Le Sars-Cov-2 réveille des rétrovirus androgènes endormis dans notre génome.

Rédigé le Mercredi 26 Janvier 2022 à 16:17 |



Selon une étude encore en prépublication, une protéine codée par un rétrovirus endogène humain est réactivée par le SARS-CoV-2. Cette dernière serait impliquée dans l'apparition des formes graves de la Covid-19. Environ 1,7 milliard de personnes, soit 22 % de la population mondiale, seraient atteintes de troubles de la santé susceptibles de causer des complications en cas d'infection par le virus Covid-19. C'est le résultat d'une étude mise en ligne par le CDC basée sur des relevés collectés tout au long du mois d'avril 2020 aux États-Unis.   Le SARS-CoV-2 est capable de réactiver des gènes  d'origine rétrovirale, les HERV, en dormance dans le génome humain. Si les HERV ne produisent plus de virions  infectieux, ils ne sont pas pour autant inactifs. En avril 2021, des scientifiques italiens avaient fait le lien entre les cas graves de Covid-19  et la présence de HERV-W ENV, la protéine  d'enveloppe codée par un HERV de type W, dans les lymphocytes  T. La présence de ces cellules est corrélée avec l'inflammation  et la gravité  des symptômes  respiratoires des patients. Mais cette étude ne mettait pas en lumière  le mécanisme qui se cache derrière cette observation. Qui est le responsable de l'activation de HERV-W ?
Une réponse a été proposée le 21 janvier 2022 dans une prépublication, encore en attente de relecture par les pairs, disponible sur medRxiv. Selon les expériences menées par des chercheurs français, espagnols et mexicains, la protéine S du SARS-CoV-2 peut déclencher la transcription  de plusieurs HERV, mais seule la protéine d'enveloppe codée par HERV-W est présente dans les cellules. 
Un rétrovirus endogène humain réactivé par le SARS CoV-2
Cela a été mis en évidence dans une expérience in vitro où les cellules mononuclées du sang ont été infectées avec le SARS-CoV-2 ou seulement la protéine S. Quelques heures après, les lymphocytes T expriment à leur surface la protéine HERV-W ENV. Mais le phénomène ne concerne pas toutes les personnes atteintes de Covid-19. HERV-W ENV n'a été détectée que dans 20 à 30 % des patients atteints testés positifs pour le SARS-CoV-2. En revanche, HERV-W ENV sous forme soluble dans le plasma  a été observée chez tous les patients hospitalisés pour une forme grave de la Covid-19 inclus dans l'étude. Les chercheurs écrivent que « ces données suggèrent qu'un pourcentage de personnes présentant une susceptibilité sous-jacente à une évolution symptomatique et/ou sévère de la maladie pouvait être lié à l'activation d'HERV-W ENV ».
Autre observation qui corrobore les précédentes, les chercheurs ont eu accès à des échantillons de tissus cardiaque, cérébral et pulmonaire de personnes décédées de la Covid-19. HERV-W ENV est présente dans beaucoup de cellules différentes : les macrophages, les lymphocytes, les cellules endothéliales qui forment les vaisseaux sanguins et qui entourent le cœur, les microglies dans le cerveau, ou encore la muqueuse nasale. 
HERV-W ENV pourrait servir à la fois de marqueur biologique des formes graves de la Covid-19  et de cible pour de futurs traitements. Ceux testés actuellement pour la sclérose en plaques  pourraient être intéressants, car une forme d'HERV-W ENV hexamérique semble aussi impliquée dans cette affection. Il reste cependant une question qui n'a pas encore de réponse. HERV-W ENV a été observée dans les lymphocytes, un type cellulaire qui n'exprime ni ACE2 ni TMPRSS2, deux éléments indispensables à l'entrée du SARS-CoV-2 dans la cellule. Dans ce cas précis, il semble utiliser une autre porte  d'entrée, qui reste encore à découvrir.