de modéré à élevé ou évoluait d’un taux élevé à un taux faible pour respectivement 19.5% et 10,6% d’entre eux. Sur ce dernier point, il semble que l’association est plus significative pour les garçons que pour les filles.
Parallèlement, le lien entre les évènements de vie négatifs durant l’enfance et la dépression au début de la vie adulte était observé. Les associations les plus importantes concernaient une fois encore les abus sexuels et les harcèlements, soit des événements impliquant une menace physique ou émotionnelle à l'adolescence. Enfin, le fait d’avoir été exposé plusieurs fois aux mêmes évènements de vie avait aussi une plus forte association avec la dépression que le fait de n’y avoir été exposé qu’une fois.