L’épidémie de Covid-19 a imposé la santé parmi les thématiques incontournables de l’élection présidentielle, et pourrait avoir un impact sur le vote des Français. Tous les candidats promettent un plan de recrutement et de revalorisation des métiers à l’hôpital, et nombreux se disent prêts à limiter l’installation des médecins en zone surdense. Après avoir publié une série d’entretiens avec les conseillers santé de huit candidats à la Présidentielle (à consulter ici), Medscape édition française décortique les programmes santé de huit candidats * et analyse ce qui les rapproche et en quoi ils se distinguent.
Emmanuel Macron imaginait-il, tout juste élu président de la République en mai 2017, qu’il passerait la moitié de son mandat à gérer les conséquences d’une crise sanitaire mondiale ? « Depuis la crise Covid, la santé est devenue l’une des préoccupations personnelles majeures des Français, c’est la première fois qu’elle [la santé] aura une telle importance dans une élection présidentielle », a observé Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos, lors d’un récent débat organisé par les entreprises du médicament (LEEM).
Les 10 et 24 avril prochains, les Français se prononceront aussi, qu’ils le veuillent ou non, pour ou contre la gestion par le gouvernement de l’épidémie de Covid-19 ces deux dernières années. Et ils seront attentifs aux propositions des candidats pour lutter contre les déserts médicaux ou résoudre la crise de l’hôpital public. La crise sanitaire percute de plein fouet cette élection. Elle a aussi contribué à creuser à un niveau jamais atteint le trou de la Sécurité sociale, établi à 24,6 milliards d'euros en 2021. Pas de révolution pour la Sécu Un retour à l’équilibre des comptes sociaux étant exclu avant de longues années, les prétendants à l’Elysée n’ont pas présenté de promesse extravagante de réduction des déficits ou de réforme du modèle français de protection sociale. Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ou Éric Zemmour rejettent l’idée d’une Grande Sécu qui pourrait couvrir les dépenses de santé élémentaires des Français. Fabien Roussel propose au contraire une « grande Sécu du XXIe siècle » avec des soins courants pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, les complémentaires finançant des actions de prévention. Jean-Luc Mélenchon prévoit aussi un « remboursement à 100% de tous les soins de santé prescrits » par la Sécu qui intégrerait les mutuelles. Pour définir les budgets, Anne Hidalgo comme Yannick Jadot veulent partir des besoins de santé et en finir avec l’approche purement comptable des dépenses. Marine Le Pen promet quant à elle d’investir 20 milliards d’euros en cinq ans dans le système de santé dont 15 milliards seraient récupérés sur les fraudes grâce à un ministère dédié ! Tous au chevet de l’hôpital Conscients de la crise que traverse l’hôpital public, de très nombreux candidats se sont prononcés pour un « plan de recrutement massif », quitte à tomber dans la surenchère. Si Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et même Emmanuel Macron n’ont pas avancé de chiffres, Valérie Pécresse a elle annoncé l’embauche de 25.000 soignants en 5 ans à l'hôpital. Éric Zemmour veut, lui, augmenter de 40.000 le nombre de personnels dans les établissements publics, tandis que le communiste Fabien Roussel ou l’écologiste Yannick Jadot évoquent respectivement la « création de 100.000 emplois statutaires à l'hôpital » et le « recrutement de 100 000 infirmiers et infirmières supplémentaires » pendant le prochain quinquennat.
