Maladies inflammatoires chroniques : l’évolution du COVID-19 dépend du traitement

Rédigé le Samedi 6 Novembre 2021 à 11:59 |



Selon une étude internationale conduite chez plus de 5.000 personnes atteintes d’une maladie inflammatoire chronique (intestinale, rhumatologique, cutanée), la prise d'un anti-TNF seul est associée à un risque réduit d'hospitalisation ou de décès liés au COVID-19, par rapport à d'autres traitements immunomodulateurs. 

Par ailleurs, lorsque l’anti-TNF était associé à d’autres immunomodulateurs, le risque n’était pas le même, et était notamment accru en combinaison avec azathioprine/6-mercaptopurine. 

Les avantages et risques associés au traitement de l’inflammation chronique doivent être soupesés avec le patient en période pandémique.

L’impact d’un traitement prévalent par anti-TNF sur l’évolution du COVID-19 en cas d’infection par le SARS-CoV-2 reste incertain, car les différentes études publiées dans le domaine des pathologies intestinales ou du psoriasis conduisent à des conclusions contradictoires. Aussi, des chercheurs internationaux ont réalisé une analyse en poolant trois registres internationaux afin de disposer d’une puissance statistique suffisante.

Méthodologie

Les registres GRA ( Global Rheumatology Alliance ), SECURE-IBD ( Secure Epidemiology of Coronavirus Under Research Exclusion for Inflammatory Bowel Disease ) et PsoProtect (psoriasis) ont été exploités : tous les patients adultes atteints d’une pathologie inflammatoire chronique et ayant eu un diagnostic confirmé de COVID-19 entre mars 2020 et février 2021 ont été identifiés. L’évolution de la maladie a été analysée et comparée selon la nature du traitement prévalent de la maladie inflammatoire (anti-TNF seul ou en association, méthotrexate…).

Principaux résultats

Au total, l’étude a inclus 6.077 patients (52,9% d’européens, âge moyen 48,8 ans, 58,6% de femmes). Un anti-TNF était prescrit en monothérapie chez 2.844 d’entre eux. Ces derniers avaient un risque d'hospitalisation ou de décès liés au COVID-19 qui était plus faible que celui des sujets traités par d’autres médicaments : ainsi, comparativement, le risque d'hospitalisation ou de décès était plus élevé chez ceux sous monothérapie de méthotrexate (OR 2,00 [1,57-2,56], p< 0,001), azathioprine/6-mercaptopurine (OR 1,84 [1,30-2,61], p= 0,001) ou inhibiteur de JAK (OR 1,82 [1,21-2,73], p= 0,004). Sur le plan des associations, ceux sous anti-TNF et azathioprine/6-mercaptopurine avaient un risque 1,7 fois plus élevé que ceux sous anti-TNF seul (OR 1,74 [1,17-2,58], p=0,006). En revanche, la différence n’était pas statistiquement significative concernant l’association avec le méthotrexate (OR 1,18 [0,85-1,63], p= 0,33).

Ces différences de pronostic pourraient reposer sur un bénéfice propre des anti-TNF, puisque des taux élevés de TNF lors de l'admission pour COVID-19 ont été associés à un sur-risque de complication ou d’évolution défavorable, ou encore à un effet propre délétère des autres immunomodulateurs utilisés.