Myocardites et péricardites après vaccination anti-COVID-19 : résultats d’une étude française

Rédigé le Mardi 16 Novembre 2021 à 16:37 |



Il est désormais établi que les myocardites et péricardites font partie des effets indésirables potentiels des vaccins anti-COVID-19 à ARN messager des laboratoires Pfizer (Comirnaty®) et Moderna (Spikevax®). Pour caractériser ce risque en France, le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE a conduit une nouvelle étude de pharmaco-épidémiologie basée sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS).

Cette étude cas-témoins a concerné toutes les personnes âgées de 12 à 50 ans hospitalisées en France pour une myocardite ou une péricardite entre le 15 mai et le 31 août 2021. Il a ainsi été comptabilisé 919 cas de myocardites et 917 cas de péricardites qui ont été appariés respectivement à 9.190 et 9.170 témoins de même âge, sexe et département de résidence. Les risques de survenue d’une hospitalisation pour myocardite ou péricardite ont été comparés entre les personnes vaccinées et les personnes non vaccinées.

Un risque augmenté chez les hommes de moins de 30 ans

Cette nouvelle étude confirme l’existence d’un risque peu fréquent de myocardite et péricardite dans les 7 jours suivant une vaccination par Comirnaty® ou Spikevax®, particulièrement chez les jeunes de 12 à 29 ans, avec une fréquence plus élevée chez les hommes.

On peut noter l’évolution clinique généralement favorable de ces cas, avec une durée d’hospitalisation de l’ordre de 2 à 4 jours en moyenne. Sur la période étudiée, aucun décès n’a été rapporté parmi les personnes hospitalisées pour une myocardite ou une péricardite suite à la vaccination.

Un risque supérieur avec Spikevax®

Le risque de myocardite et péricardite apparaît plus élevé avec le vaccin Spikevax®, en particulier après la 2e dose, même si le nombre de cas apparaît peu fréquent au regard du nombre élevé de doses administrées.

Ainsi, chez les jeunes hommes de moins de 30 ans, la 2e dose de Spikevax® serait à l’origine de 132 cas de myocardite supplémentaires par million de doses administrées, tandis que la 2e dose de Comirnaty® serait à l’origine de 27 cas en excès par million de doses.

Ce risque, même s’il est moindre, est également augmenté chez les jeunes femmes de moins de 30 ans chez lesquelles l’excès de cas de myocardite serait de l’ordre de 37 par million de 2e dose de Spikevax® et de 4 par million de 2e dose de Comirnaty.

Concernant le risque de péricardite, il apparaît lui aussi plus marqué après le vaccin Spikevax® chez les personnes de moins de 30 ans, en particulier après la deuxième dose chez les jeunes hommes (18 cas en excès par million de doses) et après la première dose chez les jeunes femmes (6 cas en excès par million de doses).

Cette différence entre les deux vaccins est la raison pour laquelle la Haute autorité de santé (HAS) déconseille l’utilisation du vaccin Moderna chez les moins de 30 ans.

Un rapport bénéfice/risque non remis en cause

Ces nouvelles données de pharmaco-épidémiologie ne remettent pas en cause le rapport bénéfice/risque de ces vaccins contre le COVID-19, dont l'efficacité contre les formes graves est de l'ordre de 90%.