Variation de la corpulence et risque de polyarthrite rhumatoïde : quoi de neuf

Rédigé le Mardi 5 Avril 2022 à 13:26 |



À retenir Une étude française de large envergure montre que la variation de la distribution des graisses au cours de la vie serait associée à une augmentation du risque de développer une polyarthrite rhumatoïde (PR) ; Le tour de taille serait un meilleur indicateur que l’indice de masse corporelle (IMC) ; Une corpulence moyenne de la puberté à la périménopause augmenterait modérément le risque de PR ; Une forte corpulence de la puberté à la périménopause doublerait le risque de PR même sans consommation de tabac. Pourquoi est-ce important ?
La PR est le rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent avec une prévalence estimée à 0,5%. Les facteurs génétiques et environnementaux sont impliqués dans la physiopathologie. Certaines données de la littérature suggèrent que l’augmentation de la prévalence de l’obésité à travers le monde pourrait expliquer 52% de l’incidence de la PR sur les dernières décennies. L’intérêt de cette étude est de mieux explorer cette association, et l’impact de l’évolution de la corpulence au cours de la vie en utilisant notamment le tour de taille plutôt que l’IMC qui ne reflète pas la distribution de la masse grasse. 
Méthodologie
Cette étude est basée sur 78.452 femmes âgées entre 40 et 65 ans, issues de la cohorte E3N (Etude Epidémiologique auprès des femmes de la Mutuelle générale de l’Education Nationale). Ces femmes ont complété un questionnaire tous les 2 à 3 ans, concernant certains facteurs en lien avec la reproduction, leur mode de vie et avec la santé, dont des mesures anthropométriques. Les sujets ont été stratifiés en fonction de leur statut tabagique et classés en trois catégories en fonction de leur corpulence (fine, moyenne, importante) et en fonction de leur âge.
Principaux résultats
Le diagnostic de PR a été réalisé chez 698 femmes. L’âge moyen au diagnostic était de 63,7 ans. Sur l’ensemble de la cohorte, 32,8% avaient un statut ACPA (anticorps anti-peptide citrulinée) et FR (facteur rhumatoïde) : 91,2% étaient positives et 8,7% négatives. Le suivi moyen depuis l’apparition des symptômes de PR jusqu’au dernier questionnaire était de 10,1 ans. Les données de traitement étaient disponibles pour 72,3% des femmes atteintes de PR. Parmi elles, 85% étaient traitées par méthotrexate, 17,4% par inhibiteur de TNF alpha, 7,7% par des agents biologiques (rituximab, abatacept, tocilizumab).
Si l’IMC≥30kg/m2 était significativement associé au risque de PR par rapport à un IMC normal, cette association n’était plus significative après ajustements multiples ou sur la population globale (HR 1,26 [0,9-1,5], ptendance = 0,0559).
Indépendamment de l’IMC, une obésité abdominale (tour de taille >88 cm) a été associée à une augmentation du risque de développer une PR (hazard ratio 1,2 [1,0-1,5]).
La corpulence à l’âge de 8 ans, 20-25 ans, et 35-40 ans n’était pas associée au risque de développer une PR. En revanche, la corpulence à la puberté était associée à ce risque, indépendamment de l’IMC et de la corpulence à la périménopause. Par rapport à une corpulence fine, une corpulence moyenne à la puberté augmentait le risque de développer une PR de 30% (HR 1,3 [1,0-1,7]), et une forte corpulence à la périménopause augmentait le risque de 50% (HR 1,5 [1,1-1,9]) chez les femmes n’ayant jamais fumé et ce toujours indépendamment de leur IMC.
Toujours par rapport à une corpulence fine, une forte corpulence maintenue de la puberté à la périménopause était associée au doublement du risque de développer une PR chez les sujets qui n’avaient jamais fumé (HR 2,10 [1,2-3,6]), et ce indépendamment de l’IMC.
Plusieurs mécanismes sont évoqués par les auteurs : les variations hormonales, ainsi que l’impact sur l’immunité du statut pro-inflammatoire de la surcharge pondérale et de la dysbiose intestinale.