Tous les candidats promettent de revaloriser les salaires des soignants à l’hôpital et ils sont très nombreux à vouloir réformer le financement des établissements de santé. Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent de mettre fin à la tarification à l’activité (T2A). Marine Le Pen veut aussi revenir à un budget sous forme de dotation globale. Éric Zemmour n’a pas l’intention de supprimer mais pondérer la T2A, en mettant en place une dotation par service. Valérie Pécresse veut aussi aménager ce système, en payant mieux les actes intellectuels et certains actes techniques sous-évalués. Emmanuel Macron, lui, reste flou sur ce sujet. Pour un encadrement des installations La crise de la démographie médicale est aussi un sujet de préoccupation majeur des Français. Inquiets aussi, les candidats conviennent qu’il faut augmenter le nombre de médecins à former. Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron sont pour une 4e année d’internat en médecine générale qui serait exercée dans des territoires en manque de médecins. Les prétendants à l’Elysée sont nombreux à remettre en cause la liberté totale d’installation des médecins. Yannick Jadot, Fabien Roussel et Emmanuel Macron suggèrent de réguler l'installation des médecins en stoppant les conventionnements dans les zones surdotées. A contrario, Marine Le Pen veut « réduire les déserts médicaux grâce à des incitations financières fortes, celles existantes, inefficaces, étant supprimées ». Même l’extrême gauche par le passé plus offensive sur le sujet, prend des gants sur la liberté d’installation des médecins. Jean-Luc Mélenchon veut lutter contre les déserts médicaux en favorisant le recrutement des médecins salariés dans le cadre d’un « service public de santé ». Le salariat a la cote aussi chez Fabien Roussel et Éric Zemmour, ce dernier voulant faire embaucher 1.000 médecins par l’État dans des centres de santé. La souveraineté sanitaire en question Au chapitre de la rémunération, seule Valérie Pécresse a promis une substantielle revalorisation de la consultation médicale (de 25 à 30 euros) tandis que les candidats de gauche misent davantage sur de nouveaux forfaits. Éric Zemmour et Marine Le Pen proposent de majorer les tarifs des consultations des médecins qui exerceraient dans une zone sous-dense.
Conséquence de la crise sanitaire, la question d’un retour de la souveraineté nationale a été avancée par plusieurs candidats pour faciliter l’accès aux médicaments ou aux dispositifs médicaux. Et tous s’accordent à dire qu’il faudra considérablement investir dans l’accompagnement du grand-âge après les récentes révélations de maltraitances.
Un sujet fait curieusement défaut dans la plupart des programmes : le numérique en santé fait l’objet de rares propositions des candidats, indépendamment du recours à la téléconsultation, alors que la France aspire à être une nation en pointe dans ce domaine.
*Les 12 candidats à l’élection présidentielle sont : Nathalie Arthaud, Fabien Roussel, Emmanuel Macron, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan.
Cet article a été écrit par Christophe Gattuso et initialement publié sur Medscape. L’épidémie de Covid-19 a imposé la santé parmi les thématiques incontournables de l’élection présidentielle, et pourrait avoir un impact sur le vote des Français. Tous les candidats promettent un plan de recrutement et de revalorisation des métiers à l’hôpital, et nombreux se disent prêts à limiter l’installation des médecins en zone surdense. Après avoir publié une série d’entretiens avec les conseillers santé de huit candidats à la Présidentielle (à consulter ici), Medscape édition française décortique les programmes santé de huit candidats * et analyse ce qui les rapproche et en quoi ils se distinguent.
Emmanuel Macron imaginait-il, tout juste élu président de la République en mai 2017, qu’il passerait la moitié de son mandat à gérer les conséquences d’une crise sanitaire mondiale ? « Depuis la crise Covid, la santé est devenue l’une des préoccupations personnelles majeures des Français, c’est la première fois qu’elle [la santé] aura une telle importance dans une élection présidentielle », a observé Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos, lors d’un récent débat organisé par les entreprises du médicament (LEEM).
