À retenir
Le cancer de l’œsophage est le 7ème cancer en termes d’incidence et la 6ème cause de décès par cancer à travers le monde.
Une revue de la littérature vient de faire le point sur les données actuellement disponibles sur les virus oncogènes et les cancers de l’œsophage.
Le rôle étiologique de ces virus spécifiquement dans le cancer œsophagien reste l’objet de débats importants ; Les études évaluant l’association entre ces virus et le développement des cancers de l’œsophage divergent dans leurs conclusions, notamment en fonction de la région du monde où l’étude est menée ; L’association entre HPV et cancer de l’œsophage semble être la plus forte parmi plusieurs oncovirus étudiés ; Cependant, les données ne permettent pas encore de définir l’infection à papillomavirus comme facteur étiologique du cancer œsophagien. Méthodologie
Il existe deux types de cancer de l’œsophage : le carcinome épidermoïde (principalement signalé dans les pays en développement) et l’adénocarcinome (plus fréquent dans les pays industrialisés). Des cofacteurs de risque exogènes ont été identifiés pour le cancer de l’œsophage : tabagisme, alcool, obésité, reflux gastro-oesophagien. Cependant, l’infection par un virus oncogène constitue le principal facteur de risque de développement du carcinome épidermoïde. Bien que différents virus aient été incriminés - papillomavirus humain (HPV), virus Epstein Barr (EBV), cytomégalovirus (CMV), virus de l’herpès (HSV) -, leur rôle reste discuté. D’où l’intérêt de cette revue permettant de faire le point sur le sujet.
Principaux résultats La transmission la plus courante de l’HPV se fait par voie sexuelle. La littérature indique que 50% des hommes et des femmes sont exposés à l’HPV au moins une fois dans leur vie. Sur les 200 génotypes identifiés, 13 sont classés à haut risque cancérigène. L’infection par HPV est le plus souvent asymptomatique. Avec le temps des verrues anogénitales, des cancers du col de l’utérus, des cancers de la tête et du cou et d’autres cancers génitaux peuvent se développer. Une méta-analyse a mis en évidence que la prévalence de l’infection à HPV en cas de cancer de l’œsophage était de 22,2% pour le carcinome épidermoïde et 35,0% pour l’adénocarcinome. Le taux de sujets HPV positifs ayant un carcinome épidermoïde serait deux fois plus important en Asie (26,3%) qu’en Amérique ou en Europe (14,0%). L’infection par HPV est retrouvée chez 66,7% des sujets développant un adénocarcinome de l’œsophage (contre 18% des sujets contrôles). L’EBV infecterait environ 90% des individus à travers le monde. Cependant, il n’est associé qu’à 1% des cancers, tous cancers confondus. L’infection est le plus souvent asymptomatique. Les études ayant recherché la présence d’ADN à EBV dans les échantillons cliniques de patients atteints de cancer de l’œsophage de type carcinome épidermoïde montrent une prévalence très variable (de 1,8% à 35,5%) ou aucune persistance du virus. Les données sont contradictoires, y compris au sein d’un même pays. Le CMV et l’HSV appartiennent tous deux à la famille des Herpesviridae. L’infection à CMV survient en période périnatale ou lors de relations sexuelles. Concernant le CMV, même dans une région de Chine où l’incidence du cancer de l’œsophage est particulièrement importante, aucune infection à CMV n’a été notifiée chez les patients concernés. Concernant l’HSV, les données d’une étude menée en Asie indiquent que la prévalence des cancers de l’œsophage associés à l’HSV serait de 30%. L’HSV-1 (plutôt lié à des lésions herpétiques de la région de la tête et du cou) et l’HSV-2 (plutôt lié à des lésions génitales) pourraient selon certaines données jouer un rôle dans l’étiologie du cancer de l’œsophage de type carcinome épidermoïde. L’infection mixte à HPV, HSV et EBV a été hautement associée au cancer de l’œsophage de haut grade. En revanche, les mécanismes en jeu restent non élucidés. Le rôle pronostique des infections par oncovirus sur le devenir des patients atteints de cancer oesophagien reste contradictoire également. À ce jour, les traitements du cancer oesophagien ne sont pas orientés par la présence d’oncovirus. Par ailleurs, il n’existe pas d’agent antiviral spécifique aux cancers oesophagiens associés à ces virus oncogènes.