La synthèse de sept études menées à partir de plus de 100.000 individus de la cohorte nationale NutriNet-Santé démontre que :
La consommation d’AUT (aliments ultratransformés) selon la classification NOVA 4 correspondrait à plus d’un tiers des apports énergétiques des participants ; Une augmentation de la consommation d’AUT accroît le risque de cancer (global et cancer du sein), de maladies cardiovasculaires (globales, coronariennes et cérébrovasculaires), de diabète de type 2, de prise de poids, de surpoids/obésité, de syndrome de l’intestin irritable (SII), de syndrome dépressif et de mortalité.
Quelles pistes d’interprétations mécanistiques ?
Les AUT interrogent la communauté scientifique depuis plusieurs années. Il s’agit de produits alimentaires dont la matrice a subi d’importants procédés de transformation (extrusion, friture, hydrolyse, chauffage à très haute température, …) pouvant conduire à des composés potentiellement toxiques. Les additifs ajoutés (colorants, édulcorants, émulsifiants, …) ou d’autres substances d’origine industrielle ( huiles hydrogénées, amidons modifiés, maltodextrine, protéines hydrolysées, sucre inverti) peuvent favoriser les perturbations métaboliques, les altérations du microbiote intestinal et l’inflammation de bas grade. Enfin, les emballages peuvent favoriser la migration de contaminants.
Méthode
La cohorte nationale NutriNet-Santé suit depuis 2009 des individus recrutés sur la base du volontariat afin d’évaluer les associations entre alimentation et santé. Cette publication regroupe les résultats de sept études réalisées à partir de la cohorte NutriNet-Santé ayant évalué les liens entre consommation d’AUT et les risques de cancers, de maladies cardiovasculaires, de mortalité, de diabète de type 2, de prise de poids, de surpoids/l’obésité, de symptômes dépressifs, de troubles fonctionnels digestifs. Les données alimentaires de la cohorte ont été collectées à l’inclusion, puis tous les 6 mois grâce à 3 enregistrements alimentaires de 24h non-consécutifs.
Principaux résultats
Les échantillons retenus pour la synthèse comprenaient majoritairement des femmes (79% en moyenne). La consommation d’AUT représentait environ 36% des apports énergétiques, que ce soit chez les hommes ou les femmes. Les aliments les plus contributeurs à ces apports étaient les produits sucrés (28%), les boissons sucrées (16%), les fruits et légumes ultra-transformés (18%) et les féculents et céréales du petit déjeuner (12%).
Toute augmentation de 10% de la consommation d’AUT était associée à une augmentation significative de :
12% du risque de cancer tous cancers confondus (2.228 cas sur 104.980 participants, durée médiane du suivi 5,0 ans), et de 11% du risque de cancer du sein en particulier après la ménopause. 12% du risque de maladies cardiovasculaires (105.159 participants, suivi médian 5,2 ans), 13% de maladies coronariennes, 11% de maladies cérébro-vasculaires. 0,02 kg/m2 de l’IMC (110.260 participants, suivi médian 4,1 ans), de 11% du surpoids (n=7.063), et de 9% de l’obésité (n=3.066). 25% du risque de développer des troubles fonctionnels digestifs (SII) (33.343 participants, 3.516 SII), 15% du risque de diabète de type 2 (104.707 participants, 821 cas, suivi médian 6,0 ans) 21% du risque de développer des symptômes dépressifs (27.730 participants, 2.221 cas, suivi médian 5,4 ans) ; 14% du risque de mortalité (44.551 sujets de 45 ans et plus, 602 décès, suivi médian 6,6 ans).
Tous ces résultats restaient significatifs après ajustement sur plusieurs marqueurs de la qualité nutritionnelle de l’alimentation.