Les 10 et 24 avril prochains, les Français se prononceront aussi, qu’ils le veuillent ou non, pour ou contre la gestion par le gouvernement de l’épidémie de Covid-19 ces deux dernières années. Et ils seront attentifs aux propositions des candidats pour lutter contre les déserts médicaux ou résoudre la crise de l’hôpital public. La crise sanitaire percute de plein fouet cette élection. Elle a aussi contribué à creuser à un niveau jamais atteint le trou de la Sécurité sociale, établi à 24,6 milliards d'euros en 2021. Pas de révolution pour la Sécu Un retour à l’équilibre des comptes sociaux étant exclu avant de longues années, les prétendants à l’Elysée n’ont pas présenté de promesse extravagante de réduction des déficits ou de réforme du modèle français de protection sociale. Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ou Éric Zemmour rejettent l’idée d’une Grande Sécu qui pourrait couvrir les dépenses de santé élémentaires des Français. Fabien Roussel propose au contraire une « grande Sécu du XXIe siècle » avec des soins courants pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, les complémentaires finançant des actions de prévention. Jean-Luc Mélenchon prévoit aussi un « remboursement à 100% de tous les soins de santé prescrits » par la Sécu qui intégrerait les mutuelles. Pour définir les budgets, Anne Hidalgo comme Yannick Jadot veulent partir des besoins de santé et en finir avec l’approche purement comptable des dépenses. Marine Le Pen promet quant à elle d’investir 20 milliards d’euros en cinq ans dans le système de santé dont 15 milliards seraient récupérés sur les fraudes grâce à un ministère dédié ! Tous au chevet de l’hôpital Conscients de la crise que traverse l’hôpital public, de très nombreux candidats se sont prononcés pour un « plan de recrutement massif », quitte à tomber dans la surenchère. Si Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et même Emmanuel Macron n’ont pas avancé de chiffres, Valérie Pécresse a elle annoncé l’embauche de 25.000 soignants en 5 ans à l'hôpital. Éric Zemmour veut, lui, augmenter de 40.000 le nombre de personnels dans les établissements publics, tandis que le communiste Fabien Roussel ou l’écologiste Yannick Jadot évoquent respectivement la « création de 100.000 emplois statutaires à l'hôpital » et le « recrutement de 100 000 infirmiers et infirmières supplémentaires » pendant le prochain quinquennat.
Tous les candidats promettent de revaloriser les salaires des soignants à l’hôpital et ils sont très nombreux à vouloir réformer le financement des établissements de santé. Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent de mettre fin à la tarification à l’activité (T2A). Marine Le Pen veut aussi revenir à un budget sous forme de dotation globale. Éric Zemmour n’a pas l’intention de supprimer mais pondérer la T2A, en mettant en place une dotation par service. Valérie Pécresse veut aussi aménager ce système, en payant mieux les actes intellectuels et certains actes techniques sous-évalués. Emmanuel Macron, lui, reste flou sur ce sujet. Pour un encadrement des installations La crise de la démographie médicale est aussi un sujet de préoccupation majeur des Français. Inquiets aussi, les candidats conviennent qu’il faut augmenter le nombre de médecins à former. Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron sont pour une 4e année d’internat en médecine générale qui serait exercée dans des territoires en manque de médecins. Les prétendants à l’Elysée sont nombreux à remettre en cause la liberté totale d’installation des médecins. Yannick Jadot, Fabien Roussel et Emmanuel Macron suggèrent de réguler l'installation des médecins en stoppant les conventionnements dans les zones surdotées. A contrario, Marine Le Pen veut « réduire les déserts médicaux grâce à des incitations financières fortes, celles existantes, inefficaces, étant supprimées ». Même l’extrême gauche par le passé plus offensive sur le sujet, prend des gants sur la liberté d’installation des médecins. Jean-Luc Mélenchon veut lutter contre les déserts médicaux en favorisant le recrutement des médecins salariés dans le cadre d’un « service public de santé ». Le salariat a la cote aussi chez Fabien Roussel et Éric Zemmour, ce dernier voulant faire embaucher 1.000 médecins par l’État dans des centres de santé. La souveraineté sanitaire en question Au chapitre de la rémunération, seule Valérie Pécresse a promis une substantielle revalorisation de la consultation médicale (de 25 à 30 euros) tandis que les candidats de gauche misent davantage sur de nouveaux forfaits. Éric Zemmour et Marine Le Pen proposent de majorer les tarifs des consultations des médecins qui exerceraient dans une zone sous-dense.
Conséquence de la crise sanitaire, la question d’un retour de la souveraineté nationale a été avancée par plusieurs candidats pour faciliter l’accès aux médicaments ou aux dispositifs médicaux. Et tous s’accordent à dire qu’il faudra considérablement investir dans l’accompagnement du grand-âge après les récentes révélations de maltraitances.
Un sujet fait curieusement défaut dans la plupart des programmes : le numérique en santé fait l’objet de rares propositions des candidats, indépendamment du recours à la téléconsultation, alors que la France aspire à être une nation en pointe dans ce domaine.
