À retenir Les proches des patients atteints de syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) pris en charge en réanimation au début de la pandémie en France semblent avoir un surrisque de présenter des signes de stress post-traumatique (SPT) à 90 jours suivant la fin de l’hospitalisation, par rapport à ceux pour qui le SDRA n’était pas lié au COVID-19. La fréquence de l’anxiété et de la dépression était également plus élevée parmi les proches dont les patients avaient eu un SDRA lié au COVID-19. Pourquoi est-ce important ?
On sait que le COVID-19 expose les patients à un risque de SPT, notamment lorsqu’ils ont été hospitalisés, a fortiori en service de réanimation. Mais les familles des patients admis en réanimation pour COVID-19 sévère rencontrent elles aussi un certain nombre de facteurs de stress liés à la limitation des visites, les conditions de prise en charge et de protection individuelle ou le stress associé au pronostic puis aux conséquences médicales, professionnelles et personnelles de la maladie. Aussi, une étude prospective française a été conduite auprès de 23 services de réanimation pour évaluer si ce contexte pouvait conduire à un risque accru de SPT chez les familles.
Méthodologie
Cette étude a été conduite entre janvier et octobre 2020 auprès de 23 unités de réanimation (USI) participant au groupe d’étude FAMIREA dont l’objectif est justement d’évaluer l’impact d’une prise en charge en réanimation d’un patient pour ses proches. L’évaluation du SPT était faite à 90 jours après sortie de l’USI par des psychologues et auprès des membres de famille les plus mobilisés aux côtés du patient pendant l’hospitalisation. Deux scores ont été utilisés, l’un spécifique des troubles du SPT (IES-R coté entre 0 et 88, significatif pour une valeur ≥22) et le second de la dépression et de l’anxiété (HADS coté de 0 à 21, significatif pour une valeur ≥7). Les données recueillies ont été comparées entre ceux qui avaient un proche atteint d’un syndrome de détresse respiratoire aigu lié au COVID-19 et ceux dont le proche n’avait pas de COVID-19.
Principaux résultats
Au total, 307 patients et 602 proches éligibles ont accepté de participer. Parmi ces derniers, 517 ont répondu aux questionnaires : ils étaient ainsi 143 (28%) à présenter des symptômes de SPT. Ces symptômes étaient significativement plus fréquents lorsque le patient avait été atteint de COVID-19 vs les autres (35% vs 19%, différence 16% [8-24], p<0,001).
De la même façon, la fréquence de l’anxiété et de la dépression était plus élevée dans le groupe COVID-19 que dans l’autre groupe (41% vs 34%, p=0,05 et 31% vs 18%, p<0,001).
Au total, 26% des proches interrogés ont été confrontés au décès du patient dans les 90 jours, sans différence statistique entre les deux groupes. Cependant, la prévalence des symptômes de SPT était supérieure chez ceux du groupe COVID-19 (63% vs 39%, p=0,008). Il faut noter que dans ce dernier groupe, ils étaient plus nombreux à ne pas avoir pu assister aux funérailles et à avoir déclaré que les funérailles ne s'étaient pas déroulées comme prévu.
Selon l’analyse multivariée, le fait d’avoir un SDRA lié au COVID-19 était significativement associé à un risque accru de symptômes de SPT chez les membres de la famille par rapport à ceux pour lesquels le patient avait un SDRA non COVID-19 (OR, 2,05 [1,30 -3,23]). Les proches de sexe masculin et les plus jeunes avaient moins de risque d’être concernés, tout comme ceux qui avaient un niveau élevé de soutien social.
On sait que le COVID-19 expose les patients à un risque de SPT, notamment lorsqu’ils ont été hospitalisés, a fortiori en service de réanimation. Mais les familles des patients admis en réanimation pour COVID-19 sévère rencontrent elles aussi un certain nombre de facteurs de stress liés à la limitation des visites, les conditions de prise en charge et de protection individuelle ou le stress associé au pronostic puis aux conséquences médicales, professionnelles et personnelles de la maladie. Aussi, une étude prospective française a été conduite auprès de 23 services de réanimation pour évaluer si ce contexte pouvait conduire à un risque accru de SPT chez les familles.
Méthodologie
Cette étude a été conduite entre janvier et octobre 2020 auprès de 23 unités de réanimation (USI) participant au groupe d’étude FAMIREA dont l’objectif est justement d’évaluer l’impact d’une prise en charge en réanimation d’un patient pour ses proches. L’évaluation du SPT était faite à 90 jours après sortie de l’USI par des psychologues et auprès des membres de famille les plus mobilisés aux côtés du patient pendant l’hospitalisation. Deux scores ont été utilisés, l’un spécifique des troubles du SPT (IES-R coté entre 0 et 88, significatif pour une valeur ≥22) et le second de la dépression et de l’anxiété (HADS coté de 0 à 21, significatif pour une valeur ≥7). Les données recueillies ont été comparées entre ceux qui avaient un proche atteint d’un syndrome de détresse respiratoire aigu lié au COVID-19 et ceux dont le proche n’avait pas de COVID-19.
Principaux résultats
Au total, 307 patients et 602 proches éligibles ont accepté de participer. Parmi ces derniers, 517 ont répondu aux questionnaires : ils étaient ainsi 143 (28%) à présenter des symptômes de SPT. Ces symptômes étaient significativement plus fréquents lorsque le patient avait été atteint de COVID-19 vs les autres (35% vs 19%, différence 16% [8-24], p<0,001).
De la même façon, la fréquence de l’anxiété et de la dépression était plus élevée dans le groupe COVID-19 que dans l’autre groupe (41% vs 34%, p=0,05 et 31% vs 18%, p<0,001).
Au total, 26% des proches interrogés ont été confrontés au décès du patient dans les 90 jours, sans différence statistique entre les deux groupes. Cependant, la prévalence des symptômes de SPT était supérieure chez ceux du groupe COVID-19 (63% vs 39%, p=0,008). Il faut noter que dans ce dernier groupe, ils étaient plus nombreux à ne pas avoir pu assister aux funérailles et à avoir déclaré que les funérailles ne s'étaient pas déroulées comme prévu.
Selon l’analyse multivariée, le fait d’avoir un SDRA lié au COVID-19 était significativement associé à un risque accru de symptômes de SPT chez les membres de la famille par rapport à ceux pour lesquels le patient avait un SDRA non COVID-19 (OR, 2,05 [1,30 -3,23]). Les proches de sexe masculin et les plus jeunes avaient moins de risque d’être concernés, tout comme ceux qui avaient un niveau élevé de soutien social.