à guerre en Ukraine affaiblit la sûreté des installations nucléaires de ce pays. L’inquiétude de la population fait émerger, en particulier via les médias grands publics, des questions sur la prise d’iode. De très nombreuses personnes, notamment en Europe centrale, mais pas seulement, ont cherché à s’approvisionner en iode stable. Certes, la prise de celui-ci, encore appelé iodure de potassium, est la meilleure des stratégies pour apporter une radioprotection en cas d’incident nucléaire. Cependant, cette prise d'iode stable doit respecter quelques règles, sur lesquelles certaines instances sanitaires et organismes scientifiques viennent de revenir.
L’iode stable protège de tous les dangers liés à un accident nucléaire.
Faux. Les gaz libérés en cas d’incident nucléaire sont essentiellement constitués de gaz rares inertes (xénon 133, krypton 85), de métaux (césium 137 et strontium 90) et d’iodes radioactifs (iode 131 et 132)1.
Dans ce contexte dramatique, la fixation d’iode radioactif sur la thyroïde peut être la conséquence d’une contamination de l’air, ou de la consommation d’aliments contaminés comme le lait, l’eau ou certains végétaux.2 L’iode stable permet de saturer la thyroïde et de limiter la fixation de l’iode radioactif. Cependant, la prise d’iode stable ne protège pas contre les autres éléments radioactifs, comme le césium 134 ou 137.
Est-on tous égaux face au risque de développer un cancer de la thyroïde en cas de contamination ?
Non. Les risques sont majorés chez les enfants, dont la thyroïde - comme les autres organes - est en développement rapide. Environ 6.500 cas de cancers de la thyroïde ont été identifiés dans la population pédiatrique suite à l’incident de Tchernobyl. Chez les adultes, la thyroïde est mature, le risque de cancer de la thyroïde est donc moins élevé, et les taux de mortalité sont globalement faibles. Ainsi, la protection de la thyroïde par l’iode stable serait surtout utile chez les enfants et les adultes jeunes.2
Les comprimés d’iode peuvent être pris en prévention plusieurs jours avant l’exposition à l’iode radioactif.
Faux. Pour être efficace, l’iode stable doit idéalement être ingéré dans les quelques heures qui précèdent le passage des particules et gaz radioactifs ou à défaut dans les 6 à 12 heures qui suivent1. Une administration répétée d’iode stable en cas d’exposition radioactive prolongée est possible, mais seulement sur recommandations des autorités.2 L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) précise qu’une explosion atomique libère une quantité d’iode radioactif inférieure à un accident de centrale nucléaire. Le bénéfice de la prise d’un comprimé d’iode stable est plus faible.
Est-ce qu’il existe d’iode stable ?des contre-indications à la prise
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) précise qu’ « en l’état actuel des connaissances, en dehors de quelques pathologies immunologiques préexistantes rarissimes, il n’y a pas de contre-indication à l’administration d’iodure de potassium, notamment chez les enfants et adolescents jusqu’à 20 ans et aux femmes enceintes. »3
La posologie d’iode stable est-elle la même pour tous ?2
Non. Les comprimés d’iode stable sont dosés à 65 mg. Les posologies chez l’adulte (si la prise est recommandée) et chez l’enfant sont : Nouveau-né (<1 mois) : 16 mg d’iodure de potassium (équivaut à 1/4 de comprimé) Enfant de 1 mois à moins de 3 ans : ½ comprimé (peut être dissous dans de l’eau, du lait ou un jus de fruit) Enfant de 3 à 12 ans : 1 comprimé de 65 mg Chez l’adulte et l’enfant de plus de 12 ans : 2 comprimés de 65 mg. Absorber de grande quantité d’iode alimentaire permettrait de remplacer la prise d’iode stable.
Faux. Un comprimé d’iodure de potassium dosé à 65 mg apporte 50 mg d’iode. Cela correspond à 500 fois les besoins quotidiens de la thyroïde selon les recommandations de l’OMS. L’apport d’iode en cas d’incident nucléaire doit être rapide et massif pour venir saturer efficacement la thyroïde. Difficile à obtenir par l’alimentation : pour atteindre une saturation équivalente à 50 mg d’iode, « il faudrait manger 25 kg de coquillages, 50 kg de poisson ou 100 kg d’œufs ou de fromage. »2
Pour bénéficier d’iode stable il suffit d’aller dans n’importe quelle officine.4
Faux. Les personnes qui vivent dans un rayon de 20 km autour d’une centrale nucléaire sont invitées à retirer des comprimés d’iode en officine lors de campagnes régulières ou d’emménagement récent. Les entreprises, écoles et établissements recevant du public dans ce périmètre ont également des stocks. Il s’agit là d’une mesure préventive systématique.
Au-delà de ce périmètre, un plan « ORSEC iode » organise la distribution en urgence de comprimés d’iode stable à l’ensemble de la population à partir des stocks d’État prépositionnés chez les grossistes-répartiteurs alertés par Santé Publique France à la demande des autorités nationales ou de l’autorité préfectorale. Les comprimés seraient remis à la population à partir des points de distribution préalablement identifiés dans le dispositif ORSEC iode. Tous les moyens (télévision, radio, véhicules avec haut-parleur…) seraient utilisés pour donner des consignes à la population.