*Les 12 candidats à l’élection présidentielle sont : Nathalie Arthaud, Fabien Roussel, Emmanuel Macron, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan.
Cet article a été écrit par Christophe Gattuso et initialement publié sur Medscape. Articles similaires Articles similaires
Emmanuel Macron imaginait-il, tout juste élu président de la République en mai 2017, qu’il passerait la moitié de son mandat à gérer les conséquences d’une crise sanitaire mondiale ? « Depuis la crise Covid, la santé est devenue l’une des préoccupations personnelles majeures des Français, c’est la première fois qu’elle [la santé] aura une telle importance dans une élection présidentielle », a observé Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos, lors d’un récent débat organisé par les entreprises du médicament (LEEM).
Les 10 et 24 avril prochains, les Français se prononceront aussi, qu’ils le veuillent ou non, pour ou contre la gestion par le gouvernement de l’épidémie de Covid-19 ces deux dernières années. Et ils seront attentifs aux propositions des candidats pour lutter contre les déserts médicaux ou résoudre la crise de l’hôpital public. La crise sanitaire percute de plein fouet cette élection. Elle a aussi contribué à creuser à un niveau jamais atteint le trou de la Sécurité sociale, établi à 24,6 milliards d'euros en 2021. Pas de révolution pour la Sécu Un retour à l’équilibre des comptes sociaux étant exclu avant de longues années, les prétendants à l’Elysée n’ont pas présenté de promesse extravagante de réduction des déficits ou de réforme du modèle français de protection sociale. Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ou Éric Zemmour rejettent l’idée d’une Grande Sécu qui pourrait couvrir les dépenses de santé élémentaires des Français. Fabien Roussel propose au contraire une « grande Sécu du XXIe siècle » avec des soins courants pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, les complémentaires finançant des actions de prévention. Jean-Luc Mélenchon prévoit aussi un « remboursement à 100% de tous les soins de santé prescrits » par la Sécu qui intégrerait les mutuelles. Pour définir les budgets, Anne Hidalgo comme Yannick Jadot veulent partir des besoins de santé et en finir avec l’approche purement comptable des dépenses. Marine Le Pen promet quant à elle d’investir 20 milliards d’euros en cinq ans dans le système de santé dont 15 milliards seraient récupérés sur les fraudes grâce à un ministère dédié ! Tous au chevet de l’hôpital Conscients de la crise que traverse l’hôpital public, de très nombreux candidats se sont prononcés pour un « plan de recrutement massif », quitte à tomber dans la surenchère. Si Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et même Emmanuel Macron n’ont pas avancé de chiffres, Valérie Pécresse a elle annoncé l’embauche de 25.000 soignants en 5 ans à l'hôpital. Éric Zemmour veut, lui, augmenter de 40.000 le nombre de personnels dans les établissements publics, tandis que le communiste Fabien Roussel ou l’écologiste Yannick Jadot évoquent respectivement la « création de 100.000 emplois statutaires à l'hôpital » et le « recrutement de 100 000 infirmiers et infirmières supplémentaires » pendant le prochain quinquennat.
