Les douleurs post-chirurgicales chroniques sont plus intenses chez les patients qui dorment mal

Rédigé le Mardi 21 Juin 2022 à 11:54 |



Selon une méta-analyse récente, le fait de présenter un sommeil perturbé ou des troubles du sommeil constitue un facteur prédictif de douleurs chroniques post-chirurgicales intenses.

Ces données suggèrent d’évaluer la qualité du sommeil des patients avant une intervention afin d'identifier ceux qui présentent ces risques et qui pourraient bénéficier d’approches préventives ou d’un suivi et d’une prise en charge adaptés.  

Pourquoi est-ce important ?

Les douleurs post-opératoires chroniques (au-delà de 3 mois suivant la chirurgie) concernent 3% à plus de 80% des patients selon la nature de la chirurgie réalisée. De nombreux facteurs de risque ont été identifiés, et ceux qui sont modifiables peuvent faire l’objet d’approches préventives et curatives pharmacologiques ou non pharmacologiques. Les liens bidirectionnels entre qualité du sommeil et douleur sont connus, l’un favorisant l’autre, mais les liens précis avec le risque de douleurs péri- ou post-opératoires n’ont pas été clairement décrits. Aussi, des chercheurs ont souhaité conduire une revue de la littérature et une méta-analyse sur le sujet.

Méthodologie

La revue systématique a inclus les études de cohorte rétrospectives ou prospectives menées chez des adultes, dans lesquelles les troubles du sommeil ont été évalués pendant la période préopératoire et périopératoire et dans lesquelles la douleur et/ou la prise d'opioïdes étaient évaluées au-delà des trois mois suivant l'intervention chirurgicale (tous types de chirurgie considérés). Toutes les études parues sur le sujet en anglais, français, allemand, italien et portugais ont été prises en considération jusqu’à août 2021.

Principaux résultats

La revue a permis d’identifier 21 publications relatives à 18 études (n=8.408, dont 16 prospectives), parmi lesquelles 12 ont pu être incluses dans la méta-analyse (68% de femmes, âge moyen 60,7 ans, taille médiane de l'échantillon n=159, durée du suivi médiane 12 mois.). Les principales interventions chirurgicales était l'arthroplastie totale du genou (7 études), la chirurgie mammaire (3 études), l’arthroplastie totale de la hanche (2 études), et la thoracotomie (2 études).

Un faible effet significatif a été décrit entre les perturbations du sommeil et la présence d’une douleur chronique post-opératoire avec un coefficient de corrélation de r=0,13 ([0,06-0,20], p< 0,01, I2 66,81%). L’analyse distinctes des études ayant utilisé comme critère principal  l’intensité de la douleur d’une part, et la présence d’une douleur (oui/non) d’autre part a montré que le coefficient de corrélation était comparable et significatif lorsque l’on considérait l’intensité mais non la présence d’une douleur. 

Par ailleurs, une autre analyse en sous-groupe montre qu’il y a plus de risque douleurs post-opératoires en cas d’insomnie que d’autres perturbations du sommeil.