Pourquoi est-ce important ?
Chez les enfants, la désensibilisation orale aux allergies à l’arachide existe, mais elle est associée à un risque d’événements gastro-intestinaux et anaphylactiques. Aussi, il est intéressant de disposer d’approches alternatives et plus sûres qui pourraient être utilisées dans ce cadre. Récemment une approche de désensibilisation transdermique par patch a été développée et les données acquises chez les enfants de 4 à 11 ans sont satisfaisantes. Elle permet de passer d’une échelle de quelques milligrammes via la désensibilisation orale, à quelques nanogrammes dans le cas des patchs. Cette étude visait à apprécier l’efficacité et la sécurité de ces patchs chez des enfants de moins de 1 à 3 ans, un âge auquel la résolution naturelle des allergies est la plus forte.
Méthodologie
Cette étude multicentrique de phase 3 a recruté des enfants de 1 à 3 ans qui avaient une allergie à l'arachide diagnostiquée par un médecin, caractérisée par un taux d'IgE spécifiques >0,7 kUA/L, un prick test positif (diamètre >6 mm) et une provocation orale déclenchée pour une dose de protéines d'arachide ≥300 mg. Les enfants ont ensuite été randomisés (2:1) entre un patch arachide et un patch placebo, chacun devant être appliqué quotidiennement sur la zone interscapulaire pendant 12 mois. Le premier patch était appliqué sous surveillance médicale de 3 heures.
Le critère principal d’évaluation était le taux de patients répondeurs après 12 mois de traitement, la réponse étant défini comme des patients atteignant une dose de déclenchement de ≥300 mg de protéines d'arachide après 12 mois si la dose initiale de déclenchement était ≤10 mg, ou ≥1.000 mg de protéines lorsque la dose initiale de déclenchement étant >10 mg.
Principaux résultats
Au total, l’étude a inclus 362 enfants (68,8% de garçons, âge médian 2,5 ans, 63,3% d’enfants blancs). L’adhésion au traitement a été élevée (97%).
À 12 mois, le critère principal d’évaluation a été rempli par 67% des enfants du groupe patch actif contre 33,5% du groupe placebo, soit une différence de 33,4% ([22,4-44,5], p<0,001). La dose de déclenchement a augmenté de 900 mg dans le groupe patch actif contre 0 mg dans le groupe placebo. De même, les enfants du premier groupe ont été 64,2% à avoir un déclenchement à 12 mois pour une dose >1.000 mg, contre 29,6% dans le groupe placebo. Ces observations allaient de pair avec une réduction du taux d’IgE dans le groupe actif.
En matière de tolérance, des événements indésirables au site d’application ont été rapportés pour 98% et 90,7% des groupes patch actif et placebo. Il s’agissait surtout d’érythème, de prurit et de transpiration au site d’application d’intensité légère à modérée. Un patient du groupe expérimental a eu des phénomènes cutanés sévères (grade 4, érythème et vésicules). Enfin, une anaphylaxie a été rapportée chez 7,7% et 3,4% des patients sous patch actif et de ceux sous placebo. Au total, quatre de ces cas étaient liés au traitement dans le premier de ces groupes.
Au cours des 12 mois de l’étude, 13 expositions accidentelles à l’arachide ont été dénombrées parmi le groupe patch actif et 15 dans le groupe placebo. Ils se sont traduits par 5,3% et 1,2% de réactions allergiques et anaphylactiques dans le premier groupe, contre 10,2% et 2,5% dans le second.
Principales limitations
La cohorte recrutée ne permet pas de généraliser à toute la population pédiatrique de même âge : en effet, les enfants ayant des antécédents d’anaphylaxie ont été exclus et étaient d’origine ethnique peu diversifiée.
Financement
L’étude a été sponsorisée par DBV technologies.