Tous les candidats promettent de revaloriser les salaires des soignants à l’hôpital et ils sont très nombreux à vouloir réformer le financement des établissements de santé. Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent de mettre fin à la tarification à l’activité (T2A). Marine Le Pen veut aussi revenir à un budget sous forme de dotation globale. Éric Zemmour n’a pas l’intention de supprimer mais pondérer la T2A, en mettant en place une dotation par service. Valérie Pécresse veut aussi aménager ce système, en payant mieux les actes intellectuels et certains actes techniques sous-évalués. Emmanuel Macron, lui, reste flou sur ce sujet. Pour un encadrement des installations La crise de la démographie médicale est aussi un sujet de préoccupation majeur des Français. Inquiets aussi, les candidats conviennent qu’il faut augmenter le nombre de médecins à former. Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron sont pour une 4e année d’internat en médecine générale qui serait exercée dans des territoires en manque de médecins. Les prétendants à l’Elysée sont nombreux à remettre en cause la liberté totale d’installation des médecins. Yannick Jadot, Fabien Roussel et Emmanuel Macron suggèrent de réguler l'installation des médecins en stoppant les conventionnements dans les zones surdotées. A contrario, Marine Le Pen veut « réduire les déserts médicaux grâce à des incitations financières fortes, celles existantes, inefficaces, étant supprimées ». Même l’extrême gauche par le passé plus offensive sur le sujet, prend des gants sur la liberté d’installation des médecins. Jean-Luc Mélenchon veut lutter contre les déserts médicaux en favorisant le recrutement des médecins salariés dans le cadre d’un « service public de santé ». Le salariat a la cote aussi chez Fabien Roussel et Éric Zemmour, ce dernier voulant faire embaucher 1.000 médecins par l’État dans des centres de santé. La souveraineté sanitaire en question Au chapitre de la rémunération, seule Valérie Pécresse a promis une substantielle revalorisation de la consultation médicale (de 25 à 30 euros) tandis que les candidats de gauche misent davantage sur de nouveaux forfaits. Éric Zemmour et Marine Le Pen proposent de majorer les tarifs des consultations des médecins qui exerceraient dans une zone sous-dense.
Conséquence de la crise sanitaire, la question d’un retour de la souveraineté nationale a été avancée par plusieurs candidats pour faciliter l’accès aux médicaments ou aux dispositifs médicaux. Et tous s’accordent à dire qu’il faudra considérablement investir dans l’accompagnement du grand-âge après les récentes révélations de maltraitances.
Un sujet fait curieusement défaut dans la plupart des programmes : le numérique en santé fait l’objet de rares propositions des candidats, indépendamment du recours à la téléconsultation, alors que la France aspire à être une nation en pointe dans ce domaine.
*Les 12 candidats à l’élection présidentielle sont : Nathalie Arthaud, Fabien Roussel, Emmanuel Macron, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan.
Cet article a été écrit par Christophe Gattuso et initialement publié sur Medscape. L’épidémie de Covid-19 a imposé la santé parmi les thématiques incontournables de l’élection présidentielle, et pourrait avoir un impact sur le vote des Français. Tous les candidats promettent un plan de recrutement et de revalorisation des métiers à l’hôpital, et nombreux se disent prêts à limiter l’installation des médecins en zone surdense. Après avoir publié une série d’entretiens avec les conseillers santé de huit candidats à la Présidentielle (à consulter ici), Medscape édition française décortique les programmes santé de huit candidats * et analyse ce qui les rapproche et en quoi ils se distinguent.
Emmanuel Macron imaginait-il, tout juste élu président de la République en mai 2017, qu’il passerait la moitié de son mandat à gérer les conséquences d’une crise sanitaire mondiale ? « Depuis la crise Covid, la santé est devenue l’une des préoccupations personnelles majeures des Français, c’est la première fois qu’elle [la santé] aura une telle importance dans une élection présidentielle », a observé Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos, lors d’un récent débat organisé par les entreprises du médicament (LEEM).
