L’augmentation de l’activité physique est bien associée à une diminution moyenne du risque de cancer colorectal et, a fortiori, de cancer du sein selon une analyse menée après randomisation mendélienne. Concernant ce second site tumoral, la relation était surtout trouvée pour les tumeurs ayant des récepteurs aux estrogènes (ER+), et non pour ceux présentant des récepteurs à la progestérone.
Les consignes relatives à l’activité physique apparaissent donc indispensables dans la stratégie préventive de ces deux cancers.
La relation inverse qui est décrite par plusieurs études entre l’activité physique et le risque de cancer du sein ou colorectal est sujet à plusieurs biais : d’une part, l’activité physique est la plupart du temps déclarée par les participants et non mesurée. Par ailleurs, une faible activité physique est souvent associée à d’autres comportements délétères pour la santé, qui peuvent influencer cette relation, et il est aussi possible que, de façon inverse, ce soit le stade prétumoral qui favorise la moindre pratique physique.
Pour étayer ces résultats, une étude internationale, soutenue par le Centre international de recherche sur le cancer (IARC), parue dans Nature Communications, décrit les données d’une analyse de randomisation mendélienne.
Prendre en compte l’héritabilité de l’activité physique
Les chercheurs ont conduit deux analyses en utilisant respectivement 5 et 10 variants génétiques qui ont été associés à l’héritabilité de l’impact de l’activité physique (mesurée par accéléromètre) dans l’étude Biobank UK. Ils ont ensuite évalué la corrélation entre les données d’activité physique et celles de l’étude d'association génétique pangénomique (GWAS) pour le risque de cancer du sein (consortium BCAC, 228.951 femmes dont 122.977 cas), et celui du cancer colorectal (consortia CORECT, CCFR, et GECCO, 98.715 participants dont 52.775 cas).
Les sous-types de cancer sont différemment influencés
L’augmentation d’un écart-type du niveau d'activité physique était associée à un risque de cancer du sein réduit de 49% (odds ratio 0,51 [0,27 -0,98], p=0,04) et de 41% (0,59 [0,42- 0,84], p=0,003) selon que le modèle statistique utilisait 5 ou 10 variants d’intérêt. Cette association n'a été trouvée que pour les tumeurs présentant des récepteurs aux estrogènes (ER+) (OR 0,45 [0,20-1,01], p=0,054 ou OR 0,53 [0,35 à 0,82], p=0,004 selon les deux modèles).
Concernant le risque de cancer colorectal, une augmentation d’un écart-type du niveau d'activité physique réduisait le risque de 34% ou de 40% (OR 0,66 [0,48-0,90], p=0,01 et OR 0,60 [0,47-0,76], p=2,4.10−5), cette relation restant significative au sein de la seule population féminine. Par ailleurs, cette relation semblait plus spécifique des tumeurs du côlon (OR 0,64 [0,44-0,94], p=0,02) que du cancer rectal.