À retenir Une étude française de large envergure montre que la variation de la distribution des graisses au cours de la vie serait associée à une augmentation du risque de développer une polyarthrite rhumatoïde (PR) ; Le tour de taille serait un meilleur indicateur que l’indice de masse corporelle (IMC) ; Une corpulence moyenne de la puberté à la périménopause augmenterait modérément le risque de PR ; Une forte corpulence de la puberté à la périménopause doublerait le risque de PR même sans consommation de tabac. Pourquoi est-ce important ?
La PR est le rhumatisme inflammatoire chronique le plus fréquent avec une prévalence estimée à 0,5%. Les facteurs génétiques et environnementaux sont impliqués dans la physiopathologie. Certaines données de la littérature suggèrent que l’augmentation de la prévalence de l’obésité à travers le monde pourrait expliquer 52% de l’incidence de la PR sur les dernières décennies. L’intérêt de cette étude est de mieux explorer cette association, et l’impact de l’évolution de la corpulence au cours de la vie en utilisant notamment le tour de taille plutôt que l’IMC qui ne reflète pas la distribution de la masse grasse. 
Méthodologie
Cette étude est basée sur 78.452 femmes âgées entre 40 et 65 ans, issues de la cohorte E3N (Etude Epidémiologique auprès des femmes de la Mutuelle générale de l’Education Nationale). Ces femmes ont complété un questionnaire tous les 2 à 3 ans, concernant certains facteurs en lien avec la reproduction, leur mode de vie et avec la santé, dont des mesures anthropométriques. Les sujets ont été stratifiés en fonction de leur statut tabagique et classés en trois catégories en fonction de leur corpulence (fine, moyenne, importante) et en fonction de leur âge.
Principaux résultats
Le diagnostic de PR a été réalisé chez 698 femmes. L’âge moyen au diagnostic était de 63,7 ans. Sur l’ensemble de la cohorte, 32,8% avaient un statut ACPA (anticorps anti-peptide citrulinée) et FR (facteur rhumatoïde) : 91,2% étaient positives et 8,7% négatives. Le suivi moyen depuis l’apparition des symptômes de PR jusqu’au dernier questionnaire était de 10,1 ans. Les données de traitement étaient disponibles pour 72,3% des femmes atteintes de PR. Parmi elles, 85% étaient traitées par méthotrexate, 17,4% par inhibiteur de TNF alpha, 7,7% par des agents biologiques (rituximab, abatacept, tocilizumab).
Si l’IMC≥30kg/m2 était significativement associé au risque de PR par rapport à un IMC normal, cette association n’était plus significative après ajustements multiples ou sur la population globale (HR 1,26 [0,9-1,5], ptendance = 0,0559).
Indépendamment de l’IMC, une obésité abdominale (tour de taille >88 cm) a été associée à une augmentation du risque de développer une PR (hazard ratio 1,2 [1,0-1,5]).
La corpulence à l’âge de 8 ans, 20-25 ans, et 35-40 ans n’était pas associée au risque de développer une PR. En revanche, la corpulence à la puberté était associée à ce risque, indépendamment de l’IMC et de la corpulence à la périménopause. Par rapport à une corpulence fine, une corpulence moyenne à la puberté augmentait le risque de développer une PR de 30% (HR 1,3 [1,0-1,7]), et une forte corpulence à la périménopause augmentait le risque de 50% (HR 1,5 [1,1-1,9]) chez les femmes n’ayant jamais fumé et ce toujours indépendamment de leur IMC.
Toujours par rapport à une corpulence fine, une forte corpulence maintenue de la puberté à la périménopause était associée au doublement du risque de développer une PR chez les sujets qui n’avaient jamais fumé (HR 2,10 [1,2-3,6]), et ce indépendamment de l’IMC.
Plusieurs mécanismes sont évoqués par les auteurs : les variations hormonales, ainsi que l’impact sur l’immunité du statut pro-inflammatoire de la surcharge pondérale et de la dysbiose intestinale.