Les 10 et 24 avril prochains, les Français se prononceront aussi, qu’ils le veuillent ou non, pour ou contre la gestion par le gouvernement de l’épidémie de Covid-19 ces deux dernières années. Et ils seront attentifs aux propositions des candidats pour lutter contre les déserts médicaux ou résoudre la crise de l’hôpital public. La crise sanitaire percute de plein fouet cette élection. Elle a aussi contribué à creuser à un niveau jamais atteint le trou de la Sécurité sociale, établi à 24,6 milliards d'euros en 2021. Pas de révolution pour la Sécu Un retour à l’équilibre des comptes sociaux étant exclu avant de longues années, les prétendants à l’Elysée n’ont pas présenté de promesse extravagante de réduction des déficits ou de réforme du modèle français de protection sociale. Emmanuel Macron, Valérie Pécresse ou Éric Zemmour rejettent l’idée d’une Grande Sécu qui pourrait couvrir les dépenses de santé élémentaires des Français. Fabien Roussel propose au contraire une « grande Sécu du XXIe siècle » avec des soins courants pris en charge à 100% par la Sécurité sociale, les complémentaires finançant des actions de prévention. Jean-Luc Mélenchon prévoit aussi un « remboursement à 100% de tous les soins de santé prescrits » par la Sécu qui intégrerait les mutuelles. Pour définir les budgets, Anne Hidalgo comme Yannick Jadot veulent partir des besoins de santé et en finir avec l’approche purement comptable des dépenses. Marine Le Pen promet quant à elle d’investir 20 milliards d’euros en cinq ans dans le système de santé dont 15 milliards seraient récupérés sur les fraudes grâce à un ministère dédié ! Tous au chevet de l’hôpital Conscients de la crise que traverse l’hôpital public, de très nombreux candidats se sont prononcés pour un « plan de recrutement massif », quitte à tomber dans la surenchère. Si Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et même Emmanuel Macron n’ont pas avancé de chiffres, Valérie Pécresse a elle annoncé l’embauche de 25.000 soignants en 5 ans à l'hôpital. Éric Zemmour veut, lui, augmenter de 40.000 le nombre de personnels dans les établissements publics, tandis que le communiste Fabien Roussel ou l’écologiste Yannick Jadot évoquent respectivement la « création de 100.000 emplois statutaires à l'hôpital » et le « recrutement de 100 000 infirmiers et infirmières supplémentaires » pendant le prochain quinquennat.
Tous les candidats promettent de revaloriser les salaires des soignants à l’hôpital et ils sont très nombreux à vouloir réformer le financement des établissements de santé. Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon proposent de mettre fin à la tarification à l’activité (T2A). Marine Le Pen veut aussi revenir à un budget sous forme de dotation globale. Éric Zemmour n’a pas l’intention de supprimer mais pondérer la T2A, en mettant en place une dotation par service. Valérie Pécresse veut aussi aménager ce système, en payant mieux les actes intellectuels et certains actes techniques sous-évalués. Emmanuel Macron, lui, reste flou sur ce sujet. Pour un encadrement des installations La crise de la démographie médicale est aussi un sujet de préoccupation majeur des Français. Inquiets aussi, les candidats conviennent qu’il faut augmenter le nombre de médecins à former. Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron sont pour une 4e année d’internat en médecine générale qui serait exercée dans des territoires en manque de médecins. Les prétendants à l’Elysée sont nombreux à remettre en cause la liberté totale d’installation des médecins. Yannick Jadot, Fabien Roussel et Emmanuel Macron suggèrent de réguler l'installation des médecins en stoppant les conventionnements dans les zones surdotées. A contrario, Marine Le Pen veut « réduire les déserts médicaux grâce à des incitations financières fortes, celles existantes, inefficaces, étant supprimées ». Même l’extrême gauche par le passé plus offensive sur le sujet, prend des gants sur la liberté d’installation des médecins. Jean-Luc Mélenchon veut lutter contre les déserts médicaux en favorisant le recrutement des médecins salariés dans le cadre d’un « service public de santé ». Le salariat a la cote aussi chez Fabien Roussel et Éric Zemmour, ce dernier voulant faire embaucher 1.000 médecins par l’État dans des centres de santé. La souveraineté sanitaire en question Au chapitre de la rémunération, seule Valérie Pécresse a promis une substantielle revalorisation de la consultation médicale (de 25 à 30 euros) tandis que les candidats de gauche misent davantage sur de nouveaux forfaits. Éric Zemmour et Marine Le Pen proposent de majorer les tarifs des consultations des médecins qui exerceraient dans une zone sous-dense.
Conséquence de la crise sanitaire, la question d’un retour de la souveraineté nationale a été avancée par plusieurs candidats pour faciliter l’accès aux médicaments ou aux dispositifs médicaux. Et tous s’accordent à dire qu’il faudra considérablement investir dans l’accompagnement du grand-âge après les récentes révélations de maltraitances.
Un sujet fait curieusement défaut dans la plupart des programmes : le numérique en santé fait l’objet de rares propositions des candidats, indépendamment du recours à la téléconsultation, alors que la France aspire à être une nation en pointe dans ce domaine.
*Les 12 candidats à l’élection présidentielle sont : Nathalie Arthaud, Fabien Roussel, Emmanuel Macron, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan.
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