À retenir Une étude bordelaise a décrit l’évolution des patients d’un épisode d’IRA (insuffisance rénale aiguë) vers l’IRC (insuffisance rénale chronique) à 5 ans, au regard des différentes trajectoires rénales rencontrées par les patients au décours de l’épisode. Dans cette cohorte de 232 patients, 30% ont développé une IRC. Ceux qui ont une atteinte rénale aiguë (soit ceux qui maintiennent des critères d’IRA pendant plus de 7 jours) ont un risque majoré par rapport aux autres, avec 70% de la cohorte ayant suivi une trajectoire linéaire (IRA puis atteinte rénale aiguë puis IRC). En revanche, 6 mois après l’épisode aigu, l’atteinte rénale aiguë ne constituait plus un facteur de risque significatif. Les auteurs suggèrent que les patients ayant un risque élevé soient orientés vers un néphrologue au décours de la sortie des soins intensifs afin de proposer une prise en charge adaptée. Pourquoi est-ce important ?
L'insuffisance rénale aiguë (IRA) est une complication fréquente chez les patients admis en soins intensifs, mais les trajectoires des patients en termes d’évolution ultérieure et de conséquences à long terme de cet évènement ne sont pas parfaitement décrites. Le concept d’atteinte rénale aiguë a été récemment proposé pour décrire une période de grande vulnérabilité après une IRA. Il correspond au maintien des critères d’IRA pendant plus de 7 jours et peut favoriser le développement d’une insuffisance rénale chronique (IRC). Parce que les études se penchant avec précision sur les différentes trajectoires possibles sont peu nombreuses, l’étude de suivi à 5 ans menée au CHU Bordeaux apporte des enseignements intéressants.
Méthodologie
Cette étude a été menée à partir de la cohorte recrutée en service de soins intensifs pour participer à l'étude AKIKI (Artificial Kidney Initiation in Kidney Injury) au cours de laquelle tous les patients âgés de 18 ans ou plus, ayant reçu une ventilation mécanique invasive et/ou des catécholamines IV et ayant développé une IRA dans les 48 heures, ont fait l'objet d'un suivi prospectif durant cinq ans.
Principaux résultats
Parmi les 1.190 patients admis durant la période de recrutement, 232 ont développé une IRA de stade 1 et ont été suivis (âge moyen 62 ans, 61% d’hommes, durée de la ventilation mécanique 4 jours). L'IRA était de stade 1, 2 ou 3 pour 27%, 21% et 52% des patients respectivement.
Parmi les 232 patients ayant une IRA, 26% sont décédés dans les 7 jours tandis que 46% ont développé une atteinte rénale aiguë. Par ailleurs, 5% de ceux qui avaient récupéré précocement leur fonction rénale ont développé secondairement une atteinte rénale aiguë. Aussi, 47% de la cohorte a développé une atteinte rénale aiguë dont 38% ont décédé à J90, et 43% ont évolué vers l'IRC.
Et sur l’ensemble de la cohorte, 27% des patients ont développé une IRC et 64% sont décédés.
L'incidence cumulée de l'IRC était de 17% à 1 an et de 30% à 5 ans, avec un taux plus élevé chez ceux ayant eu une atteinte rénale aiguë (44% et 48% respectivement) que chez les autres (9% et 22% ). Par ailleurs, 70% des patients atteints d'IRC ont eu une trajectoire linéaire depuis l'IRA vers l’atteinte rénale aiguë, tandis que 30% d’entre eux ont eu un déclin de la fonction rénale malgré une phase de récupération. Et ceux qui avaient une atteinte rénale aiguë avaient 43 fois plus de risque de développer une IRC à 6 mois que les autres.
L'insuffisance rénale aiguë (IRA) est une complication fréquente chez les patients admis en soins intensifs, mais les trajectoires des patients en termes d’évolution ultérieure et de conséquences à long terme de cet évènement ne sont pas parfaitement décrites. Le concept d’atteinte rénale aiguë a été récemment proposé pour décrire une période de grande vulnérabilité après une IRA. Il correspond au maintien des critères d’IRA pendant plus de 7 jours et peut favoriser le développement d’une insuffisance rénale chronique (IRC). Parce que les études se penchant avec précision sur les différentes trajectoires possibles sont peu nombreuses, l’étude de suivi à 5 ans menée au CHU Bordeaux apporte des enseignements intéressants.
Méthodologie
Cette étude a été menée à partir de la cohorte recrutée en service de soins intensifs pour participer à l'étude AKIKI (Artificial Kidney Initiation in Kidney Injury) au cours de laquelle tous les patients âgés de 18 ans ou plus, ayant reçu une ventilation mécanique invasive et/ou des catécholamines IV et ayant développé une IRA dans les 48 heures, ont fait l'objet d'un suivi prospectif durant cinq ans.
Principaux résultats
Parmi les 1.190 patients admis durant la période de recrutement, 232 ont développé une IRA de stade 1 et ont été suivis (âge moyen 62 ans, 61% d’hommes, durée de la ventilation mécanique 4 jours). L'IRA était de stade 1, 2 ou 3 pour 27%, 21% et 52% des patients respectivement.
Parmi les 232 patients ayant une IRA, 26% sont décédés dans les 7 jours tandis que 46% ont développé une atteinte rénale aiguë. Par ailleurs, 5% de ceux qui avaient récupéré précocement leur fonction rénale ont développé secondairement une atteinte rénale aiguë. Aussi, 47% de la cohorte a développé une atteinte rénale aiguë dont 38% ont décédé à J90, et 43% ont évolué vers l'IRC.
Et sur l’ensemble de la cohorte, 27% des patients ont développé une IRC et 64% sont décédés.
L'incidence cumulée de l'IRC était de 17% à 1 an et de 30% à 5 ans, avec un taux plus élevé chez ceux ayant eu une atteinte rénale aiguë (44% et 48% respectivement) que chez les autres (9% et 22% ). Par ailleurs, 70% des patients atteints d'IRC ont eu une trajectoire linéaire depuis l'IRA vers l’atteinte rénale aiguë, tandis que 30% d’entre eux ont eu un déclin de la fonction rénale malgré une phase de récupération. Et ceux qui avaient une atteinte rénale aiguë avaient 43 fois plus de risque de développer une IRC à 6 mois que les autres.