Cancer du sein : inhibiteur de l’aromatase en pré-ménopause, intérêt sous certaines conditions

Rédigé le Mardi 1 Mars 2022 à 16:09 |



À retenir 

Une méta-analyse de données individuelles s’est intéressée aux bénéfices d’un traitement par inhibiteur de l’aromatase versus un traitement par tamoxifène durant 3 à 5 ans, chez des femmes atteintes de cancer du sein positif au récepteurs aux oestrogènes, prises en charge à un stade précoce de la maladie et ayant subi une suppression de la fonction ovarienne. Les résultats montrent : 

Une réduction significative du risque de récidive de cancer du sein à 5 ans chez les femmes qui ont été traitées par inhibiteurs de l’aromatase (versus tamoxifène) ; 

En revanche, les éventuels bénéfices sur la mortalité nécessiteraient un suivi à plus long terme. 

Pourquoi est-ce important ? 

Au stade précoce du cancer du sein hormono-dépendant, il a été démontré qu’un traitement par tamoxifène (modulateur sélectif des récepteurs aux oestrogènes) réduisait le risque de mortalité à 15 ans d’un facteur 3. Dans le cancer du sein, les inhibiteurs de l’aromatase sont plus efficaces que le tamoxifène chez la femme post-ménopausée du fait de l’inhibition ovarienne. En revanche, ils sont inefficaces en pré-ménopause sans suppression de la fonction ovarienne. D’où l’intérêt de cette étude. 

Méthodologie 

Une méta-analyse de données individuelles a été réalisée à partir d’essais cliniques randomisés ayant comparé des inhibiteurs de l’aromatase (anastrozole, exémestane, létrozole) au tamoxifène durant 3 ou 5 ans de traitement chez des femmes en pré-ménopause ayant un cancer du sein à récepteurs positifs aux oestrogènes (ER+) et ayant subi une suppression ovarienne médicamenteuse ou chirurgicale. 

Principaux résultats 

Les données incluses dans la méta-analyse proviennent de 4 essais cliniques (ABCSG XII, SOFT, TEXT et HOBOE). Au total, 7.030 femmes ayant eu un cancer du sein ER+ entre juin 1999 et août 2015 ont été incluses. Les femmes incluses dans les essais SOFT, TEXT et HOBOE ont été traitées durant 5 ans soit par un inhibiteur de l’aromatase, soit par le tamoxifène, et celles de l’essais ABCG XII durant 3 ans avec l’un ou l’autre des protocoles. Le suivi médian était de 8,0 ans. 

Le taux de récidive de cancer du sein à 10 ans était diminué de 21% dans le groupe ayant reçu un traitement par inhibiteur de l’aromatase par rapport au tamoxifène (risque relatif (RR) 0,79 [0,69-0,90], p=0,0005). Le bénéfice le plus important a pu être constaté sur les quatre premières années, avec une diminution du risque de récidive de 32% (RR à 0,68 [0,55-0,85], p<0,0001). En revanche, la réduction du risque de récidive était semblable entre les deux protocoles de traitement entre 5 et 9 ans ou au-delà de 10 ans. Ni bénéfice, ni perte de bénéfice. La différence de diminution du risque absolu de récidive à 5 ans était de 3,2% (6,9% versus 10,1%). 

Au long terme, cependant, le risque de récidive restait 17% plus faible sous traitement par inhibiteur de l’aromatase (RR 0,83 [0,71-0,97], p=0,018). Pour autant, les analyses n’ont pas permis de mettre en évidence une différence entre les bras de traitement concernant la mortalité toutes causes confondues ou la mortalité liée au cancer (avec ou sans récidive).