À retenir Une très large étude populationnelle montre sur un suivi de 8 ans, qu’il existe une association positive entre une consommation de produits contenant des édulcorants artificiels (notamment en aspartam et acésulfame-K) et le risque global de cancer : +13% chez les plus gros consommateurs par rapport à ceux qui n’en consomment pas. L’aspartam est plus spécifiquement associé à une augmentation du risque de cancer du sein (+22%) et de cancer lié à l’obésité (+15%). Ces données sont importantes dans le cadre de la réévaluation actuelle par l'European Food Safety Authority (EFSA) des édulcorants comme additifs alimentaires. Pourquoi est-ce important ?
Les édulcorants artificiels sont fréquemment utilisés par l’industrie alimentaire comme additif alimentaire pour améliorer la palatabilité de certains produits. Bien que controversés, la cancérogénicité des édulcorants est suspectée depuis longtemps sur la base de résultats expérimentaux menés in vitro ou in vivo(principalement sur modèle animal). Il s’agit ici de la seule cohorte prospective ayant évalué l’association entre apport quantitatif en différents édulcorants artificiels provenant de sources alimentaires et le risque de cancer.
Méthodologie
NutriNet-Santé est une cohorte de sujets qui a été initiée en 2019 et qui vise à évaluer les relations entre la nutrition et la santé. L’étude présentée ici a évalué l’association entre l’apport global en édulcorants artificiels (ou des édulcorants artificiels les plus consommés : aspartam [E951], acésulfame-K [E950] et sucralose [E955]) et le risque de cancer. L’apport en édulcorants artificiels issus de l’alimentation a été exploré via les produits consommés (sur la base de leur nom de marque) identifiés sur des enregistrements de la consommation sur 24 heures. Les analyses ont été ajustées sur le sexe, l’âge, l’éducation, l’activité physique, le tabagisme, l’indice de masse corporelle, la taille, la prise de poids durant le suivi, le nombre de relevés alimentaires sur 24 heures, et les apports en énergie, alcool, sodium, acides gras saturés, fibres, sucre, fruits et légumes, aliments complets et produits laitiers.
Principaux résultats
Au global, 102.865 adultes issus de la cohorte française NutriNet-Santé (2009-2021), comprenant 78,5% de femmes et dont l’âge moyen était de 42,2 ans ont été suivis sur une période médiane de 7,8 ans. En moyenne, 5,6 enregistrements de la consommation alimentaire sur 24 heures ont été réalisés par individu. 36,9% des sujets consommaient des édulcorants artificiels.
Les femmes, les jeunes, les fumeurs, les individus qui pratiquaient le moins d’activité physique, les sujets les plus éduqués et les diabétiques étaient plus susceptibles d’être de gros consommateurs de produits contenant des édulcorants artificiels. Ces gros consommateurs avaient également de plus faibles apports énergétiques, consommaient moins d’alcool, d’acides gras saturés, de fibres, de fruits et légumes, de produits à base de céréales complètes et consommaient plus de sel, de sucre de produits laitier, de produits et boissons sucrés et de boissons non alcoolisées. L’aspartam représentait 58% des apports en édulcorants, l’acesulfame-k 29% et le sucralose 10%.
Par rapport à ceux qui en consomment le moins, les plus gros consommateurs d’édulcorants artificiels auraient un risque de cancer (quel qu’il soit) augmenté de 13% (hazard ratio (HR) 1,13 [1,03-1,25], p-tendance = 0,002).
L’aspartame a été associé à une augmentation de 15% du risque de cancer global et de 22% du cancer du sein en particulier (respectivement n=3.358, HR 1,15 [1,03-1,28], p=0,002, et n=979, HR 1,22 [1,01-1,48], p=0,036).
L’acésulfame-K a également été associé à une augmentation globale de 13% du cancer (n=3.358, HR 1,13 [1,01-1,26], p=0,007).
La consommation élevée d’édulcorants artificiels et d’aspartam en particulier est associée à une augmentation respective de 13% et de 15% du risque de cancers favorisés par l’obésité (n=2.023 cas, HR 1,13 [1,00-1,28], p=0,036, HR 1,15 [1,01-1,32], p=0,026). Le modèle étant ajusté sur l’IMC initial et la prise de poids durant le suivi, les associations entre la consommation d’édulcorants et le risque de cancer ne peuvent pas être entièrement expliquées par une prise de poids.
Principales limites de l’étude
La population n’est pas représentative de la population française.