La France a-t-elle assez de stock si cela devenait nécessaire ?
Selon Public Sénat, le Ministre de la santé assure que « l’état des stocks permet de couvrir les besoins de la population. » Un état des lieux est en cours pour s’en assurer.5 L’iodure de potassium en comprimés sécables dosés à 65 mg est fabriqué et mis à disposition par la pharmacie centrale des armées.4
Qui détermine s’il faut prendre de l’iode ?
Aujourd’hui, bien que préoccupante, la situation ne nécessite pas de prendre de l’iode stable en prophylaxie. Plusieurs autorités sanitaires telles que l’IRSN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et l’Agence Internationale d’Énergie Atomique (AIEA) surveillent de près la situation. La prise d’iode stable doit se faire à la demande du préfet de département ou de son représentant.
La délivrance d’iode ne serait pas l’unique mesure à appliquer en cas d’incident nucléaire.
Vrai. En cas d’alerte nucléaire, d’autres mesures seraient à adopter comme se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur, se tenir informé (médias, réseaux sociaux), ne pas aller chercher ses enfants à l’école, limiter ses communications téléphoniques et se préparer à une éventuelle évacuation.6
L’administration d’iode stable ne présente pas de risque.
Faux. Après 40 ans, les inconvénients de la saturation rapide de la thyroïde par de l’iode stable peuvent dépasser les bénéfices. Cette saturation peut en effet favoriser une dérégulation de l’organe avec risque d’hyperthyroïdie, troubles de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, angoisse, bouffées de chaleur. Une hypothyroïdie paradoxale peut également survenir sur le long terme, induisant baisse des fonctions vitales, prise de poids, altération de la peau et troubles de la mémoire.2
Par ailleurs, l’association de l’iode stable à certains traitements nécessite des précautions d’emploi, notamment avec les antiacides (qui diminuent l’absorption digestive de l’iodure de potassium) et les antithyroïdiens de synthèse dont l’efficacité est diminuée en cas de prise concomitante. La prise d’iode stable nécessite une surveillance accrue de la fonction thyroïdienne chez les femmes sous traitement hormonal substitutif. Enfin, la prise concomittante de sel de lithium et d’iode stable majore le risque d’hypothyroïdie et la prise de diurétiques épargneurs de potassium et d’iodure de potassium induit un risque d’hyperkaliémie. Donc la prise d’iode stable n’est pas sans risque chez certains sujets.
Rappelons qu’à ce jour les autorités de santé françaises ne recommandent pas la prise d’iode stable en prévention d’un incident nucléaire lié à la crise ukrainienne.
L’iode stable protège de tous les dangers liés à un accident nucléaire.
Faux. Les gaz libérés en cas d’incident nucléaire sont essentiellement constitués de gaz rares inertes (xénon 133, krypton 85), de métaux (césium 137 et strontium 90) et d’iodes radioactifs (iode 131 et 132)1.
Dans ce contexte dramatique, la fixation d’iode radioactif sur la thyroïde peut être la conséquence d’une contamination de l’air, ou de la consommation d’aliments contaminés comme le lait, l’eau ou certains végétaux.2 L’iode stable permet de saturer la thyroïde et de limiter la fixation de l’iode radioactif. Cependant, la prise d’iode stable ne protège pas contre les autres éléments radioactifs, comme le césium 134 ou 137.
Est-on tous égaux face au risque de développer un cancer de la thyroïde en cas de contamination ?
Non. Les risques sont majorés chez les enfants, dont la thyroïde - comme les autres organes - est en développement rapide. Environ 6.500 cas de cancers de la thyroïde ont été identifiés dans la population pédiatrique suite à l’incident de Tchernobyl. Chez les adultes, la thyroïde est mature, le risque de cancer de la thyroïde est donc moins élevé, et les taux de mortalité sont globalement faibles. Ainsi, la protection de la thyroïde par l’iode stable serait surtout utile chez les enfants et les adultes jeunes.2
Les comprimés d’iode peuvent être pris en prévention plusieurs jours avant l’exposition à l’iode radioactif.
Faux. Pour être efficace, l’iode stable doit idéalement être ingéré dans les quelques heures qui précèdent le passage des particules et gaz radioactifs ou à défaut dans les 6 à 12 heures qui suivent1. Une administration répétée d’iode stable en cas d’exposition radioactive prolongée est possible, mais seulement sur recommandations des autorités.2 L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) précise qu’une explosion atomique libère une quantité d’iode radioactif inférieure à un accident de centrale nucléaire. Le bénéfice de la prise d’un comprimé d’iode stable est plus faible.
