Variole du singe : une nouvelle IST endémique ?

Rédigé le Vendredi 22 Juillet 2022 à 18:42 |



 

Depuis le 7 mai 2022, une épidémie de cas humains de variole du singe est constatée en Europe, en Amérique du Nord et en Australie.

Au 19 juillet, 1.453 cas confirmés ont été recensés en France. Cette zoonose est due au monkeypox virus (MPXV) qui appartient au genre des Orthopoxvirus, comme le virus de la variole humaine qui est éradiqué depuis 1980. Heureusement, la variole du singe est beaucoup moins grave que ne l’était la variole humaine. Elle évolue le plus souvent favorablement et peut être prévenue à 85% par l’immunité croisée induite par la vaccination antivariolique.

Des changements majeurs dans l’épidémiologie de cette zoonose ?

Le MPXV a été découvert chez des macaques en 1958 mais n’est pas un virus simien : son réservoir semble être partagé entre plusieurs espèces de rongeurs sauvages africains. Le premier cas humain a été décrit en 1970 chez un enfant en République démocratique du Congo, puis cette infection a émergé dans plusieurs régions d’Afrique centrale et occidentale. Avant l’épidémie actuelle, des cas avaient déjà été décrits hors d’Afrique, par exemple en 2003 dans le Midwest américain où 71 personnes ont été contaminées par des rongeurs autochtones, eux-mêmes contaminés dans une animalerie par des rats de Gambie importés du Ghana. Cependant, l’épidémie actuelle révèle des changements majeurs dans l’épidémiologie de cette zoonose tropicale :

Les personnes contaminées ne reviennent pas d’un voyage en Afrique, à l’exception du premier cas au Royaume-Uni, qui revenait du Nigéria ; Les contaminations ne sont pas d’origine zoonotique mais liées à une transmission interhumaine ; Une forte prédominance masculine est observée, en majorité des Hommes ayant des relations Sexuelles avec des Hommes (HSH) et ayant des partenaires multiples ; La prévalence des localisations génitales et anales de l’éruption vésiculeuse est très élevée (78%).