Grève massive aux urgences du CHR Orléans

Rédigé le Lundi 11 Avril 2022 à 18:16 |



La crise du personnel paramédical des urgences du centre hospitalier régional d'Orléans fait boule de neige. Après le droit de retrait exercé par les personnels paramédicaux le 28 mars dernier, ce sont maintenant les médecins urgentistes du CHR qui ont décidé d'un mouvement de grève à partir de ce 7 avril.
« Les urgences ont fermé, il n'y a plus guère que les urgences vitales qui fonctionnent régulées par le Samu », nous confirme Grégory Quinet, secrétaire départemental de Sud-Santé sociaux Loiret et aide-soignant au CHR d'Orléans, joint par Medscape.
Dix jours plus tôt, donc, le lundi 28 mars dernier, 79 des 80 infirmièr.es des urgences et 35 des 45 aides-soignant.es ont été arrêté.es, soit 90% de leurs effectifs  : du jamais vu.
Cause de ce mouvement social historique : les conditions de travail dégradées. De l'aveu même du directeur général du CHR Orléans, Olivier Boyer, il manquerait entre 90 et 100 postes d'infirmièr.es, ce qui aurait eu pour conséquence la fermeture de 150 lits environ.
Résultats : les patients s'accumulent aux urgences, et ne sont plus pris en charge dans les services. Jusqu'au drame : ce lundi 28 mars, une patiente est morte sur un brancard aux urgences.
Cette tragédie a, en grande partie, motivé le droit de retrait des personnels paramédicaux. Et incité le directeur général à déclencher le plan blanc au CHR.
Et la situation n'est pas près de s'arranger, puisque le 4 avril dernier, les personnels paramédicaux n'étaient pas de retour aux urgences : « La plupart des personnels paramédicaux devait reprendre le travail lundi dernier, mais ils ont été prolongés, parce qu'ils sont réellement dans un mauvais état de santé. Le directeur pense que les personnels vont reprendre le travail lundi prochain, mais rien n'est moins sûr, tant les personnels sont en souffrance. » Appel à la réserve sanitaire Pour pallier le manque de personnel, et prendre en charge des urgences avant une réouverture progressive du service, Olivier Boyer a proposé la mise en place d'une structure alternative, qui devait être opérationnelle lundi prochain : « À la dernière réunion avec le directeur, il a été décrété qu'une nouvelle ouverture de lits allait avoir lieu, ce serait des annexes des urgences : ils veulent créer 20 lits avec la participation de la réserve sanitaire. Il semblerait que des médecins, hors médecins urgentistes, soient prêts à contribuer à l'effort pour la mise en place de ce service de pré-SSR, accompagné comme je vous l'ai dit de personnels de la réserve sanitaire, autorisé pour 15 jours par l'ARS. Ce sera effectif dès lundi prochain. La question qui se pose maintenant, auquel on n'a pas apporté de réponse, c'est comment réintégrer le personnel en arrêt maladie ? » Trois revendications des médecins urgentistes non satisfaites Les médecins du service d'urgence ont par ailleurs avancé leurs propres revendications. Selon la République du centre, ils demandaient que chaque service de l'hôpital réserve au moins deux lits pour les patients accueillis aux urgences, qu'une cellule de gestion des lits soit mise en place, et qu'un patient resté plus de 24 heures aux urgences soit pris en charge par le service concerné.
Ces trois revendications n'ayant pas été satisfaites, les médecins urgentistes se sont donc mis en grève ce 7 avril.
Les négociations sont donc actuellement dans un cul-de-sac, et les solutions proposées par la direction sont loin d'être pérennes ou même suffisantes, selon Grégory Quinet : « Nous avons calculé qu'il y a 200 à 300 passages aux urgences, et 36% des gens qui sont en attente d'hospitalisation, il faudrait donc bloquer 40 lits de plus pour les urgences. »
La direction a par ailleurs rejeté les propositions faites par le syndicat Sud Santé sociaux, qui proposait de raccompagner au domicile les patients qui souhaitaient rentrer chez eux, ce qui aurait permis de désengorger en partie le service des urgences : « Nous avons proposé de mettre en place du transport sanitaire la nuit avec les ambulanciers de l'hôpital car les ambulances privées la nuit préfèrent faire du transport SAMU car c'est mieux rémunéré. Cela nous permettrait de renvoyer la nuit 5 ou 6 patients vers leur domicile plutôt que de les garder sur des brancards mais cela nous a été refusé par la direction. »
Une autre proposition du syndicat a cette fois-ci été retoquée par le corps médical : « Nous avons aussi proposé, nous Sud santé, que la chirurgie pédiatrique puisse prendre des enfants jusqu'à 18 ans et non 15 ans, mais les médecins pour le coup ne sont pas d'accord. "
Seule réponse apportée par la direction, selon Grégory Quinet : l'octroi d'heures supplémentaires. « Mais même les personnels qui ont besoin d'argent ne veulent plus faire d'heures supplémentaires, car ils n'ont plus droit qu'à un repos tous les 15 jours, on les fait travailler H24 », ajoute le syndicaliste.
Une pétition en soutien aux équipes des urgences  du CHR d'Orleans a par ailleurs obtenu à ce jour 9500 signatures.
Saturation en Sarthe : fermeture en série des Urgences et activation du plan blanc
A la demande de l’Agence régionale de santé Pays de Loire, les hôpitaux de Sarthe viennent d’activer le plan blanc. Officiellement pour faire face à l’afflux de patients aux urgences adultes et pédiatriques dû aux épidémies de grippe, gastro-entérite et Covid-19 – qui a effectivement augmenté de 45% entre la semaine du 14 mars et semaine du 21 mars. Officieusement en raison de problème récurrent de manque de ressources humaines médicales et paramédicales. Une situation qui conduit à des fermetures en série : le Pôle santé sud du CH du Mans a dû fermer ses urgences jeudi 31 mars 2022 pendant 6 h 30, faute de personnel.  Le mois dernier, les services d’accueil aux urgences de Saint-Calais et de Montval ont fermé ponctuellement. Quant à ceux du Bailleul, ils ont fermé trois jours en ce début d’avril 2022. SL
Cet article a été écrit par Jacques Cofard et initialement publié sur Medscape.