À retenir
Le suivi prospectif d’une cohorte constituée en Australie au début des années 1960 confirme que la prématurité favorise l'altération de la fonction pulmonaire à l'âge de 53 ans.
Dans cette étude, ceux qui avaient une prématurité importante (âge gestationnel compris entre 28 à 34 semaines) avaient un risque accru de BPCO et une valeur de VEMS ou du rapport VEMS/CVF abaissée à l'âge de 53 ans, a fortiori lorsque le sujet avait des antécédents de tabagisme.
Ces résultats confirment l’idée qu’une grande prématurité peut altérer le développement normal des poumons, et entraîner des anomalies structurelles et fonctionnelles persistantes.
Pourquoi est-ce important ?
On sait que la prématurité est un facteur de risque d’altération de la fonction pulmonaire au début de la vie, notamment au travers de séquelles à long terme. Elle pourrait aussi avoir un effet négatif à plus long terme sur le développement complet du tissu pulmonaire et donc sur la fonction respiratoire. Certaines études suggèrent une association entre la prématurité et les atteintes obstructives lors de l'enfance et l'adolescence mais les preuves d'associations sont plus rares chez l’adulte. Les investigateurs de la cohorte Tasmanian Longitudinal Health Study (TAHS) viennent de conduire ce travail chez des sujets de 53 ans suivis prospectivement depuis l’enfance.
Méthodologie
TAHS est une étude de cohorte prospective menée auprès d'enfants scolarisés de 7 ans, qui a initiée en 1968 en Australie, afin d’étudier les déterminants de l'asthme pédiatrique. Les enfants avaient été suivis et avaient rempli des questionnaires médicaux à l’inclusion puis à intervalles réguliers au cours de la vie. Ici, les données de suivi à 53 ans ont été analysées, à partir d’une cohorte classifiée en fonction de l’âge gestationnel des participants: grande prématurité (28 semaines à <32 semaines), prématurité modérée (32 semaines à <34 semaines), tardive (34 semaines à <37 semaines) et naissance à terme (≥37 semaines).
Principaux résultats
Au total, 1.445 participants ont été inclus dans cette étude (51% de femmes, 46% n’ayant jamais fumé, 39% d’anciens fumeurs, 15% de fumeurs). Parmi eux, la plupart étaient nés à terme (85%), cinq (<1%), 3% et 12% étant nés avec une prématurité sévère, modérée ou tardive. Par ailleurs, 10% avaient un asthme.
La prématurité définie comme grande à modérée était significativement associée à un risque accru de BPCO à l'âge de 53 ans par rapport aux enfants nés à terme (ORa 2,9 [1,1-7,7]) une fois les données ajustées sur le sexe, l'âge, la taille, l'âge de la mère à la naissance, le nombre de frères et sœurs, le tabagisme des parents et le statut socio-économique de la famille.
Par ailleurs, ces deux catégories de naissance prématurée étaient également associées à un rapport VEMS/CVF post-bronchodilatateur plus faible (-2,9% [-4,9 à -0,81]) ainsi qu’à un VEMS et une DLCO plus bas(respectivement -190 ml [-339 à -40] et -0-55 mmol/min/kPa [-0,97 à -0,13]).
Un âge gestationnel plus élevé était significativement associé à un rapport VEMS/CVF plus élevé et à une diminution du risque de BPCO. Les données concernant la prématurité tardive n’étaient pas concluantes.