SFR 2021 - Recommandations 2021 pour la prise en charge non pharmacologique des malades atteints de gonarthrose

Rédigé le Vendredi 17 Décembre 2021 à 14:04 |



Suite aux recommandations de prise en charge pharmacologique de la gonarthrose publiées en 2020, les membres de la Société Française de Rhumatologie et la Société Française de Médecine Physique et de Réadaptation se sont à nouveau réunis afin d’établir les recommandations relatives aux traitements non pharmacologiques.

En préambule, Yves-Marie Pers (Montpellier) qui a présenté les messages forts du texte au cours du congrès de la SFR (12-14 décembre 2021, Paris) a insisté sur la nécessité de battre en brèche le sentiment qualitatif des médecins et des patients sur les interventions non médicamenteuses : une revue de la littérature menée sur le sujet montre ainsi une vision fataliste de l’évolution de la maladie, la peur de la douleur aggravée par l’activité physique et la crainte de perte de chance en cas de retard de recours à la chirurgie. Les patients évoquent aussi souvent la banalisation de la prise en charge de l’arthrose tandis que les médecins évoquent un manque de légitimité face à certaines des interventions proposées au patient, comme la perte de poids.

Le texte des recommandations rappelle en premier lieu la nécessité d’associer mesures pharmacologiques et non pharmacologiques dans la prise en charge de la gonarthrose, en faisant intervenir les professionnels de santé et de l’activité physique. Les approches non médicamenteuses doivent être personnalisées et fondées sur une décision partagée, en tenant compte des besoins et des préférences du patient, afin de rechercher son adhésion à long terme. Pour cela, il faut à la fois réévaluer régulièrement les mesures mises en place et s’appuyer par exemple sur des outils digitaux favorisant l’adhésion (outil de suivi) par exemple.

Activité physique et perte de poids

Dans tous les cas, l’activité physique adaptée doit toujours être proposée ainsi que l’éducation du patient sur la maladie, avec des techniques d’autogestion.

De l’activité physique, à sec et/ou en milieu aquatique ciblant les membres inférieurs peut être proposée. Un bénéfice est observé sur la douleur et la fonction. Il est recommandé qu’elle soit initialement supervisée, par exemple par un kinésithérapeute, pour être ensuite pratiquée en autonomie. Les mobilisations articulaires doivent être intégrées au programme d’activité physique, notamment pour lutter contre le raidissement.

En cas de surpoids ou d’obésité, une perte de poids corporel de 5% du poids initial peut être proposée, chaque pourcent perdu permettant d’améliorer de 2% le score WOMAC. La perte de poids ne doit pas être trop rapide et doit être encadrée par un professionnel de santé, si possible associée à l’activité physique.

Aides matérielles

Si la douleur est principalement fémorotibiale, une orthèse de décharge peut être proposée, notamment en cas d’arthrose post-traumatique ou pour favoriser la mise en activité physique. Les bandes adhésives de contention souples et les genouillères souples n’ont pas de réel bénéfice.

De plus, le port de chaussures souples avec des semelles amortissantes neutres peut être recommandé (pas de semelles plates, pas de talons). De plus, les semelles orthopédiques ne sont pas indiquées, sauf s’il existe des troubles statiques associés.

Parallèlement, l’utilisation d’une canne du côté controlatéral peut permettre de soulager les douleurs et améliorer la marche. Elle permet aussi d’améliorer l’autonomie et la mobilité, notamment chez les plus âgés.

Soins non pharmacologiques

La physiothérapie antalgique, l’électrothérapie, la thermothérapie, les ondes de chocs, le laser et les thérapies électromagnétiques ne sont pas recommandées. L’acupuncture, elle, peut avoir un intérêt non spécifique sur la douleur, mais semble plus volontiers être intéressante en cas d’échec des autres thérapeutiques. Les cures thermales intégrant une éducation à la maladie et à l’activité physique pourraient être proposées.

Enfin, les patients susceptibles de présenter des difficultés à leur poste de travail peuvent être orientés vers leur médecin du travail ou vers le Centre Régional de Pathologies. Professionnelles et Environnementales (CRPPE) afin de travailler sur le maintien dans l’emploi, une évolution ou réorientation professionnelle, ou éventuellement un départ précoce à la retraite.