Grippe 2021-2022 : plus longue, plus tardive et qui a touché davantage les plus jeunes

Rédigé le Vendredi 28 Octobre 2022 à 18:28 |



Les mesures de distanciation pour contrer l'épidemie de Covid ont eu pour conséquence d’ «annuler» l'épidémie de grippe à la saison 2020-2021. La grippe n'a pas pour autant disparu. La saison suivante a été marquée par un retour de la grippe qui s’est distingué toutefois par son caractère tardif et une circulation virale sur une durée plus longue qu'habituellement. A partir des données de surveillance, un article de synthèse publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) décrypte les neuf semaines de l'épidémie atypique de 2021-2022, dont le pic épidémique est survenu exceptionnellement tard, en avril [1].

Une épidémie tardive

L'évolution des épidémies saisonnières de grippe est suivie par un système de surveillance reposant sur différents partenaires en ville et à l'hôpital (réseau Sentinelles, SOS Médecins et Oscour®). L'analyse des données de surveillance a montré que les virus grippaux A(H3N2) et A(H1N1) ont circulé à partir de décembre 2021 (semaine 50) d'abord en Occitanie. La diffusion s'est faite à bas bruit, à un niveau faible, pendant deux mois.

C'est au mois de mars 2022 que l'ensemble des régions françaises métropolitaines a été concerné. Au total, l'épidémie a duré neuf semaines, de la semaine 9 (du 28 février au 6 mars 2022) à la semaine 17 (du 25 avril au 1er mai). Mais il y a une grande hétérogénéité selon les régions : elle a duré sept semaines dans le Grand-Est et les Hauts-de-France et vingt semaines en Occitanie, par exemple.

Le pic épidémique correspond à la semaine 13 (du 28 mars au 3 avril) ou semaine 14, c'est-à-dire en avril, selon les sources de données. Aucune autre épidémie de grippe n’avait atteint son pic aussi tard dans la saison depuis 2010.

Ce sont aussi les enfants de moins de 15 ans qui ont le plus fréquenté les urgences pour cette pathologie. Selon le réseau Oscour®, le nombre de passage pour grippe (18/1000 passages aux urgences) est comparable aux épidémies de 2015-2016 à 2018-2019. En revanche, les enfants de moins de cinq ans représentaient 35 % et ceux âgés de 5 à 14 ans 26 % des passages aux urgences pour grippe. Les enfants de moins de 15 ans étaient représentés sur les saisons 2015-2016 à 2018-2019 dans proportions moins élevées (en moyenne, 31% pour les moins de 5 ans et 17% pour les 5-14 ans).

« Il est possible que l’absence d’épidémie grippale en 2020-2021, entraînant une exposition des enfants en bas âge aux virus grippaux moindre par rapport à ce qui est constaté habituellement, ait contribué à cet impact plus marqué chez les enfants que chez les adultes au cours de la saison 2021-2022, notamment à l’hôpital » écrit Sibylle Bernard-Stoecklin (épidémiologiste, Santé Publique France) dans le BEH.

2022-2023 : renforcer le réflexe vaccination antigrippale des plus fragiles

A l'occasion du coup d’envoi de la campagne de vaccination contre la grippe, le mardi 18 octobre, le ministère de la Santé et de la Prévention, Santé publique France, l’Assurance Maladie et la MSA ont rappelé, via uncommuniqué de presse, l’importance majeure de la vaccination antigrippale et chez les personnes à risque, celles de 65 ans et plus, celles atteintes d’une maladie chronique ou d’une obésité sévère, ou encore les femmes enceintes, pour lesquelles la grippe reste « toujours aussi imprévisible et dangereuse ».

Pour ces organismes, il s'agit de « relever le défi de la double vaccination et [d']inciter les personnes fragiles ainsi que les soignants à se faire vacciner contre la grippe pendant que la campagne de vaccination anti-Covid-19 se poursuit ». De fait, la campagne de vaccination antigrippale se déroule en même temps que celle contre le SARS-CoV-2 qui a débuté le 3 octobre. La crainte: qu'en plus des freins habituels à la vaccination antigrippale, les personnes concernées puissent avoir le sentiment que la vaccination contre le SARS-CoV-2 est prioritaire.

Selon la HAS, l’injection concomitante des deux vaccins est possible, si elle est réalisée sur deux sites d’injection distincts [2]. Si la co-administration n'est pas réalisable, aucun délai particulier n'est à respecter entre les deux vaccinations, ce qui est d'ailleurs le cas pour toute association entre les vaccins contre le Covid- 19 et les autres vaccins du calendrier vaccinal.

Cet article a été écrit par Marine Cygler et initialement publié sur Medscape.