Pourquoi est-ce important ?
Il existe une association étroite entre le trouble dépressif majeur (TDM) et les idées et comportements suicidaires mais l’association temporelle entre l'évolution du premier et la suicidalité n’est pas parfaitement décrite. Or, on sait d’une part qu’il existe un risque d’idéation suicidaire majoré avec le nombre de récidives de TDM et, d’autre part, que la persistance de symptômes atténués lors des rémissions peut favoriser cette suicidalité. Cette étude visait à évaluer la temporalité entre symptômes suicidaires durant la rémission et le comportement des sujets atteints de TDM.
Méthodologie
Cette étude était une analyse secondaire de l'étude DELTA qui avait recruté des patients de 35-65 ans souffrant de troubles dépressifs majeurs récurrents (au moins 2 épisodes) et en rémission depuis au moins 8 semaines. Ils ont été appariés à une cohorte de patients n'ayant jamais souffert de dépression (sur l'âge, le sexe, le niveau d’éducation, le niveau socioprofessionnel et l’origine ethnique). Le suivi prospectif consistait à évaluer les symptômes suicidaires et dépressifs tous les 3-4 mois par autoévaluation et par évaluation médicale, et à apprécier le risque de récidive du TDM durant une période de 2,5 ans.
Principaux résultats
Au total, l’étude a été conduite chez 73 patients appariés à 45 sujets contrôles. La présence de symptômes suicidaires autodéclarés étaient plus élevée chez les sujets TDM que chez les autres (28% vs 2,3% selon les scores IDS-SR30, p=0,002) alors qu’aucune différence n’était observée entre les deux lorsque l’évaluation était faite par un médecin (6,9% vs 2,2% selon les scores HDRS17, p=0,37).
Au cours du suivi, 48% des participants TDM avaient eu au moins une récidive, avec des symptômes suicidaires autodéclarés statistiquement associés au délai de récidive (p=0,026). Aucun facteur de confusion relatif au profil des patients ou leur clinique n'a été identifié. En revanche, les symptômes suicidaires évalués par le clinicien n'étaient pas associés au délai de récidive.
Plus les symptômes suicidaires étaient sévères, plus ils étaient transversalement associés à la sévérité des symptômes dépressif