Qui sont les patients vaccinés qui font tout de même une forme sévère de COVID-19 ?

Rédigé le Lundi 14 Février 2022 à 19:46 |



Une étude pharmaco-épidémiologique française s’est intéressée aux caractéristiques sociodémographiques et médicales associées au risque d’hospitalisation et de décès hospitalier pour COVID-19 après un schéma vaccinal complet. Cette étude ayant été réalisée fin juillet 2021, avant l’instauration de la dose de rappel, le schéma complet correspondait alors à deux doses de vaccin ou une dose chez les personnes avec un antécédent de COVID-19.

Cette étude a été effectuée à partir des données de la base nationale de vaccination COVID-19 VAC-SI couplées au Système national des données de santé (SNDS – données exhaustives de remboursement et d’hospitalisation en France).

Un total de 28.031.641 personnes avec un schéma vaccinal complet au 31 juillet 2021 ont été incluses et suivies pendant en moyenne 80 jours. Il a alors été observé 5.345 hospitalisations (19 pour 100.000) et 996 décès à l’hôpital (4 pour 100.000) pour COVID-19.

Les résultats de cette étude ont montré une association entre les risques d’hospitalisation et de décès hospitalier pour COVID-19 et :
L’âge : les personnes âgées de 85-89 ans avaient un risque 4 fois plus élevé d’être hospitalisées pour COVID-19 et 38 fois plus élevé de décéder que celles de 45-54 ans. Le sexe : les hommes avaient un risque d’hospitalisation 1,6 fois plus élevé et un risque de décès 2 fois plus élevé que les femmes. Le niveau social : les personnes résidant dans les communes les plus défavorisées avaient un risque d’hospitalisation 1,3 fois plus élevé et un risque de décès 1,5 fois plus élevé que celles des communes les plus favorisées. La prise d’immunosuppresseurs et de corticoïdes : les personnes traitées par immunosuppresseurs avaient un risque d’hospitalisation 3,3 fois supérieur et de décès hospitalier 2,4 fois supérieur et les personnes traitées par corticoïdes un risque d’hospitalisation 2,8 fois supérieur et de décès hospitalier 4,1 fois supérieur par rapport aux personnes ne prenant pas ces traitements. Les 47 affections chroniques : elles étaient positivement associées à des risques accrus d’hospitalisation pour COVID-19 (à l’exception de la dyslipidémie traitée qui était négativement associée) et une majorité d’entre elles à un léger sur-risque de décès.

Parmi les 47 affections chroniques, les associations les plus fortes avec un risque d’hospitalisation ou de décès hospitalier pour COVID-19 étaient retrouvées pour la transplantation rénale (HRa 32,1 [28,0-36,9] et 33,9 [24,2-47,4]), la transplantation du poumon (HRa 13,7 [8,1-23,2] et 11,4 [1,5-88,5]), l’insuffisance rénale en dialyse (HRa 7,0 [5,9-8,2] et HRa 8,6 [6,3-11,7]), la mucoviscidose (HRa 6,3 [3,4-11,7] et 9,6 [1,3-73,4]), la trisomie 21 (HRa 3,9 [2,1- 7,3] et 45,1 [16,0-127,1]), le retard mental (HRa 3,6 [2,5-5,0] et 3,1 [1,0-10,0]) et le cancer actif du poumon (HRa 3,5 [2,7-4,4] et 6,5 [4,2-10,0]).

De plus, on peut noter que les risques d’hospitalisation et de décès hospitalier pour COVID-19 augmentaient fortement avec le nombre de comorbidités.

En conclusion, cette étude a mis en évidence que le risque résiduel de forme sévère du COVID-19 après un schéma vaccinal complet restait fortement associé à l’âge et à la prise d’immunosuppresseurs ou de corticoïdes oraux. Ce risque augmentait fortement avec le nombre de comorbidités. Les personnes vaccinées sans comorbidité représentaient une faible proportion des hospitalisations pour COVID-19 et des décès. Cela confirme l’importance de la vaccination, mais aussi des mesures de prévention complémentaires pour éviter un risque résiduel de formes sévères de COVID-19 chez les personnes âgées, immunodéprimées et/ou polypathologiques.