Des chercheurs se sont intéressés, via une revue commentée de la littérature, à l’effet de l’exposome sur l’immunité et en particulier en période de pandémie COVID-19. L’exposome regroupe les déterminants individuels et les expositions environnementales. Leurs données sont également intéressantes dans une perspective de prévention d’autres phénomènes d’infections de masse.
Un premier article s’est intéressé aux rôles potentiels de certains déterminants individuels des modes de vie comme l’activité physique, la gestion du poids et l’alimentation. Celui-ci présente l’impact de l’exposition à la pollution environnementale, au tabagisme et au microbiome intestinal, sur l’inflammation et l’immunité.
Exposition à la pollution environnementale
L’exposition à la pollution atmosphérique favorise le risque d’infection respiratoire. Et des données ont montré qu’à long terme elle entraînait une surexpression de l’ACE2, qui facilite la pénétration du SARS-CoV-2 dans les cellules. L’exposition à la pollution atmosphérique favorise également l’inflammation systémique. La réponse immunitaire post-vaccinale pourrait être affectée par la pollution atmosphérique. Des études sont encore nécessaires pour un meilleur niveau de preuve.
Tabagisme
L’effet de la nicotine sur la fonction immunitaire dans le cadre de l’infection à SARS-CoV-2 a fait l’objet de controverses. Le tabagisme est néfaste sur la fonction pulmonaire et favorise la transmission du SARS-CoV-2 par contact doigt-bouche. Le nombre et l’activité des cellules NK sont diminués chez les fumeurs. Une production accrue de cytokines pro-inflammatoires a été démontrée chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs. Hors COVID, des méta-analyses ont montré que les fumeurs avaient une moins bonne réponse à la vaccination que les non-fumeurs.
Microbiome intestinal
Le microbiome joue un rôle important dans la tolérance immunitaire, l’inflammation et la protection contre les agents pathogènes. Il a également un effet important sur la formation et le développement de composants du système immunitaire. La dysbiose intestinale pourrait favoriser l’inflammation chronique de bas grade. Plusieurs facteurs de l’exposome cités précédemment peuvent influencer le microbiome intestinal reflétant une relation bidirectionnelle. Des interactions intestin-poumon ont été mises en évidence, et cet axe intestin-poumon suggère aux auteurs qu’un microbiome sain favoriserait la prévention des infections respiratoires ou en atténuerait la gravité. Des chercheurs ont mis en évidence une corrélation inverse entre l’abondance en Faecalibacterium prausnitzii (bactérie anti-inflammatoire) et la gravité de la COVID-19. Ces constats laissent supposer que le microbiome intestinal pourrait contribuer à l’ampleur de la maladie potentiellement par la modulation de la réponse immunitaire de l’hôte. De plus, ces chercheurs ont constaté la persistance d’une dysbiose et de symptômes en lien avec la COVID-19, 30 jours après l’infection par SARS-CoV-2. Si un microbiome intestinal sain pourrait, en améliorant l’immunité, impacter la réponse vaccinale, des études sont encore nécessaires pour le confirmer.