Est-ce qu’il existe d’iode stable ?des contre-indications à la prise
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) précise qu’ « en l’état actuel des connaissances, en dehors de quelques pathologies immunologiques préexistantes rarissimes, il n’y a pas de contre-indication à l’administration d’iodure de potassium, notamment chez les enfants et adolescents jusqu’à 20 ans et aux femmes enceintes. »3
La posologie d’iode stable est-elle la même pour tous ?2
Non. Les comprimés d’iode stable sont dosés à 65 mg. Les posologies chez l’adulte (si la prise est recommandée) et chez l’enfant sont : Nouveau-né (<1 mois) : 16 mg d’iodure de potassium (équivaut à 1/4 de comprimé) Enfant de 1 mois à moins de 3 ans : ½ comprimé (peut être dissous dans de l’eau, du lait ou un jus de fruit) Enfant de 3 à 12 ans : 1 comprimé de 65 mg Chez l’adulte et l’enfant de plus de 12 ans : 2 comprimés de 65 mg. Absorber de grande quantité d’iode alimentaire permettrait de remplacer la prise d’iode stable.
Faux. Un comprimé d’iodure de potassium dosé à 65 mg apporte 50 mg d’iode. Cela correspond à 500 fois les besoins quotidiens de la thyroïde selon les recommandations de l’OMS. L’apport d’iode en cas d’incident nucléaire doit être rapide et massif pour venir saturer efficacement la thyroïde. Difficile à obtenir par l’alimentation : pour atteindre une saturation équivalente à 50 mg d’iode, « il faudrait manger 25 kg de coquillages, 50 kg de poisson ou 100 kg d’œufs ou de fromage. »2
Pour bénéficier d’iode stable il suffit d’aller dans n’importe quelle officine.4
Faux. Les personnes qui vivent dans un rayon de 20 km autour d’une centrale nucléaire sont invitées à retirer des comprimés d’iode en officine lors de campagnes régulières ou d’emménagement récent. Les entreprises, écoles et établissements recevant du public dans ce périmètre ont également des stocks. Il s’agit là d’une mesure préventive systématique.
Au-delà de ce périmètre, un plan « ORSEC iode » organise la distribution en urgence de comprimés d’iode stable à l’ensemble de la population à partir des stocks d’État prépositionnés chez les grossistes-répartiteurs alertés par Santé Publique France à la demande des autorités nationales ou de l’autorité préfectorale. Les comprimés seraient remis à la population à partir des points de distribution préalablement identifiés dans le dispositif ORSEC iode. Tous les moyens (télévision, radio, véhicules avec haut-parleur…) seraient utilisés pour donner des consignes à la population.
La France a-t-elle assez de stock si cela devenait nécessaire ?
Selon Public Sénat, le Ministre de la santé assure que « l’état des stocks permet de couvrir les besoins de la population. » Un état des lieux est en cours pour s’en assurer.5 L’iodure de potassium en comprimés sécables dosés à 65 mg est fabriqué et mis à disposition par la pharmacie centrale des armées.4
Qui détermine s’il faut prendre de l’iode ?
Aujourd’hui, bien que préoccupante, la situation ne nécessite pas de prendre de l’iode stable en prophylaxie. Plusieurs autorités sanitaires telles que l’IRSN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et l’Agence Internationale d’Énergie Atomique (AIEA) surveillent de près la situation. La prise d’iode stable doit se faire à la demande du préfet de département ou de son représentant.
La délivrance d’iode ne serait pas l’unique mesure à appliquer en cas d’incident nucléaire.
Vrai. En cas d’alerte nucléaire, d’autres mesures seraient à adopter comme se mettre à l’abri dans un bâtiment en dur, se tenir informé (médias, réseaux sociaux), ne pas aller chercher ses enfants à l’école, limiter ses communications téléphoniques et se préparer à une éventuelle évacuation.6
L’administration d’iode stable ne présente pas de risque.
Faux. Après 40 ans, les inconvénients de la saturation rapide de la thyroïde par de l’iode stable peuvent dépasser les bénéfices. Cette saturation peut en effet favoriser une dérégulation de l’organe avec risque d’hyperthyroïdie, troubles de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, angoisse, bouffées de chaleur. Une hypothyroïdie paradoxale peut également survenir sur le long terme, induisant baisse des fonctions vitales, prise de poids, altération de la peau et troubles de la mémoire.2
Par ailleurs, l’association de l’iode stable à certains traitements nécessite des précautions d’emploi, notamment avec les antiacides (qui diminuent l’absorption digestive de l’iodure de potassium) et les antithyroïdiens de synthèse dont l’efficacité est diminuée en cas de prise concomitante. La prise d’iode stable nécessite une surveillance accrue de la fonction thyroïdienne chez les femmes sous traitement hormonal substitutif. Enfin, la prise concomittante de sel de lithium et d’iode stable majore le risque d’hypothyroïdie et la prise de diurétiques épargneurs de potassium et d’iodure de potassium induit un risque d’hyperkaliémie. Donc la prise d’iode stable n’est pas sans risque chez certains sujets.
Rappelons qu’à ce jour les autorités de santé françaises ne recommandent pas la prise d’iode stable en prévention d’un incident nucléaire lié à la crise ukrainienne.