Vaccin COVID : Valneva annonce les résultats positifs de son essai de phase 3

Rédigé le Mercredi 27 Octobre 2021 à 17:32 |



Le candidat-vaccin de la biotech nantaise Valneva va-t-il devenir le premier vaccin inactivé contre le Covid-19 autorisé en Europe ; offrant ainsi une option plus traditionnelle comparée aux vaccins anti-Covid innovants (à ARN et à adénovirus) actuellement disponibles sur le vieux continent ?

Le 18 octobre, un mois après la résiliation surprise, par le gouvernement britannique, d’une commande de 100 millions de doses de ce vaccin, la compagnie franco-autrichienne a annoncé, par communiqué, les premiers résultats positifs de son essai de phase 3 Cov-Compare, comparant le vaccin-candidat VLA2001 au vaccin Vaxzevria d’AstraZeneca[1].  A noter que les données n’ont pas été publiées dans une revue à comité de relecture.

VLA2001 : un vaccin « classique »

Le principe du vaccin VLA2001 est celui des vaccins à virus entiers inactivés. Il s’agit d’un vaccin constitué de virus SARS-CoV-2 inactivés, qui ne peuvent pas pénétrer dans les cellules. Il est donc inoffensif. La présence d’antigènes à la surface (forte densité de protéines Spike) permet la production d’anticorps contre le SARS-CoV-2 mais c'est l'ajout d'adjuvants (alum et CpG 1018) qui permet d’optimiser la réponse du système immunitaire. De nombreux vaccins, comme celui contre la grippe saisonnière, de l’hépatite A, ou de la polio, utilisent cette technologie mise au point il y a plus de 60 ans et qui présente un niveau élevé de sécurité. Les vaccins chinois contre le Covid, Sinopharm et Sinovac, homologués par l'OMS (mais pas par l'EMA), utilisent également cette technologie.

  L’annonce d’une bonne immunogénicité

L'essai, réalisé en simple aveugle, de phase 3 Cov-Compare a recruté un total de 4.012 participants âgés d’au moins 18 ans dans 26 centres au Royaume-Uni. Ils ont été randomisés (2 :1) pour recevoir par injection intramusculaire l’un ou l’autre des deux vaccins (deux doses à 28 jours d’intervalle).

Selon le communiqué de Valneva, l’essai a démontré la supériorité du VLA2001 versus le Vaxzevria (ChAdOx1-S) sur la production d’anticorps neutralisants à mais aussi en termes de tolérance.

Deux semaines après la dernière injection, la moyenne géométrique des titres d'anticorps neutralisants était supérieure pour le VLA2001 avec un rapport GMT de 1,39 (p < 0,0001). Aussi, la non-infériorité a été atteinte en termes de taux de séroconversion deux semaines après la deuxième vaccination (c'est-à-dire le jour 43) chez les adultes âgés de 30 ans et plus.

Les analyses réalisées sur un sous-groupe de participants ont montré que VLA2001 a généré des lymphocytes T produisant de l'interféron gamma spécifique contre les protéines S (74,3%), N (45,9%) et M (20,3%).
  Une bonne tolérance à court terme

Deux semaines après la 2ème injection, VLA2001 a été globalement bien toléré. Le profil de sécurité du VLA2001 était significativement plus favorable que celui du vaccin d’AstraZeneca. Les participants de 30 ans et plus ont signalé significativement moins d'événements indésirables jusqu'à sept jours après la vaccination, à la fois concernant les réactions au site d'injection (73,2% VLA2001 contre 91,1% ChAdOx1-S, p<0,0001) et les réactions systémiques (70,2% VLA2001 contre 91,1% ChAdOx1-S, p < 0,0001). Aucun événement indésirable grave lié au traitement n'a été signalé. Moins de 1% des participants ont signalé un événement indésirable présentant un intérêt particulier dans les deux groupes de traitement. Les participants les plus jeunes du groupe vacciné avec VLA2001 avaient un profil de sécurité comparable à celui du groupe plus âgé.

La fréquence des cas de Covid-19 (critère d'évaluation exploratoire) était similaire entre les deux bras. L'absence de développement de formes sévères de la maladie suggère que les deux vaccins utilisés dans l'étude pourraient empêcher la survenue de Covid-19 graves induits par les variants en circulation (principalement le variant Delta), indique le communiqué de presse.

Selon le Pr Adam Finn, pédiatre à l’Université de Bristol et auteur principal de l'essai : « Les faibles niveaux de réactogénicité, les réponses anticorps fonctionnelles élevées et les fortes réponses des lymphocyte T observés avec ce vaccin à virus entier inactivé et adjuvanté sont à la fois impressionnants et extrêmement encourageants. Il s'agit d'une approche beaucoup plus traditionnelle de fabrication de vaccins que les vaccins qui ont été déployés jusqu'à présent au Royaume-Uni, en Europe et aux Etats-Unis, et ces résultats suggèrent que ce candidat vaccin est en bonne voie pour jouer un rôle important dans la lutte contre la pandémie. »

Et Thomas Lingelbach, directeur général de Valneva, d’ajouter: « Ces résultats confirment les avantages souvent associés aux vaccins à virus entiers inactivés. Nous nous engageons à amener notre candidat vaccin différencié à l'homologation le plus rapidement possible [...] Nous avons à cœur de proposer une solution vaccinale alternative pour les personnes qui n'ont pas encore été vaccinées. »

Un dossier d’homologation est en cours d’évaluation auprès de l’agence de santé britannique (MHRA), crucial pour lui ouvrir les portes de pays hors de l’Europe qui suivent les décisions de la MHRA. Une demande sera aussi déposée dans les prochaines semaines auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour une utilisation en première vaccination sur les plus de 18 ans.

Alors que le vaccin, s’il est homologué, arrivera tardivement sur le marché, Valneva a lancé des essais pour se positionner chez les plus de 56 ans, les adolescents et les enfants et comme dose de rappel.

La compagnie a achevé le recrutement de 306 volontaires âgés de 56 ans et plus en Nouvelle-Zélande dans son essai VLA2001-304[2] et attend des données préliminaires pour début 2022. Elle a également annoncé le début du recrutement d'adolescents dans l'essai Cov-Compare[3]. 660 adolescents devraient être inclus.

Enfin, des essais sont en préparation chez les enfants (5-12 ans) et pour évaluer les performances d’une dose rappel de VLA2001.

 

Valneva espère obtenir une homologation au premier trimestre 2022.

« Ces bons résultats confortent les choix faits par la France et nos partenaires européens de se constituer un portefeuille vaccinal aussi diversifié que possible et dans lequel le vaccin Valneva aurait sa place. Nous suivons les discussions européennes pour que nous soyons capables de converger vers un contrat d’acquisition de doses afin de recevoir des premières doses aux environ du mois d’avril 2022 », a indiqué le ministère de la santé français.

Cet article a initialement été publié sur le site internet Medscape.