Faut-il élargir le calendrier vaccinal pour soulager les urgences pédiatriques?

Rédigé le Lundi 3 Octobre 2022 à 14:15 |



Le système de santé français est en difficulté depuis plusieurs décennies, notamment pour ce qui concerne la prise en charge des urgences et des soins non programmés. Il nécessite d’être réformé en profondeur mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Pour ce qui concerne la pédiatrie, les experts du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique de la Société française de pédiatrie viennent de publier une recommandation sur ce sujet. Quelle solution à moyen terme ? En pédiatrie, les infections communautaires sont la principale cause de visites non programmées, de visites aux urgences et d’hospitalisations. Selon certains experts de la Société française de pédiatrie, une piste potentielle pour améliorer la situation à moyen terme serait de promouvoir certaines vaccinations qui pourraient avoir un effet très important sur la demande de soins. Quels vaccins doivent être promus ? Les pédiatres de la Société française de pédiatrie plaident pour un élargissement du calendrier vaccinal, avec pour exemples : Les infections à rotavirus sont responsables chaque année en France d’environ 60.000 consultations de médecine générale, 30.000 visites aux urgences et 20.000 hospitalisations, tout cela principalement pendant la période épidémique hivernale, en même temps que l’épidémie de bronchiolite et/ou de grippe. La vaccination contre le rotavirus est désormais recommandée par la Haute autorité de santé à tous les enfants, depuis juillet 2022 : les pédiatres espèrent que le remboursement s’ensuivra rapidement et que cette vaccination fera l’objet de campagnes de communication par les autorités de santé pour atteindre rapidement une couverture vaccinale adéquate. La grippe est également une cause majeure de consultation en ambulatoire, de visites aux urgences et d’hospitalisations, qui est très probablement sous-estimée en pédiatrie à cause de la non spécificité des signes cliniques chez beaucoup de jeunes enfants et parce que les tests diagnostiques rapides ne sont pas faits en pratique quotidienne. La vaccination anti-grippale généralisée avec un vaccin nasal chez les enfants à partir de 2 ans existe déjà au Royaume-Uni et permet d’éviter la contrainte d’une injection annuelle. Cela pourrait considérablement réduire le fardeau de cette maladie (consultations, visites aux urgences, prescriptions d’antibiotiques et formes sévères). La première vague de COVID-19 avec le variant Omicron a été à l’origine d’une augmentation sans précédent des hospitalisations pour COVID-19, notamment chez les enfants de moins de 6 ans. Même si la grande majorité avait rétrospectivement une forme légère, ces traitements s’ajoutent à la charge de travail des unités pédiatriques. L’objectif de la vaccination anti-COVID-19 des enfants n’est pas la prévention des décès ou des séquelles, car ils sont exceptionnels, et avec l’arrivée des variants Omicron il n’est plus attendu d’impact collectif de cette immunisation. L’objectif de cette vaccination est donc maintenant la prévention des hospitalisations pédiatriques, notamment en soins intensifs en cas de PIMS (Pediatric Inflammatory Multisystem Syndrome) ou SDRA (syndrome de détresse respiratoire aiguë). La varicelle est responsable chaque année en France de centaines de milliers de consultations et plus de 3.000 hospitalisations. Le vaccin est disponible depuis près de 30 ans. On peut noter que dans les pays où il est pratiqué en routine, il n’a pas été observé d’augmentation de l’âge d’apparition de la varicelle ni d’augmentation de l’incidence du zona chez les plus âgés. Les infections à méningocoques n’excèdent pas quelques centaines de cas par an en France mais la vaccination est importante car le pronostic dépend de la précocité du diagnostic. Or, les premiers signes peuvent être banals ou atypiques et ce n’est que quand la fièvre aiguë apparaît que les parents peuvent être enclin à consulter en urgence et se heurter au contexte de surcharge du système de santé. La vaccination contre les sérogroupes ACYW est recommandée pour des populations particulières. La vaccination contre le sérogroupe B est recommandée et remboursée en France chez les jeunes enfants depuis juin 2021 mais comme elle n’est pas obligatoire, cela peut apporter de la confusion sur sa réelle importance. La vaccination contre le méningocoque C est obligatoire chez les nourrissons depuis 2018 mais le programme de rattrapage chez les enfants et jeunes adultes est peu mis en œuvre. Avec le rebond d’infections à méningocoques observé depuis le COVID, la vaccination des adolescents et l’extension aux sérogroupes W et Y doivent être envisagées. Le virus respiratoire syncytial (VRS) est la principale cause d’infection respiratoire et d’hospitalisation chez l’enfant. Le nombre de consultations et de visites aux urgences annuelles liées au VRS est estimé à plusieurs centaines de milliers et le nombre d’hospitalisations à plus de 40.000, en France. De nouveaux anticorps monoclonaux et vaccins sont en développement avec des résultats prometteurs