*Les cancers liés à l’obésité sont tous les cancers pour lesquels l’obésité intervient comme facteur de risque ou facteur protecteur (selon le World Cancer Research Fund) : colorectal, estomac, foie, cavité buccale, pharynx, larynx, œsophage, sein, ovaire, endomètre, prostate.
Les édulcorants artificiels sont fréquemment utilisés par l’industrie alimentaire comme additif alimentaire pour améliorer la palatabilité de certains produits. Bien que controversés, la cancérogénicité des édulcorants est suspectée depuis longtemps sur la base de résultats expérimentaux menés in vitro ou in vivo(principalement sur modèle animal). Il s’agit ici de la seule cohorte prospective ayant évalué l’association entre apport quantitatif en différents édulcorants artificiels provenant de sources alimentaires et le risque de cancer.
Méthodologie
NutriNet-Santé est une cohorte de sujets qui a été initiée en 2019 et qui vise à évaluer les relations entre la nutrition et la santé. L’étude présentée ici a évalué l’association entre l’apport global en édulcorants artificiels (ou des édulcorants artificiels les plus consommés : aspartam [E951], acésulfame-K [E950] et sucralose [E955]) et le risque de cancer. L’apport en édulcorants artificiels issus de l’alimentation a été exploré via les produits consommés (sur la base de leur nom de marque) identifiés sur des enregistrements de la consommation sur 24 heures. Les analyses ont été ajustées sur le sexe, l’âge, l’éducation, l’activité physique, le tabagisme, l’indice de masse corporelle, la taille, la prise de poids durant le suivi, le nombre de relevés alimentaires sur 24 heures, et les apports en énergie, alcool, sodium, acides gras saturés, fibres, sucre, fruits et légumes, aliments complets et produits laitiers.
Principaux résultats
Au global, 102.865 adultes issus de la cohorte française NutriNet-Santé (2009-2021), comprenant 78,5% de femmes et dont l’âge moyen était de 42,2 ans ont été suivis sur une période médiane de 7,8 ans. En moyenne, 5,6 enregistrements de la consommation alimentaire sur 24 heures ont été réalisés par individu. 36,9% des sujets consommaient des édulcorants artificiels.
Les femmes, les jeunes, les fumeurs, les individus qui pratiquaient le moins d’activité physique, les sujets les plus éduqués et les diabétiques étaient plus susceptibles d’être de gros consommateurs de produits contenant des édulcorants artificiels. Ces gros consommateurs avaient également de plus faibles apports énergétiques, consommaient moins d’alcool, d’acides gras saturés, de fibres, de fruits et légumes, de produits à base de céréales complètes et consommaient plus de sel, de sucre de produits laitier, de produits et boissons sucrés et de boissons non alcoolisées. L’aspartam représentait 58% des apports en édulcorants, l’acesulfame-k 29% et le sucralose 10%.
Par rapport à ceux qui en consomment le moins, les plus gros consommateurs d’édulcorants artificiels auraient un risque de cancer (quel qu’il soit) augmenté de 13% (hazard ratio (HR) 1,13 [1,03-1,25], p-tendance = 0,002).
L’aspartame a été associé à une augmentation de 15% du risque de cancer global et de 22% du cancer du sein en particulier (respectivement n=3.358, HR 1,15 [1,03-1,28], p=0,002, et n=979, HR 1,22 [1,01-1,48], p=0,036).
L’acésulfame-K a également été associé à une augmentation globale de 13% du cancer (n=3.358, HR 1,13 [1,01-1,26], p=0,007).
La consommation élevée d’édulcorants artificiels et d’aspartam en particulier est associée à une augmentation respective de 13% et de 15% du risque de cancers favorisés par l’obésité (n=2.023 cas, HR 1,13 [1,00-1,28], p=0,036, HR 1,15 [1,01-1,32], p=0,026). Le modèle étant ajusté sur l’IMC initial et la prise de poids durant le suivi, les associations entre la consommation d’édulcorants et le risque de cancer ne peuvent pas être entièrement expliquées par une prise de poids.
Principales limites de l’étude
La population n’est pas représentative de la population française.
*Les cancers liés à l’obésité sont tous les cancers pour lesquels l’obésité intervient comme facteur de risque ou facteur protecteur (selon le World Cancer Research Fund) : colorectal, estomac, foie, cavité buccale, pharynx, larynx, œsophage, sein, ovaire, endomètre, prostate.