Une étude de randomisation mendélienne menée auprès d’une population européenne a montré une relation bidirectionnelle entre le reflux gastro-œsophagien (RGO) et l’asthme : si la présence d’un variant favorisant le RGO augmente le risque d'asthme, celle d’un variant favorisant l'asthme est associée à un risque significatif, mais moindre, de RGO. De la même façon, elle décrit des liens bidirectionnels entre dermatite atopique (DA) et asthme.
Dans cette même étude, le RGO favorisé génétiquement est associé à un risque accru de DA mais la présence de variants favorisant la DA n’influence pas le risque de RGO.
Des études seraient nécessaires pour identifier et caractériser la façon dont ces liens se traduisent sur l'axe intestin-poumon-peau.
Pourquoi est-ce important ?
La coexistence fréquente du RGO et de l’asthme chez un même patient a conduit à rechercher une étiologie génétique et/ou des mécanismes pathogéniques communs entre les deux maladies. On sait ainsi que l’existence d’un RGO augmente le risque d'asthme selon les données observationnelles disponibles. Celles-ci souffrent cependant des limites liées à la transversalité des études dont elles proviennent et du manque de données concernant une potentielle causalité inverse. Cette étude a l’avantage d’utiliser une randomisation mendélienne bidirectionnelle afin d’apprécier la nature de l’association entre ces deux maladies.
Méthodologie
Les données de deux grandes études d'association pangénomique (GWAS) menées sur l'asthme et le RGO, tirées de la UK Biobank ont été utilisées, soit 56.167 cas d’asthme contre 352.255 contrôles, 71.522 cas de RGO contre 261.079 contrôles et 22.474 cas de DA versus 774.187 contrôles.
Principaux résultats
Afin d’évaluer la corrélation génétique entre dermatite atopique et asthme, une première randomisation mendélienne a été menée sur le sujet et a prouvé à la fois que la prédisposition génétique à la DA est associée à une augmentation du risque d'asthme de 34% [1,24-1,45] mais également que la présence d’un variant favorisant l'asthme est associé à un sur-risque de 46% de dermatite atopique [1,34-1,59]. L’asthme génétiquement déterminé favorisait aussi légèrement le risque de RGO (OR 1,06 [1,03-1,09]).
Enfin, un variant génétique prédisposant au RGO augmentait le risque d'asthme de 21% (OR 1,21 [1,09-1,35]) ainsi que celui de dermatite atopique dans le même ordre de grandeur (OR 1,21 [1,07-1,37]). Aucune relation inverse n’a été observée entre la DA et le risque de RGO.