L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a réuni des représentants des associations de patients et de professionnels de santé pour un point de situation sur les troubles menstruels déclarés après la vaccination contre le COVID-19, aussi bien après la première injection qu’après la deuxième ou la dose de rappel.
Quels sont ces troubles ?
Les troubles menstruels post-vaccination les plus fréquemment décrits par les femmes sont :
Des ménorragies ou ménométrorragies, ou au contraire une aménorhée pendant plusieurs mois ; Des douleurs pelviennes importantes ou des douleurs abdominales ; Chez les femmes atteintes d’endométriose : une réactivation de leurs symptômes douloureux alors que la maladie était bien contrôlée ; Chez les femmes ménopausées : des saignements anormaux.
Ces troubles ont parfois une répercussion sévère sur la qualité de vie et, dans certains cas, les saignements anormaux en quantité et en durée ont conduit à des hystérectomies.
Les professionnels de santé ayant participé à cette réunion ont indiqué que dans leur pratique, la majorité des troubles menstruels observés étaient non graves, de courte durée et spontanément résolutifs. Les cas graves sont peu nombreux et difficiles à analyser car souvent peu documentés.
Sont-ils fréquents ?
Au 28 avril 2022, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) ont analysé 9.381 déclarations de troubles du cycle rapportées avec le vaccin Comirnaty® de Pfizer et 1.557 avec le vaccin Spikevax® de Moderna. La majorité de ces déclarations ont été réalisées par les patientes directement. Ces chiffres sont à comparer aux 58 millions de personnes, tous sexes confondus, ayant été vaccinées avec le vaccin Comirnaty® à cette même date, et 12 millions avec le vaccin Spikevax®.
Quelles sont les hypothèses étiologiques ?
Dans ses premières conclusions rendues au mois de juin 2022, le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a conclu que les preuves étaient insuffisantes à ce stade pour établir un lien de cause à effet entre les vaccins à ARN messager et les cas d’aménorrhées. Concernant les saignements menstruels abondants, le comité a conclu à la nécessité de poursuivre l’évaluation.
Le mécanisme potentiel de survenue de ces troubles du cycle menstruel n’est pas connu, mais parmi les hypothèses on retrouve :
La réactogénicité (fièvre, maux de tête, nausées…) provoquée par la vaccination pourrait, comme lors d’une infection, influer sur les hormones impliquées dans le cycle menstruel ; Le stress ou l’anxiété importante, qui pourraient résulter de l’acte de vaccination et/ou du contexte de pandémie, sont des facteurs connus de perturbation de l'axe hypothalamo-hypophyso-ovarien qui régule le bon déroulement du cycle menstruel ; D’autres facteurs comme une maladie gynécologique sous-jacente, une grossesse, un traitement contraceptif…
Quelle est la conduite à tenir ?
En cas de plainte de troubles menstruels après vaccination contre le COVID-19 et selon les antécédents de votre patiente :
En cas de traitement hormonal : vérifier l’absence de mauvaise observance ou de vomissements pouvant être à l’origine d’une interruption de la prise du traitement ; En l’absence de traitement hormonal ou d’interruption de ce traitement : Vérifier qu’il ne s’agit pas d’une symptomatologie aiguë ; Vérifier l’absence de grossesse ; Garder en tête la possibilité que la patiente développe une maladie gynécologique (syndrome des ovaires polykystiques, hyperprolactinémie, adénomyose…) de manière concomitante à la vaccination. Si les symptômes persistent le mois suivant, il est nécessaire de lancer des investigations et d’envisager une telle pathologie sous-jacente. En cas d’effets indésirables graves ou inattendus : faire une déclaration sur le portail du ministère chargé de la Santé : signalement.social-sante.gouv.fr